Le genre Leonotis appartient à la Famille des Lamiacées et comprend une douzaine d’espèces qui sont originaires, principalement, de l’Afrique du sud et de l’est.
Le terme générique Leonotis est dérivé des termes Grecs “leōn” et “ous” et signifie “l’Oreille du Lion”.
Leonotis nepetifolia
Leonotis nepetifolia est originaire de l’Afrique tropicale et de l’Inde du sud. Cette espèce s’est naturalisée dans la plupart des zones tropicales de la planète. Elle peut atteindre trois mètres de hauteur. Ses fleurs sont principalement de couleur orange mais elles peuvent, également, être rouge, violettes, jaunes ou blanches. Cette espèce annuelle – qui croît très aisément dans les zones tempérées – est très prisée d’une pléthore de pollinisateurs dont les colibris.
Ses usages médicinaux, par les Peuples Africains, ont été répertoriés en Uganda, au Kenya, au Congo, au Rwanda, au Nigeria, en Tanzanie, en Afrique du sud, au Gabon, au Tchad, au Cameroun…
En Afrique, cette espèce porte différents noms : “Igicumucumu”, “Umusonga”, “Umutongotongo”, “Akanyamapfundo”, “Umucumucumu”…
Il en existe deux sous-espèces : Leonotis nepetifolia sp. nepetifolia (avec une pubescence orange sur les fleurs) et Leonotis nepetifolia sp. africana ( avec une pubescence jaune sur les fleurs).
Leonotis nepetifolia – le Leonotis à feuilles de Nepeta – est dénommé “Klip Dagga” ou bien “Shandilay” dans les Caraïbes ou bien encore “Granthiparani” en Inde. Le terme “Dagga” est dérivé du terme “Dachab” utilisé par les Khoikhoi – un peuple nomade de chasseurs-cueilleurs d’Afrique du sud et de Namibie – pour désigner le cannabis.
Leonotis nepetifolia a été fumé, traditionnellement, seul ou en mélange avec du tabac, comme substitut du cannabis. Il possède, en effet, des propriétés légèrement euphoriques. C’est également une plante comestible : les fleurs sont cuites avec de la verdure ou sucées, à leur base, par les enfants en quête de nectar sucré.
Il contient de la léonurine, un alcaloïde, qui a été isolé des espèces des genres Leonotis et Leonurus – telles que Leonurus cardiaca et Leonurus sibiricus [4] – ainsi que d’autres espèces de la Famille des Lamiacées.
Des études récentes ont mis en valeur les propriétés cardioprotectrices, hypotensives, utérotoniques et neuroprotectrices de l’alcaloïde léonurine. [1] Elles démontrent que la léonurine améliore les lésions athérosclérotiques, et les dysfonctionnements vasculaires, en supprimant les facteurs inflammatoires et le stress oxydant. [2] [3]
Leonotis nepetifolia a, traditionnellement, été utilisé pour soigner la malaria, l’épilepsie, les fièvres, les maux de tête, les désordres gastro-intestinaux, la dysenterie et les morsures de serpents. Il permet, en fonction des doses, de stimuler ou de supprimer la menstruation – et même de provoquer l’avortement. Des décoctions de la plante entière ont été utilisées comme diurétique et pour nettoyer l’utérus. C’est également un tonicardiaque pour traiter les problèmes cardiaques induits par l’anxiété et l’hypertension – telles que la tachycardie. Il possède des propriétés antinoceptives, sédatives, anti-hypoglycémiques et anti-inflammatoires. Il est utilisé, ainsi, pour l’arthrite et pour le diabète. [14]
Leonotis nepetifolia est, même, dénoncée comme plante invasive dans certaines contrées – ce qui nous la rend d’autant plus sympathique !
En Inde, Leonotis nepetifolia est un important remède de la Pharmacopée Ayurvédique – ainsi que des Pharmacopées Unani et Siddha. [17] Il est dénommé “Granthiparani” en Sanskrit, “Hejurchei” et “Gathivan” en Hindi, “Ranabheri” en Telugu.
Leonotis nepetifolia fut, par exemple, mentionné dans le Traité Médical du 16 ème siècle, le “Bhāvaprakāśanighaṇṭu”.
Il y est utilisé comme analgésique et pour soigner l’asthme, la diarrhée, les fièvres, les grippes et la malaria, les problèmes rénaux, les rhumatismes, la dysménorrhée, la paralysie, les infections cutanées, les brûlures, les mammites, la toux, l’eczéma, la malaria, les vers intestinaux, les morsures de scorpions, la jaunisse, les nausées de grossesse .
Leonotis nepetifolia est dénommé “Barchi Buti” pour son nom commercial en tant que remède Ayruvédique. Il entre dans la composition de divers complexes médicinaux tels que “Brihat Guduchi taila”, “Himasagar taila”, “Nakula taila” et “Mritasanjivani sura”.
Le “Mritasanjivani sura”, par exemple, contient plusieurs dizaines d’espèces médicinales et est réputé comme aphrodisiaque et comme tonique pour remédier au manque d’appétit, pour soigner la gastro-entérite, les fièvres, le choléra, les problèmes digestifs et pour renforcer l’énergie vitale. [5]
Voici quelques usages ethnobotaniques répertoriés en Inde. La plante entière, réduite en cendres, est utilisée, en application externe, pour traiter les paralysies – dans l’Odisha. Un cataplasme est préparé à partir des semences et inflorescences pour soigner les brulures. Un cataplasme est préparé à partir des inflorescences et d’huile d’arachide pour soigner les blessures. Un cataplasme est préparé à partir des feuilles pour soigner l’eczéma – dans le Tamil Nadu. La plante entière, réduite en cendres, est utilisée, en application externe, avec de l’huile de moutarde, pour soigner les gonflements articulaires ainsi que les mammites puerpérales – dans l’Andhra Pradesh. Les feuilles pulvérisées sont frottées sur les morsures de scorpion. Une décoction de la plante entière est utilisée pour traiter les douleurs articulaires. Une décoction des tiges et inflorescences est utilisée pour traiter la jaunisse. La plante entière est utilisée pour traiter la diarrhée et les problèmes menstruels. Un triturât des inflorescences cuit dans du ghee est prescrit pour la toux. La Tribu des Gonds, dans l’Andhra Pradesh, utilise les racines pour traiter les nausées et vomissements des femmes enceintes. [14] [18]
Leonotis nepetifolia possède une activité anti-bactérienne à l’encontre de Pseudomonas aeruginosa, Bacillus subtilis, Klebsiella pneumoniae, Escherichia coli, Acinetobacter baumanii, Shigella flexneri, Shigella dysenteriae, Micrococcus luteus, Enterococcus faecalis, Helicobacter pylori, Vibrio cholerae, Streptococcus epidermidis et Staphylococcus aureus.
Il possède une activité larvicide à l’encontre d’Artemia salina et une activité insecticide à l’encontre du Charançon du riz (Sitophilus oryzae). [24] Il possède une activité, également, à l’encontre de l’aflatoxine produite par des champignons tels qu’Aspergillus flavus et Aspergillus parasiticus. [8] [27]
Il possède, de plus, une activité à l’encontre des dermatophytes : Trichophyton rubrum, Trichophyton mentagrophytes, Microsporum gypseum et Epidermophyton floccosum. [9] Il possède, également, une activité anti-fongique à l’encontre de Candida albicans [10] ainsi qu’à l’encontre de Phoma exigua – un champignon attaquant les cultures de haricots et autres Fabacées ainsi que les cultures de coton. [28]
L’huile essentielle de Leonotis nepetifolia possède une activité anti-fongique à l’encontre d’Aspergillus flavus, Aspergillus niger, Aspergillus fumigatus, Microsporum nanum, Microsporum gypseum et Trichophyton mentagrophytes. [26]
Plusieurs dizaines d’études pharmacologiques récentes [6] ont mis en exergue ses propriétés anti-microbiennes [20] [23], anti-spasmodiques [19], anxiolytiques, anti-carcinogéniques [11], analgésiques, anti-diarrhéiques, anti-diabétiques [10], anti-plasmodiales [12] [29], anthelmintiques [22] [25], analgésiques [30], vulnéraires [16], anti-inflammatoires [13], hépato-protectrices [21] et anti-oxydantes.
Leonotis nepetifolia contient des alcaloïdes (léonurine et stachydrène), des iridoïdes (mussénoside, ixoside, acide géniposidique), des glycosides iridoïdes (léonuride, léonuridine), des glycosides phényléthanoides (actéoside, martinoside, lavandulifolioside), des flavonoïdes (rutine, quercétine, hyperoside, apigénine, morine, kaempférol, naringénine, cirsiliol), des diterpènes labdanes (léonotinine, léonotine, dubiine, népétéfoline, népétéfuran et népétéfolinol), des diterpènes bis-spirolabdanes (léonépétéfoline A, B, C, D et E, etc) [31], des coumarins, de l’acide labdanique, de l’acide labalénique, des stérols (stigmastérol). [6]
Les lecteurs intéressés par les qualités médicinales de cette panacée, que constitue le Leonotis nepetifolia, sont invités à se reporter aux tableaux très exhaustifs confectionnés par le blog “La Vie Rebelle” qui présentent, sur une douzaine de pages – et en Français – les Usages Traditionnels de Leonotis nepetifolia en Afrique et dans diverses régions de l’Inde – avec exactement les parties de la plante utilisées en fonction des diverses et nombreuses pathologies traitées par cette Plante Médicinale Maîtresse. [32]
Leonotis leonurus
Leonotis leonurus est originaire des savanes humides de l’Afrique du sud. C’est une espèce vivace qui requiert une très longue saison de croissance – au contraire de Leonotis nepetifolia qui est une espèce annuelle très rapide de croissance et très adaptable quant aux biotopes où elle puisse prospérer.
Il est aisé de distinguer Leonotis leonurus de Leonotis nepetifolia. Tout d’abord, les feuilles de Leonotis leonurus sont longiformes tandis que celles de Leonotis nepetifolia sont en forme de spatule. Ensuite, la couronne de réceptacles de graines de Leonotis nepetifolia est très pointue et piquante – et même potentiellement blessante si prise à pleines mains – tandis qu’elle ne l’est pas du tout chez Leonotis leonurus.
Leonotis leonurus peut atteindre 3 m de hauteur et 1m50 de largeur. Ses fleurs sont principalement de couleur orange mais elles peuvent, également, être jaunes ou blanches. Elle croît jusqu’à 2000 mètres d’altitude et est très résistante au froid et même aux gelées.
Leonotis leonurus – le Leonotis à la queue de lion – est dénommé “Wild Dagga” en Afrique du sud. Chez les Peuples Xhosa, elle est dénommée “umFincafincane”, “utywala-bengcungcu”, “umunyamunya” et “imVovo”. Chez les Peuples Zulu, elle est dénommée “umCwili”, “imunyane”, “utshwala-bezinyoni” et “umFincafincane”.
Les fleurs contiennent un nectar sucré très apprécié des oiseaux nectivores de la Famille des Nectariniidées. C’est l’espèce favorite (pour la nourriture de leurs larves) du papillon Cacyreus lingeus de la Famille des Lycaenidées – un cousin du Brun des Pélargoniums (Cacyreus marshalli) qui s’est naturalisé en Europe et qui adore dévorer les Pélargonium dans les jardins.
Les fleurs sont sucées, à leur base, par les enfants en quête de nectar sucré.
Leonotis leonurus a, traditionnellement, été utilisé, par les Peuples Africains, pour traiter les morsures de serpents, les furoncles, les maux de tête, les blessures, les bronchites, l’hypertension artérielle, les refroidissements, l’asthme, les grippes, les douleurs pectorales, l’épilepsie, les douleurs menstruelles, la constipation, les problèmes des reins et de la vessie, la lèpre, l’arthrite, l’obésité, les rhumatismes, les cancers. [34] [35] [41]
Les feuilles sont utilisées pour soigner l’eczéma et les démangeaisons cutanées. La décoction des tiges est prescrite comme purificateur du sang. [33] Une infusion des semences, des feuilles, des tiges et des inflorescences est prescrite comme tonique pour soigner les morsures de serpents et de scorpions, les piqures de guêpes, la tuberculose, la diarrhée, le diabète, les crampes musculaires, l’hépatite, l’hypertension artérielle, la jaunisse et la dysenterie. [36] Les feuilles sont fumées pour soulager l’épilepsie et les maux de tête. Des infusions sont utilisées pour traiter l’obésité, les hémorroïdes et comme diurétique. Des infusions de feuilles sont utilisées pour traiter la dysenterie, la toux et les rhumes – soit oralement soit en lavements.
Chez le Peuple Xhosa, des décoctions des racines sont utilisées pour les morsures de serpents ; des décoctions de la plante entières sont prescrites pour les hémorroïdes. Chez le Peuple Nama, des décoctions des tiges et des semences – ou des cataplasmes confectionnées à partir des feuilles pulvérisées – sont utilisés pour les maux de tête.
Certains guérisseurs Africains mâchent la plante avant de mordre leurs patients jusqu’au sang afin de faire pénétrer la médecine.
Les feuilles et les racines pulvérisées sont ajoutées à l’eau des gallinacées pour les maintenir en bonne santé ainsi qu’à l’eau du bétail pour prévenir la galle et les inflammations oculaires – et parfois en association avec une Euphorbiacée, Clutia hirsuta. Une décoction des feuilles est, également, utilisée pour éliminer les vers intestinaux des chèvres. [42] [43]
Tout comme pour Leonotis nepetifolia, les feuilles et les fleurs de Leonotis leonurus sont fumées, traditionnellement, comme substitut de Cannabis, par les peuples Africains – tels que les Khoikhoi ou les Hottentot – car elles sont légèrement narcotiques et euphoriques.
Des investigations pharmacologiques récentes ont mis en exergue ses propriétés hépato-protectrices, anti-diabétiques [49], anti-inflammatoires, anti-nociceptives, anti-microbiennes, anti-oxydantes, anthelmintiques, cardio-protectrices et anti-carcinogéniques. [37] [38] [39] [40]
Leonotis leonurus possède, également, des propriétés anti-spasmodiques et c’est un inhibiteur de l’acétylcholine et de l’histamine.
La plante contient principalement des flavonoïdes (en particulier de nombreux dérivés de l’apigénine et de la lutéoline [48]), des diterpènes labdanes (plus d’une vingtaine), des glycosides iridoïdes, des alcaloïdes, des saponines et autres composés phénoliques. [44] [45] [47]
Les composants de son huile essentielle sont diversifiés en fonction de la provenance géographique des écotypes : des sesquiterpénoïdes pour les écotypes d’Europe et d’Afrique du nord ; des monoterpénoïdes et des sesquiterpénoïdes pour les écotypes d’Afrique du sud ; des monoterpénoïdes et des composés phénoliques pour les écotypes d’Inde du sud. [44]
Ce sont par exemple : p-Cymène, Limonène, (Z)-β-Ocimène, (E)-β-Ocimène, γ-Terpinène, Terpinolène, β-Bourbonène, β-Cubébène, β-Caryophyllène, α-Humulène, Germacrène D, Bicyclogermacrène, oxyde de Caryophyllène, Spathulénol.
Les teintures-mères alcooliques et les huiles essentielles de Leonotis leonurus sont actives à l’encontre des bactéries suivantes : Bacillus cereus, Staphylococcus epidermidis, Micrococcus kristinae, Staphylococcus aureus, Streptococcus pyogenes, Escherichia coli, Salmonella pooni, Serratia marcescens, Pseudomonas aeruginosa, Klebsiella pneumonia et Shigella sonnel. Egalement à l’encontre du champignon Candida albicans. Egalement à l’encontre du parasite Plasmodium falciparum [46] – responsable de la malaria. Egalement à l’encontre du nématode Caenorhabditis elegans.
Autres Leonotis Médicinaux
Selon l’ouvrage “Handbook of African Medicinal Plants” (2014), les autres Leonotis Médicinaux sont les suivants :
Leonotis goetzei est utilisé traditionnellement pour traiter la toux, les fièvres et les douleurs provoquées par les bronchites.
Leonotis mollissima est utilisé traditionnellement pour traiter la diarrhée et les maux d’estomac.
Leonotis ocymifolia est utilisé traditionnellement pour traiter le diabète, les pathologies du système respiratoire, les maux d’estomac, l’hypertension, la toux, les problèmes circulatoires, les douleurs, les morsures de serpents, les troubles de la vésicule, l’anémie, l’eczéma et autres pathologies cutanées. Il possède, également, des propriétés purgatives et emménagogues.