Les Qualités Extrêmement Médicinales d’Ocimum campechianum

L’espèce Ocimum campechianum fait partie du genre Ocimum dans la Famille des Lamiaceae – et de la Tribu, quasi tropicale, des Ocimeae. Ocimum campechianum fait partie de la troisième section, du genre Ocimum, dénommée “Gymnocyum”.

Ocimum campechianum a pour synonyme Ocimum micranthum. Il est connu sous les noms de “Basilic Péruvien” ou “Albahaca de campo”, “Albahaca cimarrona”, “Albahaca campechana”, “Albahaca de clavo”, “Albahaca de monte”, “Albahaca de las tierras”,“Albahaca silvestre”…

Ocimum campechianum croit naturellement, en Floride, aux Caraïbes, et du nord du Mexique à quasiment la pointe de l’Amérique du sud: c’est une espèce alimentaire et extrêmement médicinale. 

Qui plus est, selon l’ouvrage “A Field Guide to Medicinal and Useful Plants of the Upper Amazon”, Ocimum campechianum est réputé posséder des effets hallucinogènes – ou enthéogéniques.

Voici la description botanique d’Ocimum campechianum selon l’étude, de 2017, “Taxonomic revision of Ocimum (Lamiaceae) in Argentina” – réalisée par Nataly O’Leary de l’Instituto de Botánica Darwinion en Argentine. 

Herbacée annuelle ou bisannuelle, 40-60 cm de haut, tiges rougeâtres ou pourpres, ligneuses à la base, glabres à légèrement pubérulentes. Feuilles ovales à elliptiques, 2 à 10 cm x 1 à 4 cm, membraneuses, pétiole de 0,2 cm à 4 cm de long; base cunéiforme, apex aigu, marge avec des dents irrégulières, légèrement impressionnées, surface adaxiale vert clair, surface abaxiale vert plus foncé, glabre ou puberulé sur les nervures, les deux surfaces avec des points glandulaires. Inflorescence composée de verticilles à six fleurs, espacées de 0,8 à 2 cm, groupées en pseudo-racèmes bractifiés, jusqu’à 8 cm de long à l’anthèse, jusqu’à 15 cm de long dans les fruits, avec un pédoncule court, de 1,5 à 2 cm de long à l’anthèse et dans les fruits. Bractées ovales ou subrhomboïdales, persistantes, avec des sommets aigus ; pédicelles floraux hispides, 1-1,5 mm de long dans la fleur, devenant réfléchis dans le fruit, 4-7 mm de long. Calice de 2,5-3 mm de long à l’anthèse, jusqu’à 8 mm de long dans le fruit, bords hispides. Corolle blanche, lilas ou violette, 3-4 mm de long. Étamines glabres, 5-6 mm de long. Style de 5 mm de long. Noix obovoïdes, 1,5-2 mm de long, brunes, lisses. [28]


Ocimum campechianum. (A) Port. (B) Feuille, surface adaxiale. (C) Détail de la pubescence de la tige. (D) Détail des nœuds d’inflorescence avec bractées persistantes. (E) Calice fructifère. (F) Graine. D’après Angel Cabrera 30289, Instituto de Botanica Darwinion. [11]

Les Qualités Médicinales d’Ocimum campechianum selon les Médecines Traditionnelles des Peuples Amérindiens

Selon les usages traditionnels des Peuples, Ocimum campechianum a été utilisé, depuis des millénaires, pour soigner, les diarrhées, les dysenteries, les problèmes mentaux, les pathologies respiratoires, les maladies du système gastro-intestinal, les nausées, les fièvres,  les troubles nerveux, l’épilepsie, les paralysies, les rhumatismes, les convulsions, les douleurs menstruelles, les maux d’oreilles, les conjonctivites, le diabète, l’hypertension, les cancers de l’estomac et du sang … et, en application externe, pour traiter les problèmes dermatologiques, les parasites de nez.

En Equateur, les Peuples Siona, Secoya et Tikuya de Shushufindi le dénomment “gõ-nõ-má-nya”, “kõ-nõ-má-nya” et “huo-ka”. Des brins d’Ocimum campechianum sont placés sous les bandeaux de poignets ou frictionnés sur les épaules afin de parfumer le corps. Afin de soulager les fièvres, les Tikuna se lavent la tête avec une eau infusée des feuilles pilées. Le jus des feuilles, également, est utilisé dans les yeux afin d’en soulager les inflammations. Selon l’ouvrage “The Healing Forest” par Richard Evan Schultes (1990) – en page 221. 

Chez les Maya Huastec, Ocimum campechianum est nommé “Thekw’eel”, “Thuutsub”, “Tsiyan Thekw’eel”… Il y est utilisé pour traiter les problèmes digestifs, les diarrhées, les vomissements, les maux de tête, les problèmes de sommeil, les douleurs – en infusions de sommités fleuries ou en décoction de racines. Selon l’ouvrage “Huastec Mayan Ethnobotany” (1984). 

Chez les Maya de Chunhuhub, de Quintana Roo, Ocimum campechianum est nommé “Kakaltun”. Il est maché pour soulager les maux de dent; il est mis dans de l’alcool pour soulager les piqures de moustiques et autres insectes; il est utilisé pour soigner le diabète, les problèmes digestifs et pour aromatiser les viandes de gibier. Selon l’ouvrage “Those who bring the Flowers: Maya Ethnobotany in Quintana Roo. Mexico”. (2003).

Illustration par le botaniste Samuel Curtis. 1880.

Chez les Maya Tzotzil de Zinacantan, Ocimum campechianum est nommé “K’ox arvajaka” et il constitue un remède pour traiter la malaria. Selon l’ouvrage “The Flowering of Man. A Tzotzil Botany of Zinacantan”. (2000).

Chez les Maya de Peten Itza, Ocimum campechianum est nommé “Kekeltun” et “Kakaltun”. Il y est utilisé pour soigner les maux de tête, les démangeaisons, les problèmes digestifs. Selon l’ouvrage “Plants of the Peten Itza’ Maya”. (2004).

Dans les Caraïbes, il est nommé “Duppy Basil” ou “Porc de l’homme marié”. Il est utilisé pour aromatiser les soupes et les ragoûts mais, également, pour repousser les moustiques lorsqu’il est écrasé et suspendu dans les maisons. Selon l’ouvrage “Poisons and Panaceas. An ethnobotanical study of Montserrat” (1997).

En Equateur, dans les communautés Indigènes du canton de Santa Clara, Ocimum campechianum fait partie des 10 plantes médicinales les plus utilisées.

Au Honduras, ses racines sont cuites avec de l’anis et du miel et sont prescrites pour les toux et les problèmes cardiaques. 

Dans l’île de Trinité-et-Tobago, Ocimum campechianum est utilisé pour soigner l’hypotension. [30]

Les Qualités Médicinales d’Ocimum campechianum selon les études pharmacologiques récentes

D’un point de vue pharmacologique, Ocimum campechianum a été validé pour ses propriétés anti-prolifératives [2], hypotensives [38], anti-cancer, anti-oxydantes [24] [27], fongicides [31], anti-bactériennes [56], anti-nociceptives [9], analgésiques, larvicides  [39]  [41], insecticides [17] [18], cytotoxiques [16], anti-hyperglicémiques [40], cardio-protectrices, vasorelaxantes [21], anti-spasmodiques [19], etc.

Selon l’ouvrage “Duke’s Handbook of Medicinal Plants of Latin America”. (2009) – en page 489 – Ocimum campechianum est utilisé, médicinalement, dans les Amériques Latines, pour soigner: l’alopécie, l’asthme, les morsures, les problèmes cardiaques, les catarrhes, les coliques, les conjonctivites, les convulsions, les toux, les crampes, l’hébètement, les dysenteries, les dysménorrhées, les fièvres, les maux d’oreille, les grippes, les problèmes gastriques, les infections fongiques, les maux de tête, les rhumatismes, les inflammations, la malaria, les problèmes sanguins, les infections, les nausées, les problèmes ophtalmiques, les troubles nerveux, les douleurs, les coqueluches, la rage, les problèmes de dents, la tuberculose, les inflammations de l’urètre, les vers, le vertige, les morsures de serpents, les problèmes dermatologiques.

Ses activités insecticides et anti-microbiennes ont été validées à l’encontre de Fusarium oxysporum, Tribolium castaneum, Sitophilus zeamais, Staphylococcus aureus, Bacillus subtilis, Pseudomonas aeruginosa, Candida albicans , Escherichia coli, Mycobacterium tuberculosis, Cryptococcus neoformans, Microsporum canis, Microsporum gypseum, Trichophyton mentagrophytes, Trichophyton rubrum, Aspergillus niger, Penicillium chrysogenum, Colletotrichum gloeosporioides, Colletotrichum gossypii, Trypanosoma cruzi. [1]  [6]  [7]  [8]  [14]  [29] 

En fonction des divers écotypes d’Ocimum campechianum, les analyses de leurs huiles essentielles ont mis en exergue la prépondérance des composants suivants: eugénol, méthyl-eugénol, β-caryophyllène, β-élémène, β-sélimène, eucalyptol, élémicine, sabinène, terpinéol, humulène, limonène, germacrène, ocimène, α-pinène, β-pinène, β-mircène, élixène, etc. [3]  [4]  [5]  [6]  [7]  [20]

En fait, en fonction des écotypes, leur composition varie extrêmement quant aux ratios car, par exemple, l’eugénol peut y varier de 8% à 65%. A noter que l’eugénol et le méthyl-eugénol, sont considérés comme les chémotypes les plus prédominants chez cette espèce. Cependant, certains écotypes ont été analysés, également, avec des chémotypes eucalyptol [15] ou β-caryophyllène [35] ou, encore, méthyl-(E)-cinnamate. [42]

De plus, leur composition varie en fonction des parties de la plante. Par exemple, selon une étude de 1990, [26] l’eugénol, le principal constituant des feuilles, n’était présent qu’à l’état de traces dans les fleurs et les tiges. Le β-sélinène, un composant mineur dans les feuilles, était un composant majeur dans les fleurs et les tiges.

Ocimum campechianum contient l’acide rosmarinique en tant que composé majeur et les acides caftarique, ursolique et chlorogénique ainsi que la rutine, comme composants mineurs.


A-C. Ocimum campechianum ( Milliken et al. 4189) : A. Branche fleurie ; B. Calice ; C. Fleur avec calice plié. [10] [12] Caveat. La feuille G n’appartient pas à cette espèce.