Les extraits végétaux et purins de plantes

Connaissez-vous la différence entre un purin et un extrait végétal?

La fermentation!  

Si le purin de plante est toujours issu d’une fermentation — et non d’une putréfaction — l’extrait végétal, quant à lui, peut être fermenté ou non, en fonction de son utilisation au jardin. De l’infusion à la macération, en passant par la fermentation, il existe une multitude de préparations!

Bien loin des liquides brunâtres, épais et nauséabonds, les extraits de plante accompagnent les cultures du potager tout au long de leur croissance. Ils offrent la possibilité de s’affranchir des pesticides, et autres produits mortifères de l’agro-industrie, et donc de préserver notre santé et celle de notre environnement. Utilisés à bon escient, en fonction de leurs propriétés, ces biostimulants renforcent, stimulent, soignent et protègent toutes les plantes cultivées.    

Les extraits végétaux

Les jardins potagers constituent de véritables écosystèmes où les jardiniers doivent tout mettre en œuvre pour maintenir un équilibre et une harmonie permanente, et donc garder les cultures en bonne santé. Dans cette logique, les extraits végétaux apportent une solution idéale. S’ils permettent avant tout de renforcer et de stimuler les défenses naturelles des plantes, ils offrent également des effets indirects sur des maladies ou des insectes.

Les infusions

Les infusions, principalement utilisées comme solution insecticide, renferment une quantité de molécules actives plus faible que les autres préparations à base de plantes. Ainsi, elles dévoilent leur potentiel d’action dans les potagers déjà bien équilibré.

Pour réaliser des infusions :

  • hachez 100 g de plantes fraîches en petits fragments;
  • placez-les dans une casserole en inox;
  • ajoutez 1 l d’eau de source ou de pluie;
  • portez doucement à frémissement et coupez le feu juste avant l’ébullition;
  • couvrez la casserole;
  • laissez infuser jusqu’à refroidissement;
  • filtrez puis vaporisez pur ou dilué, en fonction de la plante choisie.

L’infusion d’absinthe, diluée à 10 %, éloigne la piéride du chou, les limaces et les pucerons.

L’infusion de mélisse, utilisée pure, détourne les moustiques, les aleurodes, les pucerons ou encore les fourmis. 

L’infusion de capucine fraîche s’utilise pure contre le chancre des fruitiers, et diluée à 30 % contre le mildiou de la tomate.

Les décoctions

Les décoctions de plantes extraient d’autres composés chimiques et offrent des solutions plus concentrées que les infusions. Elles s’emploient aussi bien pour renforcer les défenses des plantes cultivées que pour éloigner ou éliminer les insectes. 

Pour préparer des décoctions :

  • hachez 100 g de plantes fraîches en petits fragments;
  • placez-les dans une casserole en inox;
  • ajoutez 1 l d’eau de source ou de pluie;
  • couvrez et laissez tremper une nuit entière;
  • portez à ébullition, le lendemain, puis baissez le feu;
  • couvrez la casserole;
  • maintenez l’ébullition pendant 20 min
  • arrêtez le feu et attendez le complet refroidissement;
  • filtrez puis vaporisez pur ou dilué, en fonction de la plante choisie.

Consoude

La décoction de consoude, utilisée pure, s’emploie pour ses propriétés insecticides. Diluée à 20 %, elle agit comme stimulant.

Tanaisie

La décoction de tanaisie, utilisée pure, agit comme insecticide à l’encontre des pucerons, des altises et des chenilles.

Prêle

La décoction de prêle, dosée à 100 g de plante sèche pour 1 l d’eau, s’utilise pure pour ses propriétés insectifuge et insecticide, ou diluée à 20 % pour une action fongicide. 

Les extraits végétaux fermentés

Ces préparations, particulièrement concentrées, contiennent une multitude de molécules, de bactéries et d’enzymes provenant de la fermentation. Elles combinent ainsi différentes actions et peuvent accompagner les cultures tout au long de leur développement.

Pour confectionner des extraits fermentés :

  • broyez ou coupez le plus finement possible une plante définie en morceau;
  • placez-la dans un bidon;
  • ajoutez de l’eau de pluie ou de source en respectant la proportion de 1 kg de plante broyée pour 10 l d’eau;
  • installez le bidon dans un lieu ombragé, où la température reste assez stable et au-dessus de 15 °C;
  • remuez pendant plusieurs minutes, tous les jours, jusqu’à ce qu’une mousse blanchâtre apparaisse à la surface. À ne pas confondre avec les bulles qui remontent à la surface lors du brassage. Généralement, le processus ne dure que quelques jours, en fonction des conditions;
  • filtrez ensuite le mélange, afin d’en extraire les particules les plus épaisses et de ne pas boucher les buses de votre pulvérisateur ou la pomme de votre arrosoir;
  • stockez-le dans un bidon hermétique — en laissant le moins d’air possible — à l’abri de la lumière et des variations de température;
  • utilisez-le directement au jardin potager, après une dilution de 1 pour 10, pour protéger et soigner vos plantations ou conservez-le pour un usage ultérieur

Quelques extraits fermentés à utiliser au jardin :

Ortie commune - Urtica dioica

Ortie

Riche en azote, en sels minéraux et en oligo-éléments, l’extrait fermenté d’ortie est un superbe stimulant. En arrosage, au pied des cultures, dilué à 10 % ou en pulvérisation sur le feuillage, dilué à 5 %, il renforce les plantes cultivées et favorise leur photosynthèse.

Bardane

L’extrait fermenté de bardane, riche en potasse, s’utilise en dilution de 1 pour 20 afin de stimuler la croissance des plantes cultivées ou pour lutter contre le mildiou de la pomme de terre. 

Consoude Officinale

Consoude

Dilué à 10 % en arrosage au pied des cultures, ou à 5 % en pulvérisation sur les feuilles, l’extrait fermenté de consoude soutient la croissance et la floraison des plantes, et favorise la maturation des fruits et légumes. 

Pour aller plus loin

“Purin d’ortie et compagnie. Les plantes au secours des plantes.”
Bernard Bertrand, Jean-Paul Collaert et Eric Petiot.
Éditions de Terran – 111 pages.

Ardent défenseur de ce qu’il appelle la vie au naturel, Philippe Chavanne est l’auteur de nombreux ouvrages culinaires et de jardinage. Il livre ici son expérience personnelle sur les soins biologiques des végétaux. Philippe Chavanne — Éditions Artémis

À partir de plantes très communes et de produits naturels et bon marché voire gratuits chaque jardinier peut préparer les potions nécessaires à l’entretien d’un beau jardin, sain et productif. Stimulantes, fertilisantes, répulsives, insectifuges, cicatrisantes, réalisez vous-même les préparations nécessaires pour soigner en douceur les plantes potagères, fruitières ou à fleurs et les arbres. Brigitte Lapouge-Déjean et Serge Lapouge — Éditions Terre Vivante — 120 pages