Panais

Classification botanique

Le panais, Pastinaca sativa, fait partie de la famille des Apiaceae et de la tribu des Peucedaneae.
Le genre Pastinaca comprend environ 15 espèces connues.

Histoire

Panais deguernsey
Panais deguernsey

Le Panais est un légume très ancien dont a retrouvé des vestiges lors de fouilles dans des sites préhistoriques de Suisse et de l’Allemagne du sud. Ces vestiges provenaient de formes sauvages du Panais. On ne sait de quand date le Panais cultivé mais il était déjà fort apprécié dans les jardins de l’époque Romaine. Son histoire n’est pas des plus aisées à suivre dans la mesure où les auteurs de la période médiévale et même classique le confonde souvent avec la carotte. Sur le parchemin de l’Abbaye de Saint Gall en Suisse, datant de l’an 820, le plan du jardin mentionne un “pastinachus” sans que l’on soit réellement certain qu’il se réfère au Panais plutôt qu’à la carotte.

Il est mentionné dans le Livre des Simples Médecines de Platéarius sous le nom de Panais et “baucia”. Platéarius écrit que “cru ou cuit, il est recommandé à ceux qui se relèvent de maladie et aux mélancoliques” et en prescrit même une recette sucrée aux qualités aphrodisiaques.

«L’on fait de cette herbe une sorte de gingembre confit qui émeut le désir de luxure et conforte la digestion. On procède ainsi : on cuit la racine de cette herbe dans de l’eau. Quant elle est bien cuite, on la coupe en petits morceaux de forme oblongue et ronde. Après avoir extrait l’eau de ces morceaux, on les met à cuire avec du miel écumé jusqu’à ce que le miel reprenne son épaisseur originelle. Il faut remuer sans cesse afin que la préparation n’attache point au fond du chaudron. Au milieu de la cuisson, on ajoute des amandes, si on en a, et à la fin, des pignons bien nettoyés, si on peut aussi en avoir. Ensuite on adjoint des épices comme gingembre, cannelle, galanga, poivre et un peu de musc ou autre épice du même genre.» De nos jours, on le trouve surtout cultivé en France et en Angleterre.

Conseils de jardinage

Panais harris
Panais harris

La germination des semences est erratique. Elle peut demander entre 8 et 15 jours à une température située entre 15°C et 20°C. Il est essentiel de maintenir le semis frais et arrosé durant les deux à trois semaines. Certains jardiniers recouvrent le semis d’une planche tant que dure la germination ou bien sèment des radis sur le même rang afin d’être sûr que l’arrosage soit effectué au bon endroit.

Le panais est une espèce très rustique ; cependant, la croissance s’avère difficile lorsque les températures sont inférieures à 5°C.

Le panais préfère un sol riche, léger, frais et bien drainé. Les semis s’effectuent en place soit au printemps soit en fin d’été.

Pollinisation

L’inflorescence du panais est une ombelle composée de nombreuses petites fleurs généralement hermaphrodites. Chaque fleur possède 5 étamines et deux styles qui conduisent aux deux loges composant l’ovaire. Chaque loge contient un seul ovule. Chaque fleur peut ainsi produire deux semences. Le fruit du panais est un diakène: il se sépare en deux akènes à maturité.

Les fleurs de panais sont normalement protandres: les étamines sont mûres avant le pistil. Les anthères libèrent leur pollen durant les premiers jours et le stigmate n’est réceptif qu’ensuite. Il y a donc en majorité des pollinisations croisées. Cependant, la possibilité d’auto-fécondation au niveau de la plante demeure en raison de la succession des ombelles sur une même plante et de l’épanouissement successif des fleurs individuelles au sein d’une même ombelle.

Les fleurs de panais sont pollinisées par des insectes très  divers. La distance entre deux variétés de porte-graines varie selon les semenciers. Certains préconisent une distance de 100 mètres comme étant raisonnable et de 300 mètres comme étant idéale. D’autres estiment qu’il faut au moins un kilomètre.

Tout dépend de la topographie du lieu et des insectes pollinisateurs. Il semble que, dans certaines régions, le panais ne soit pas la plante préférée des abeilles (peut-être en raison de sources plus abondantes de pollen) et que ses ombelles soient plutôt visitées par des insectes au parcours plus restreint (Diptères et Lépidoptères). Un autre de ses insectes pollinisateurs est la célèbre coccinelle car ses ombelles de fleurs sont bien souvent couvertes de pucerons. Les semenciers professionnels ont cependant recours à un apport de ruches pour favoriser la pollinisation sur de grandes surfaces de porte-graines. Le miel de fleurs de panais est un miel foncé et réputé de très bonne qualité.

Production de semences

Le Panais est une plante bisannuelle et c’est une des plantes potagères les plus rustiques qui peut rester en terre durant tout l’hiver même dans les régions très froides. Sa saveur est même améliorée par la gelée.

Semences de panais
Semences de panais

La production des semences peut se conduire de deux façons. Soit de la semence à la racine à la semence. Les semis sont effectués au printemps dans les régions fraîches et vers le milieu de l’été dans les régions plus douces. Les racines sont déterrées au milieu de l’hiver ou au début du printemps et elles sont sélectionnées pour ne garder que les plus belles, ou les plus grosses ou les plus longues. Elles sont ensuite repiquées, en enterrant la racine de telle sorte que le collet soit au niveau du sol ou légèrement en-dessous et en laissant de 60 à 90 cm entre chaque porte-graine.

Le porte-graine de Panais est une plante magnifique qui peut atteindre, dans une belle année, les deux mètres de hauteur. Dans des régions très ventées, il peut être alors conseillé de tuteurer les plus beaux porte- graines. Ils sont, en effet, très ramifiés et très florifères.

Les fleurs individuelles de panais sont rassemblées en ombelles qui s’épanouissent à l’extrémité des tiges. Tout comme pour les carottes, il y a des ombelles primaires, des ombelles secondaires, et même des ombelles tertaires en fonction de l’espace qui est alloué à la plante porte-graines.

Les recherches effectuées récemment semblent donner la préférence à un repiquage assez serré des porte-graines afin de ne pas favoriser l’émergence de tiges porteuses d’ombelles tertiaires dont les semences sont de qualité inférieure.

Il est ainsi préférable de ne récolter que les semences issues d’ombelles primaires car elles sont de meilleure qualité. Si nécessaire, on peut ensuite récolter les semences des ombelles secondaires.

Les semences sont mûres, lorsqu’elles sont sèches et de couleur brun clair; elles tombent alors à terre très aisément. On peut éviter ce problème en coupant, un peu avant maturité complète, les ombelles qui finiront de sécher dans un endroit ensoleillé ou bien sec. On peut aussi tout simplement aller tous les jours dans le jardin ramasser les semences mûres en frottant les ombelles au-dessus d’un sac en papier.

Il n’y a que très peu de nettoyage ultérieur à réaliser en raison de la très grande facilité qu’ont les semences de se détacher de leurs ombelles. On peut peaufiner le nettoyage à l’aide d’un tamis approprié.

Les semences conservent leur capacité germinative durant une année et ce n’est qu’un faible pourcentage qui peut germer au bout de deux ou trois années. Les semences de Panais sont au nombre de 220 par gramme.

Érosion génétique

Dans la collection du NSSL aux USA, il y avait 75 variétés en 1903 et seulement 5 en 1983, ce qui représente une perte de 93,3 %. Aux USA, le Seed Savers Exchange a mis en valeur qu’il y avait, en 1981, 23 variétés non-hybrides de panais présentées dans les catalogues de semences. Il en restait  13 variétés en 2004,  à savoir une perte de 43 %.

Très peu de variétés sont actuellement disponibles en France. En 1992, on nous avait confié quelques graines d’une ancienne variété de panais rond en voie d’extinction.  Ces semences n’ont malheureusement jamais germé. Ce fut la dernière fois que les semences d’une telle variété nous furent accessibles.