Pastèques

Pasteques_compo

Classification botanique

La pastèque, Citrullus lanatus, fait partie de la famille des Cucurbitaceae et de la tribu des Benincaseae.
Le genre Citrullus comprend 4 espèces connues.

Il existe trois grands types de pastèques :

  1. Les pastèques à chair amère cultivées en Afrique pour leurs graines qui sont grillées avant d’être consommées ;
  2. Les pastèques dites “à confiture” dont la chair est blanche, à teneur élevée en matière sèche et non sucrée. On les appelle parfois “melon d’Espagne” ;
  3. Les pastèques à chair sucrée, et très riche en eau, de couleur rouge, orange ou jaune.

Conseils de jardinage

Pastèque Chris Cross
Pastèque Chris Cross

Les pastèques se sèment de 8 à 10 semaines avant la période de repiquage. Il est conseillé de repiquer les jeunes plants avec un petit peu de fumier au pied et de veiller à ce que leur reprise ne souffre pas d’un manque d’arrosage.

Dans les régions assez fraîches, il est conseillé aux jardiniers de réchauffer la terre avec un mulch de plastique noir avant les repiquages et de ne laisser qu’un fruit par plant pour favoriser le processus de maturité.

Pollinisation

La Pastèque, Citrullus lanatus est d’origine Africaine. Botaniquement parlant, elle est étroitement reliée avec l’espèce Citrullus colocynthis, la vraie coloquinte que l’on appelle également la coloquinte officinale, avec laquelle elle peut se croiser naturellement.

La pastèque est une plante monoïque, à savoir portant sur le même plant des fleurs mâles et femelles à des endroits différents. Elle peut être auto-fécondée : une fleur femelle peut être fertilisée par du pollen provenant d’une fleur mâle de la même plante. Cependant, les fécondations croisées sont prédominantes : la fleur femelle est fertilisée par du pollen provenant de différentes plantes de la même variété ou d’une autre variété.

Ce sont les abeilles qui en sont le principal vecteur. Certains producteurs de semences disséminent aux alentours de leurs champs de pastèques des ruches d’abeilles pour une pollinisation optimale.

Pastèques Cream of Saskatchewa
Pastèques Cream of Saskatchewa
Jeune pastèque
Jeune pastèque

En fonction des régions et des environnements, la distance d’isolement conseillée entre deux variétés de pastèques varie de 400 mètres à 1 kilomètre.

La technique de pollinisation manuelle, lorsque l’on a plusieurs variétés de pastèques dans le même jardin, est la même que pour les courges.

Il n’est pas toujours aisé de déterminer avec sureté les fleurs de pastèque qui sont proches de l’épanouissement. C’est un processus qui exige beaucoup de perspicacité et une très grande patience. Nous conseillons aux débutants de s’exercer, à ces techniques de pollinisation manuelle, en commençant par les courges.

En règle générale, de 50 à 75 % des pollinisations manuelles de fleurs de pastèques sont couronnées de succès et ce, particulièrement lorsque les conditions sont favorables et lorsque les plantes ne sont pas stressées. Dans les variétés précoces, ce pourcentage peut être augmenté lorsque les toute premières fleurs femelles sont sélectionnées pour une pollinisation manuelle. Par contre, les variétés tardives ont tendance à avorter la plupart de leurs premières fleurs femelles et il est conseillé d’attendre la seconde vague de fleurs.

Pastèques Sugar Baby
Pastèques Sugar Baby

Pour une production de semences bénéficiant d’une bonne diversité génétique, il est recommandé de cultiver au minimum 6 plantes de chaque variété. L’idéal est d’en cultiver une douzaine ou encore mieux une vingtaine si l’espace dans le jardin le permet.

Les jardiniers souhaitant produire leurs propres semences peuvent sans problème cultiver ensemble une variété de concombre (Cucumis sativus), une variété de melon (Cucumis melo), une variété de pastèque (Citrullus lanatus). Ces plantes ne peuvent pas s’hybrider mutuellement.

 Production de semences

Vidéo : Extraction de semences

Early Moon Beam
Early Moon Beam

Les semences de pastèques sont mûres lorsque le fruit est mûr. Contrairement à la plupart des autres cucurbitacées, les semences de pastèques sont réparties dans tout le fruit et non point dans une cavité centrale. Pour de petites quantités de semences, il est conseillé d’extraire les semences manuellement. Les meilleurs auxillaires, dans le processus d’extraction, sont les enfants auxquels on aura fait promettre de bien recracher les graines dans une petite tasse préparée à cet effet !

La fermentation n’est pas conseillée car elle provoque une décoloration des semences et une baisse de la germination.

Les semences extraites sont ensuite lavées à grande eau et puis mises à sécher dans des séchoirs. Lorsqu’on peut briser la semence, c’est qu’elle est entièrement sèche et qu’elle peut alors être stockée.

Les anciens jardiniers préféraient utiliser des semences vieilles d’au moins deux ans qui généraient, dit-on, des plants plus compacts et des fruits mieux formés.

Les semences de pastèques ont une durée germinative moyenne de 5 ans. Elles peuvent, cependant, conserver une faculté germinative jusqu’à 10 années et plus.

En fonction des variétés, il y a de 7 à 20 graines au gramme. Elles sont de couleurs très variées : rouge vif, blanches, jaunes, grises, brunes, noires ; elles peuvent être unicolores, marbrées ou mouchetées.

Érosion génétique

L’édition 1925 des Plantes Potagères de Vilmorin-Andrieux décrivait 7 variétés de pastèques dont 5 à chair rouge. Aux USA, le Seed Savers Exchange a mis en valeur que sur les 130 variétés non-hybrides présentées en 1981 dans les catalogues de semences, il n’en restait que 75 variétés en 2004, à savoir une perte de 42 %.

Lune étoiles à fruits longs
Lune étoiles à fruits longs

En France, le Catalogue Officiel de 1995 présentait 12 variétés de pastèques dont 3 variétés anciennes et 9 variétés hybrides F1 . Le Catalogue Officiel de 2004 présente 20 variétés de pastèques dont 3 variétés anciennes et 17 variétés hybrides F1. Le Catalogue Officiel de 2011 présente 24 variétés de pastèques dont 21 variétés hybrides F1, à savoir 88%. Limagrain en détient 17 variétés, à savoir 81%.

Comme pour beaucoup d’autres plantes alimentaires, les nécro-technologies se sont acharnés à rendre extrêmement complexe ce que les paysans avaient fait très simplement pendant des milliers d’années. Comme ils ne trouvaient pas de pastèques parthénocarpiques, les agro-laborantins ont obtenu, en utilisant des substances telle que la colchicine, des plantes tétraploïdes (alors que l’espèce est normalement diploïde) qui sont fertiles et qui produisent des semences. Une lignée diploïde est croisée avec une lignée tétraploïde pour créer une variété hybride triploïde.

Ce type d’hybride étant stérile (à savoir sans pollen et sans ovules), les maraîchers sont invités à cultiver une variété diploïde pour que les fleurs mâles de cette dernière puisse amener (par le biais des insectes) du pollen aux fleurs femelles de la variété triploïde stérile. L’apport de pollen réussit à convaincre la plante de produire du fruit mais le fruit, cependant, ne peut produire de la semence car les ovules n’ont pas la capacité de se développer en raison de la stérilité intrinsèque à la triploïdie. Tout cela pour créer de la pastèque sans graine pour le grand confort des consommateurs ou peut-être pour satisfaire aux exigences des assureurs qui ne voulaient plus couvrir le risque de chute lié à des graines de pastèques gisant éparses sur les voies publiques.

Que les jardiniers qui n’ont pas compris les histoires de famille de ploïdie ne se fassent pas de souci. Tout cela disparaîtra un jour, comme les OGMs. Cela repartira dans le chapeau (melon !) des prestidigitateurs du Grand Cirque Transgénique.