« Les Tambours de Gaïa » ont retenti sur la plaine de Castagnès, dans le petit village du Mas d’Azil en Ariège, les 8, 9 et 10 juin derniers lors d’un festival international organisé par Kokopelli.
Nous avons donné à cet événement, qui est la suite logique de deux premières rencontres (le festival Kokopelli Pachamama, qui a eu lieu en 2012 dans la vallée sacrée d’Ollantaytambo au Pérou et les « Journées Internationales de la Semence » de 2014 au Mas d’Azil), une orientation militante à la hauteur du travail de l’association. Ainsi, des artistes aux animateurs d’ateliers ou de balades sauvages, en passant par les conférenciers et intervenants divers et variés, l’objectif commun était la préservation de la biodiversité et la création d’un nouveau paradigme basé sur la co-évolution avec la nature. Une vraie réussite car le message de Kokopelli a résonné — au travers de toutes ces voix venues du monde entier — et résonnera encore pendant longtemps, dans les consciences et dans les cœurs de celles et ceux, de tout âge et de tout horizon, ayant parcouru le chemin jusqu’à la maison de Kokopelli : plus de 3 000 personnes ont assisté aux conférences, aux ateliers et aux projections et plus de 4 000 personnes étaient là pour danser et célébrer la Vie lors des soirées concerts !
Des Journées paisibles et studieuses
L’association a voulu offrir aux festivaliers, venus en nombre — pour apprendre, découvrir, mais aussi partager leurs propres connaissances — des alentours et de toute la France, des journées denses, rythmées par de nombreuses conférences, ateliers ou débats axés autour de l’agroécologie et de la protection de la biodiversité. Adaptées à tous les âges et ouvertes à toutes celles et tous ceux qui souhaitaient y participer, elles ont su toucher la curiosité, dans une ambiance paisible et studieuse, des tout petits comme celle des érudits.
« Un grand merci pour ce beau festival, si riche et sobre à la fois. J’ai vécu 3 jours de joie dans cet univers, où l’on sentait vraiment tout l’amour que vous avez apporté dans la préparation. On a été gâté par la beauté et les couleurs des lieux, la gentillesse des bénévoles, la qualité des conférences, la nourriture végétarienne délicieuse et une programmation musicale vraiment incroyable ! Être dans ce bain de bienveillance et de vie m’a fait un bien fou ! A tous, merci, merci, merci !!! »
Marie C., festivalière
La journée du vendredi a démarré avec une intervention de Jean-Pierre Berlan, directeur de recherche à l’INRA, ami de Kokopelli de longue date et militant anti-OGM. Le titre de sa conférence est explicite : La planète des clones. Dominique Masset, représentant des Faucheurs Volontaires d’Ariège, a également pu, lors de cette conférence d’ouverture, exposer la campagne anti-glyphosate portée nationalement pour les Faucheurs Volontaires. Le ton a ainsi été donné : personne ne mâcherait ses mots pendant ce festival !
Blanche, avocate de l’association, a apporté quant à elle des nouvelles assez positives, au moins en première lecture, d’un combat juridique, national et européen, mené afin de permettre à des structures comme Kokopelli de travailler légalement. Mais chez Kokopelli, nous avons la méfiance à fleur de peau vis-à-vis de nos auto-proclamés dirigeants et attendons des résultats de terrain avant de nous réjouir pleinement de ces bonnes nouvelles !
Michel Lachaume a fait le voyage du Québec pour nous parler de sa passion pour la sélection variétale. Christian Vélot a poursuivi sur le thème des OGM en nous montrant ceux que nous retrouvons de plus en plus nombreux dans nos assiettes et que nous pouvons qualifier d’OGM masqués. Bernard Bertrand est venu nous exposer son travail avec les ruches de biodiversité. Laurent Welsch et Cécile Brissier de l’association Maraichage Sol Vivant ont expliqué la notion de paysan chercheur et partagé leurs expériences sur le terrain. Henri Joyeux, n’en déplaise à une petite poignée de manifestants anti-Kokopelli et anti-Joyeux (malgré l’insignifiance de l’évènement face à la réussite du festival, nous avons rédigé un cours communiqué pour clarifier ce léger débordement autour de l’intervention de Monsieur Joyeux) s’est penché sur la thématique de la santé liée à l’alimentation et quelque peu sur les vaccins avec les questions du public. Ernst Zürcher a exposé ses recherches sur la communication entre les arbres, à deux reprises consécutives et improvisées tant il a été plébiscité ! Maurice Chaudière, ami de toujours de Kokopelli, a tenu deux conférences sur l’apiculture alternative et la greffe, en toute poésie ! Sylvie Seguin du collectif Longo Maï a animé un atelier de production de semences. Bernard Declercq quant à lui a résumé avec brio l’expérience d’une vie au service de la régénération des sols.
Notre travail n’a pas été oublié ! Leentje, qui s’occupe à temps plein de la campagne Semences Sans Frontières, nous a fait voyager au sein des projets soutenus ici et là par Kokopelli. Éric, de Kokopelli America Latina, nous a parlé de l’implication de Kokopelli dans les dynamiques de préservation de la biodiversité en Amérique Latine. Sangita, quant à elle, représentait Annadana, une association créée par Kokopelli dans les années 2000 dans le sud de l’Inde, et a exposé le travail fantastique qu’elle réalise au quotidien avec les paysans indiens.
Ananda a, pour sa part, retracé l’histoire de Kokopelli, depuis les débuts jusqu’à cette année 2018, et a marqué symboliquement de cette manière le changement de présidence tout en rendant un hommage émouvant au travail familial réalisé depuis près de 35 ans ! Cela a également été l’occasion d’éclaircir certaines idées reçues qui gravitaient autour de Kokopelli !
Ainsi, certains ont appris le lien créatif de la vannerie avec Bernard, Christina et Nicole, d’autres ont participé à des ateliers de chant spontané ou de Tandava avec Christelle, ou encore découvert les principes de l’holacracry avec Isabelle et Hugo. Certains se sont reposés à l’ombre des tentes péruviennes en appréciant le son d’une guitare, d’un djembé ou d’un violon grâce aux visiteurs musiciens, ou rit aux éclats devant le spectacle de « La Beauté du Monde ». L’espace était prévu pour que chacun se sente libre de faire et nous avons été comblés de voir tous ces sourires, ces belles discussions et ces émerveillements. L’alimentation étant un point très important pour Kokopelli, l’ensemble des denrées proposées lors du Festival provenait de l’Agriculture Biologique et le plus possible de productions ariégeoises. Les drapeaux de prières, se mouvant sous le vent, nous rappelleront encore pendant longtemps, la magie et la beauté de ces moments !
Les journées se sont terminées en émotions sous le grand tipi, lors d’une bourse aux graines ou des milliers de semences se sont offertes et échangées au doux son d’un hammered dulcimer.
« Festival Kokopelli ‘Drums of Gaia’ was such a memorable & an overwhelming experience. I have no words to express how proud I am of Ananda Guillet, President, Kokopelli for steering this dynamic legacy. Inspiring. Kokopelli Seed Bank is unique, most extraordinary architecture, a creation of art made with such thought, finesse and is use-friendly. Absolutely mind blowing I am in awe of its magnificent creation. Having visited quite a few seed banks around the globe, Kokopelli stands on my charts NUMBER 1.
I was most honoured & delighted to present my seed calling journey to a proactive audience and to our wonderful interns who came all the way to visit me. »
Sangita Sharma – Annadana Soil and Seed Savers, Bangalore
Ambiance festive et engagée !
Deux soirées de concerts ont rythmé le Festival dans une ambiance festive et douce. La première scène des Tambours de Gaïa a accueilli des artistes avec une énergie magnifique créant des moments de musique d’une grande qualité. Ils ont ainsi partagé avec le public des sonorités authentiques, pures et organiques offrant un voyage vers des horizons méconnus, à la fois modernes et mystiques.
La compagnie Les Arts Rythmiques, nos amis ardéchois présents déjà au Festival 2014, a ouvert la programmation musicale avec un nouveau spectacle, plus frais, percutant et coloré que jamais. En entrainant avec elle les hordes de participants affluants des conférences et ateliers en faisant ainsi le lien entre les journées studieuses, et les soirées festives ! Apparaissant au milieu de la foule avec ardeur et fougue, ces rythmes tribaux et envoutants accompagnèrent les festivaliers tout le week-end !
L’énergie débordante du BéléBélé Band, bien connu dans nos montagnes et dans nos plaines, a ensuite pris place sur scène pour transmettre au public leur irrésistible groove ariégeois, au son du balafon et des paroles parfois drôles, parfois engagées, mais toujours éloquentes !
Le soleil s’est couché sur la voix magnifique de Sona Jobarteh. Une artiste qui a marqué la première édition des Tambours de Gaïa, par son talent, sa douceur et la virtuosité des musiciens qui l’accompagnaient. Elle a offert une prestation dont la rareté et la justesse ont transporté les 1 500 personnes présentes pour l’écouter, et pour l’acclamer sous un tonnerre d’applaudissements.
Pour clôturer les festivités du vendredi, Doolin’ et sa folk toulousaine enivrante, puis The Bongo Hop et ses sons afro-caribéens chaleureux ont fait danser le public jusqu’au cœur de la nuit.
La soirée du samedi s’est ouverte sous un soleil chaud avec Laboratorium Piesni. Ces 6 chanteuses venues de Pologne ont présenté un concert aux croisements entre l’Ukraine, les Balkans, la Pologne, la Biélorussie… Les mélodies traditionnelles qu’elles reprennent, souvent accompagnées par des tambours, ont envoyé un souffle envoutant dans la plaine de Castagnès.
Puis, Ananda est monté sur scène pour remercier devant les 2 500 festivaliers, toutes celles et tous ceux qui ont contribué à la réalisation de cet évènement : l’équipe Kokopelli, les bénévoles, les artistes, les intervenants, les partenaires et le public. Un tonnerre d’applaudissements a retenti pour célébrer le travail accompli !
Le temps s’est ensuite suspendu pendant le concert magistral de Camille. La folie douce et exquise qui caractérise la chanteuse a fait danser la foule, mais a aussi beaucoup ému. Camille a, à plusieurs reprises, clamé « Kokopelli » et parlé de son engagement dans le combat de la semence. Au moment d’entonner Seeds, un morceau que l’on attendait particulièrement, car il signifie « semences » en français, Camille et ses musiciens sont descendus au cœur du public des Tambours de Gaïa pour partager ce message empreint d’amour et de convictions.
« Seeds of children, seeds of rose but only seeds what is going to happen, seeds of change. Seeds of change. Seeds of change. »
La scène des Tambours de Gaïa a accueilli ensuite BCUC pour le dernier concert de cette première édition. Ce moment fort s’inscrit dans un temps inconnu, entre le passé et le futur, au détour de leurs sonorités ancestrales, et tellement modernes à la fois. Les chants rebelles et si puissants de BCUC ont emporté le public dans une transe désormais emblématique du Festival.
On ne les voit pas beaucoup et pourtant ils ont donné au Festival une couleur et une ambiance qui a toute son importance : l’équipe technique de l’entreprise toulousaine « Concept » a travaillé pendant plusieurs jours pour offrir aux festivaliers et aux artistes des conditions remarquables, un régal pour les yeux et les oreilles. Thierry et ses collaborateurs ont tout de suite pris leurs marques au cœur de la plaine de Castagnès et ont créé un décor merveilleux, presque surréaliste, où les arbres de la forêt ariégeoise environnante semblaient envahir la scène.
Ainsi au fil des concerts, les tambours et les percussions étaient omniprésents. Comme un bourdonnement continu qui prêtait à confusion, entre les artistes et leurs instruments, l’appel des Tambours de Gaïa ou le Chant de la Terre. Dans la chaleur des premières journées douces de l’année, nous avons beaucoup dansé. Il y avait des enfants, des parents, des anciens, des militants, des curieux, des amis et des inconnus !
Une belle aventure humaine
« Une équipe de volontaires rigolards et joyeux, des bénévoles impliqués et certainement Gaïa qui dans sa bienveillance a permis à toutes ces énergies de mener à bien ce projet un peu fou. »
Jean-Louis, bénévole et membre de l’équipe Kokopelli
Derrière cet événement, qui d’après les témoignages de festivaliers, semblait réglé comme du papier à musique, résident une belle organisation, beaucoup de spontanéité et une grande aventure humaine !
Cette organisation fut remplie de nombreuses premières fois pour la plupart d’entre nous. Un chemin parsemé de difficultés, de doutes, de challenge personnel et collectif… Un chemin parsemé de solutions, de joies, d’entraides et d’énergies ! C’est incroyable de constater comment une idée sortant de l’imaginaire d’une poignée de personnes peut réunir autour d’elle, autant de forces vives. Le projet s’est modelé petit à petit en fonction des objectifs, des coups de cœur et des contraintes, puis s’est concrétisé quelques jours avant avec le montage des tentes, du chapiteau et la scène, pour enfin prendre vie et accueillir tout ce monde ! Trois journées et deux soirées, où plus d’une 100e de bénévoles investis ont donné de leur temps et de leur énergie ! Au-delà d’une simple et grande aventure pour une cause commune, cette joyeuse tribu a offert une âme à cet événement. N’étant pas expérimentés dans l’organisation de festival de cette ampleur, loin de là, nous sommes fiers et heureux d’avoir partagé ces moments avec toutes ces personnes.
Il est également important de souligner l’implication des collectivités locales, spécialement de la commune du Mas d’Azil et de la communauté de Commune, qui croient en nos projets depuis des années et les soutiennent tant qu’ils le peuvent ! Nos partenaires privés ont, eux aussi, apporté une aide primordiale à Kokopelli pour cette première édition des « Tambours de Gaïa ». Merci !
Car les images parlent souvent mieux que les mots, nous vous invitons à découvrir une première sélection de photos de ces moments intenses de partages et de festivité ! Petit à petit, nous publierons photos, vidéos et conférence intégrale (afin de partager encore le savoir et les expériences des nombreux intervenants) sur le site officiel du festival et sur le blog de l’association. Merci à tous et à l’année prochaine pour l’édition des « Tambours de Gaïa » 2019 !