Introduction
Le 8 mai 2016, le Réseau Biocoop a fait circuler – parcimonieusement pour ne pas attirer l’attention, outre mesure – une réponse à mon article “Quinoa : biopiratage au coeur de l’Anjou” en invalidant, sans les invalider, mes informations ou tout simplement, en bottant en touche. Est-ce une technique New-Age pour traiter son interlocuteur de menteur, de façon non-violente, ou est-ce, tout simplement, l’expression du désarroi de la direction du Réseau Biocoop pris au piège de ses prétentions/diversions, de ses amalgames ou de ses silences, quant à la problématique très épineuse de la quinoa ? Le Réseau Biocoop va-t-il tenter une dernière planche de salut, beaucoup moins savonneuse que la précédente, pour surfer, avec brio, et avec le bon vent, sur tous ces scandales de la quinoa, avec ou sans saponines ?
La finalité déclarée de ce second article sur la Quinoa bio-piratée est, ainsi, d’analyser les réponses désastreuses, pour sa réputation, du Réseau Biocoop, ou, plutôt, de ses diverses hiérarchies privées et coopératives, ou prétendues telles, dans leur réponse du 8 mai 2016, une réponse publique – non publiée publiquement – et demandant un droit de réponse – sans en faire la requête écrite, ou publique, auprès de Kokopelli :
« Cette réponse a prioritairement pour but de nous permettre de répondre aux sollicitations de nos clients et sociétaires suite à cette sollicitation, elle servira également à une éventuelle publication si Kokopelli nous accorde un droit de réponse… Dans ce cadre et en toute indépendance les commissions produits Biocoop, constituées elles-mêmes de sociétaires, ont défini une position sur le Quinoa et les référencements en cours que Biocoop SA sous l’impulsion de son Directeur Général met en œuvre, c’est de cette position que vont découler toutes les réponses aux questions ou affirmations formulées dans l’article « Bio piratage au cœur de l’anjou ».
Ce droit de réponse leur a été accordé et placé sur le blog de Kokopelli [29] et ce présent article constitue, donc, un second clou – de girofle bien sûr et pour la dynamiser – que nous allons, donc, enfoncer dans la pomme, bio certifiée et bio équitable , du Réseau Biocoop [6] quelque peu minée par les vers de la communication virtuelle. Virtuelle, sous tous aspects, peut-être ? En effet, aujourd’hui, il semblerait que la même règle énergétique s’applique à la Haute Hiérarchie du Réseau Biocoop que pour toute autre entité pratiquant ce type de “diversions”. Un organisme mensonger (Etat, parti politique, multinationale, institution publique, université, etc, etc.) arrive, un jour et inexorablement, à un seuil précipitant son effondrement lorsque la quantité d’énergie, nécessaire à la prolongation des voiles d’illusion, ne peut plus être générée par le dit organisme – et c’est une quantité d’énergie sans cesse croissante, d’ailleurs, de par les réactions de réveil et de survie du plus grand ensemble vampirisé par cet organisme psychopathique.
Le communiqué de la direction du Réseau Biocoop est d’autant plus surprenant que Kokopelli, le 2 mai 2016, a envoyé, à toutes les Biocoops, une proposition de partenariat avec notre campagne “Arche de Quinoa”. Cette proposition est adressée à toutes les Biocoops avec lesquelles Kokopelli travaille (les autres étant également, cependant, les bienvenues): le propos est de relayer le troisième objectif, de notre campagne, en distribuant à des jardiniers, au mois de mai, dans chaque Biocoop, 100 sachets de quinoa avec une fiche d’évaluation agronomique attachée par nos soins.
Quant à Didier Perréol, le patron du Lobby de l’Industrie Bio, son courrier a été posté à la suite du droit de réponse du Réseau Biocoop. Il s’avère que sa “clarification” la plus claire soit son injonction surlignée de supprimer mon premier article. Je l’ai donc convié, sur la scène publique, pour lancer un grand débat “participatif” sur la “transparence” de sa quinoa Bolivienne.
Un grand débat qui pourrait être suscité par notre campagne “Arche de Quinoa” dont les objectifs primordiaux sont de libérer les paysans, et les Peuples, de l’emprise des variétés captives de quinoas – à savoir des variétés qui ont été “protégées” par les fictions juridiques que constituent les Certificats d’Obtentions Végétales de l’UPOV et autres brevets internationaux – en promouvant, par la Fertilité, les variétés de Quinoas du Domaine Public qui, depuis plus de trente années, ont fait la preuve de leur adaptation à des écosystèmes aussi variés que ceux de l’Amérique du nord, de l’Europe de l’ouest, de l’Inde ou, encore, du Malawi en Afrique.
Cette campagne a, également, comme objectif d’inspirer tous les détenteurs de fictions juridiques portant sur la Quinoa (COVs et autres brevets) à remettre leurs variétés “protégées” par l’UPOV sous la protection des paysans et des Peuples qui en sont les Gardiens et les Gardiennes depuis de nombreux millénaires.
Nous souhaitons, d’ailleurs, remercier Jason Abbott, de la société Abbottagra, pour sa toute récente proposition de ne plus faire payer de royalties, sur ses trois variétés de quinoas brevetées, aux agriculteurs bios Français. Nous encourageons, fortement, Jason Abbott à étendre ces dispositions à tous les agriculteurs non bios, en Europe, et à intercéder auprès de l’Université de Wageningen pour que ces trois variétés brevetées soient réintégrées au Domaine Public. Nous le convions, également, à communiquer, généreusement et publiquement, sur son engagement tout récent et sur ses prospectives à moyen terme – dans un monde où la culture des quinoas brevetés va être fortement découragée. Vers la Libération de la Chisiya Mama.
Le Réseau Biocoop et l’exploitation des paysans de l’Altiplano Bolivien
En 2009, Charles Kloboukoff, le PDG du Groupe Léa Nature, s’épanche sur le désastre de la Quinoa Bolivienne lorsqu’on lui demande s’il a des regrets : [21]
« Oh certainement la crise du Quinoa. La demande a explosé en Europe et l’offre n’a pas été organisée. En Bolivie comme au Pérou, la culture de Quinoa, dopée par des prix très attractifs, s’est intensifiée à outrance. Du coup, la rotation des cultures a été abandonnée, l’élevage des lamas qui permettait d’enrichir la terre aussi, et la qualité du sol s’est dégradée très rapidement. Aujourd’hui, les rendements s’effondrent et les prix explosent… »
En 2011, Charles Kloboukoff rachète 30% des actions de la société Priméal de Didier Perréol. En 2014, il rachète – avec sa holding Compagnie Biodiversité – 70% du capital du Groupe Ekibio de Didier Perréol, comprenant 9 sociétés dont Priméal qui distribue une gamme de produits à base de quinoa. Aujourd’hui, Charles Kloboukoff est le président du Conseil d’administration de la Compagnie Biodiversité et Didier Perréol en est le vice-président; la Compagnie Biodiversité emploie 1160 personnes et possède 21 marques bios et d’autres naturelles. Le négoce scandaleux de la quinoa bio Bolivienne, ou Péruvienne, perdure, comme il a perduré pendant 25 ans, chez Priméal, chez Biocoop, chez Carrefour (avec Alter Eco), chez Markale (avec l’entreprise Quinoa-Bol), etc… à fond les polisseuses,
sauf que, hier, la direction du Réseau Biocoop [7], la main sur le coeur, promet que cela va changer, définitivement – du moins, cela ne va pas tarder à commencer à changer – dans 5 ans, après donc 30 ans de tergiversations:
« En 2016 nous avons élaboré avec Solidar’monde un plan de retrait à 5 ans (délai correspondant à des échéances financières de notre partenaire) »
En 2016, cela signifie-t-il la semaine passée ? En réaction au tsunami médiatique que l’Arche de Quinoa va impulser ? Car, depuis 2012, le Réseau Biocoop tenterait d’imaginer, avec Solidar’monde, des alternatives. Pour un monde solidaire, s’entend.
« Dès 2012 nous avons échangé avec Solidar’monde sur le fait qu’il fallait imaginer ensemble un désengagement de nos approvisionnement sur la quinoa d’Anapqui car nous cherchons à soutenir les initiatives de la culture en France, mais a cette période Solidar’monde traversait des difficultés dans son fonctionnement et nous ne souhaitions pas les déstabiliser. »
Qui est Solidar’monde ? C’est une centrale d’importation dont l’actionnaire principal est, depuis 2006, Artisans du Monde (à 51%) et dont les deux autres actionnaires principaux sont Réseau Biocoop et CTM Altro Mercato (une organisation italienne de commerce équitable). [22] Les difficultés financières évoquées par Biocoop font référence à plusieurs années de déficit énorme et une liquidation judiciaire considérée en 2010. Solidar’monde est l’un des principaux acteurs de la grande esbroufe du “commerce équitable”.
Une grande esbroufe et, en ce qui concerne la quinoa, un immense panier de crabes. En effet, lorsque le Réseau Biocoop affirme que :
« En préambule nous souhaitons affirmer que notre choix de suivre Priméal dans son travail avec la coopérative Anapqui en Bolivie… »,
veut-il impliquer que Priméal/Ekibio/Compagnie Biodiversité travaillerait encore avec la coopérative Bolivienne Anapqui ? Alors qu’il semblerait que cela fasse 20 ans que Perréol a lâché Anapqui lorsqu’il a voulu intégrer sa quinoa dans la distribution de la multinationale Carrefour.
La coopérative Bolivienne Anapqui est, en fait, le partenaire d’Artisans du Monde/Solidar’monde [23] dont Biocoop est actionnaire et dont Biocoop distribue des produits à base de quinoa, par exemple de la Quinoa Bolivienne à 19 euros le kilo. [24] [25] La coopérative Bolivienne Anapqui commercialise 75 % de sa quinoa auprès de l’organisation Allemande GEPA (un consortium d’institutions religieuses) [27] qui le redistribue auprès de Réseau Biocoop/Solidar’monde ou encore de la société Française de commerce équitable, Alter Eco (une filiale de la multinationale Royal Wessanen).
Quant à Didier Perréol, il a créé (avec son groupe Euro-Nat) une société en Bolivie, dès 1996, dénommée Jataryi. En 1997, Jataryi contrôle 3,7% de la quinoa Bolivienne; en 2003, elle en contrôle 25,2%.
« Tout d’abord, en 1996, l’entreprise Jataryi est créée dans le sillage du groupe Euro-Nat, holding spécialisée dans la transformation et la distribution de produits biologiques. Cette nouvelle organisation vient remplacer Anapqui dans la chaîne d’approvisionnement du groupe. Ce changement découle d’une demande de plus en plus forte de quinoa par le groupe en raison d’une stratégie commerciale agressive vis-à-vis des consommateurs du Nord sur ce produit et des accords passés avec le groupe Carrefour pour son approvisionnement. Anapqui s’avérant incapable de répondre aux demandes de volume et aux exigences de qualité imposées par EURO-NAT, visant d’une part à développer sa propre gamme de produits transformés à partir de quinoa, et d’autre part à fournir Carrefour, pour sa marque de distributeur « Carrefour Agir Bio », le groupe a décidé de favoriser la création d’une organisation alternative qui contrôle la production de quinoa biologique via la contractualisation de 150 producteurs. » [28]
On peut comprendre que des Biocoops, tels que les Scarabées Bios de la région de Rennes, aient boycotté la vente de la quinoa dans leurs magasins. [26] Car la Quinoa Bio-Equitable semble participer d’un immense brouillage de cartes. Qui, chez Biocoop, pourrait nous expliquer les triangulations/transactions existant entre Biocoop, Priméal, Jataryi, GEPA, Solidar’Monde, Anapqui, etc, etc? Qui, chez Biocoop, pourrait nous expliquer pourquoi le “plan de retrait” est – finalement, après 25 ans – devenu une priorité archi prioritaire? Parce que – ainsi que de nombreuses études le mettent en exergue – la monoculture de quinoa en Amérique Latine est en train de provoquer une catastrophe d’érosions sous tous aspects ?[28]
Le Réseau Biocoop continue de répandre la farce de l’exode rural, vers la coca, arrêté par la production de quinoa bio/équitable
Réseau Biocoop : « En préambule nous souhaitons affirmer que notre choix de suivre Priméal dans son travail avec la coopérative Anapqui en Bolivie a effectivement pour but d’ancrer les paysans andins sur l’altiplano plutôt que d’accentuer l’exode qui amenaient ces paysans à descendre dans la vallée pour travailler à la culture du coca (cela dans les années 95) ».
Le Réseau Biocoop a l’outrecuidance d’évoquer une rumeur passagère datant de 1995 pour valider son soutien inconditionnel à Priméal, dont l’ex-propriétaire est Didier Perréol. Didier Perréol est, également, pour un second mandat, la patron de l’Agence Bio, l’Industrie Bio. Il est aussi l’instigateur du Davos de l’Ecologie, “la Bio dans les Etoiles”, qu’il serait plus avisé de renommer “la Bio dans les Etoilettes” car il est bien clair que la Bio Industrielle a besoin d’un bon toilettage… tout autant que la mémoire de certains de ses dirigeants.
En effet, Didier Perréol, dans son courrier du 12 mai 2016, adressé à Dominique Guillet, précise que :
« … Ça n’a jamais été “un ballon de baudruche” mais bien un réel engagement. D’ailleurs je n’ai jamais parlé que la culture du quinoa permettrait aux boliviens d’arrêter la coca (as-tu un écrit ?!!), ça n’a jamais été mon discours ».
Alors que l’on retrouve un article de la chaine bio Satoriz, datant de 2000, [4] qui affirme :
« Nous ne terminerons pas cette présentation sans parler de “Point d’appui”. Cette association, très liée à Priméal, a pour but d’aider les Indiens à vivre de leur récolte et de lutter contre l’attrait dévastateur du travail du coca, autre pilier nettement moins noble de l’économie locale. Beaucoup de paysans n’ont en effet pas le choix, et faute de revenus ils quittent leur village pour rejoindre les lieux de travail du coca, dans les vallées. Ce travail est dangereux, car les hommes foulent les feuilles de leurs pieds, en contact permanent avec un acide qui les ronge. Il est souvent illégal, le gouvernement essayant de l’interdire. En garantissant un prix à l’année au quinoa et en reversant une partie du montant des achats à “Point d’appui”, Priméal contribue à aider les Indiens à vivre sur leurs terres d’un travail étroitement lié à leur histoire. Les fonds recueillis permettent des aménagements pour acheminer l’eau, l’achat de matériel médical et la formation des paysans aux techniques de l’agriculture biologique ».
Et alors que l’associé lui-même de Didier Perréol, dans la société Jatarayi, précise en 2003 [5] que :
« On a longtemps dit que les paysans qui quittaient les hauts plateaux allaient cultiver la coca, ce qui était vrai il y a quelques années. Mais cette activité étant de plus en plus surveillée et contrée par le gouvernement, ceux qui quittent l’altiplano connaissent maintenant un sort encore pire, ils se retrouvent à mendier. Cultiver la quinoa est leur seule alternative digne, à nous de savoir la vendre ».
Si tant est qu’un certain exode ait pu exister sur l’altiplano vers les régions productrices de coca, nous n’en avons trouvé aucune trace sur internet sous forme d’étude sociale ou autre. Il est possible que ce fut longtemps dit…
En tout cas, la plupart des études qui ont été réalisées sur la quinoa, en Amérique Latine, mettent l’accent sur les énormes dangers que fait courir cette monoculture au service de Nestlé et de quelques entrepreneurs Européens : destruction de la culture Andine, destruction des espèces alimentaires vivrières Andines, érosion des sols, malnutrition, contamination par les pesticides, etc…. La plupart de ces problématiques s’appliquent tout autant, bien évidemment, aux formes de monoculture bio de quinoa.
Dans un rapport [20], publié par Maribel Alexandra Quelal Vasconez et l’INIAP de l’Equateur en 2010, concernant la culture de la quinoa dans les régions de Chimborazo et d’Imbabura, des haut-lieux de la culture ancestrale de cette espèce, il apparaît que la quasi-totalité des paysans cultivent la nouvelle variété “Tunkahuan” sans saponine – en monoculture, et parfois avec deux récoltes dans l’année.
Le Réseau Biocoop part à la défense des Certificats d’Obtentions Végétales !
La direction du Réseau Biocoop n’a pas peur du ridicule : elle part à la défense des Certificats d’Obtentions Végétales (les COV du système UPOV) “captivant” les variétés de quinoas cultivées en France :
« Les variétés de Jason Abott ne sont pas brevetées , mais protégées par le système de « droits d’obtenteur », autrement dit, « certificat d’obtention variétale (COV) ». Le COV permet de laisser la ressource libre d’accès aux autres personnes (obtenteurs, agriculteurs, citoyens…) à des fins de recherche. N’importe qui peut utiliser librement et gratuitement la nouvelle variété pour en créer une autre, sans qu’il soit nécessaire d’avoir l’accord du propriétaire. Ainsi sous COV, un obtenteur a le droit d’utiliser librement les variétés existantes pour obtenir une nouvelle variété, alors que sous le système de brevet ceci est interdit. Jason abot et son interlocuteur de l’université de Wageningen sont opposés moralement au système de brevets dans le domaine végétale qui de plus est une contrainte dans leur sélection de nouvelles variétés de quinoa. »
alors, qu’en septembre 2015, elle s’affichait comme le partenaire privilégié du Réseau Semences Paysannes [13] dans sa Campagne Semences Paysannes. Doit-on rappeler que l’un des objectifs du RSP est la lutte contre le dit système UPOV ?
Nous invitons, ainsi, les têtes contrôlantes, sinon pensantes, du Réseau Biocoop, à lancer leurs Mousquetaires Bios (ou leurs Moustiquaires ??) de la communication “professionnelle” sur le front des brevets pour expliquer, aux consommateurs avertis, en quoi le Certificat d’Obtention Végétale (COV) et le dit “brevet” (tous deux des fictions juridiques) diffèrent sur le plan de la captivité. Une variété sous “protection” de COV est une variété qui n’est pas dans le Domaine Public: elle est donc brevetée – dans le sens le plus commun du terme.
Faudra-t-il donc utiliser, dorénavant, le terme “variétés captives” pour que les poltrons ne puissent se cacher la tête dans les sables mouvants des terminologies agronomiques débiles qui constituent le fondement même de l’agriculture biocidaire ? Ainsi que l’a, maintes fois, répété Jean-Pierre Berlan, il n’est que temps de dénoncer et d’éradiquer le double-langage pernicieux de l’agriculture moderne – même s’il constitue le fondement de l’Industrie Bio.
Le Réseau Biocoop prétend qu’il n’existerait pas de relations entre Nestlé et l’Université de Wageningen
Réseau Biocoop : « Nestlé a participé par le passé au financement d’un essai variétal chilien sur le quinoa auquel participait l’INIA (l’INRA chilien) et l’université de Wageningen mais il n’y a pas plus de lien à ce jour entre l’université de Wageningen et Nestlé ».
Tout d’abord, tenter de dissocier la multinationale criminelle Nestlé de la Quinoa (sous tous aspects) en Amérique Latine, c’est un peu pratiquer la politique de l’autruche qui s’enfonce la tête dans le sable, bien chaud, de sa prospérité économique – fondée sur le pillage de la biomasse du Tiers-Monde – devant l’arrivée du tsunami médiatique.
Comment pourrait concevoir une absence de relations entre l’Université de Wageningen en Hollande – l’université agronomique Hollandaise, par excellence, ou par génocide, en fonction des paradigmes de tout un chacun – et Nestlé, l’une des multinationales de l’alimentaire les plus criminelles et au même rang que Syngenta, Cargill, Bayer, Monsanto, etc – ces deux derniers étant aujourd’hui même en conciliabules de fusion afin d’accentuer leur capacité biocidaire.
L’un de leurs récents partenariats concerne une étude lancée par Nestlé pour lutter contre l’obésité. Nestlé et l’Université de Wageningen viennent de découvrir, ensemble, qu’il faut mâcher sa nourriture – pour un meilleur équilibre nutritionnel! [14] Leurs découvertes révolutionnaires ont été publiées, récemment, dans la revue Appetite! Bon Appétit… ou Bonne Chance, comme le répète, souvent, notre vice-président Pierre Rabhi – car le mode alimentaire que ces malfrats mafieux ont imposé à l’humanité est une contamination génocidaire et permanente.
Les Triangulations, en Equateur, entre Nestlé, l’Université de Wageningen et l’INIAP
Selon le chapitre 5.3 “Quinoa in Ecuador” de l’ouvrage de la FAO, “State of the Art Report on quinoa around the world in 2013” :
« Durant les années 1980, Nestlé et l’INIAP jouèrent un rôle vital pour sauver les cultures Andines et la quinoa constituait alors leur priorité. Nestlé établit le centre de recherche et de développement Latinreco qui publia, en 1991, un rapport sur les cinq dernières années de recherche sur la quinoa en Equateur ».
Le contrôle de la Quinoa, par la multinationale Nestlé, se met en place en Equateur en 1982/1983 avec la création du centre Latinreco. [18] C’est également cette année là que l’INIAP en Equateur crée une section “cultures andines” et commence à en collecter les ressources génétiques, à savoir 608 variétés de quinoa (dont 54% proviennent du Pérou et de la Bolivie), 434 variétés d’amaranthes à grains et 529 variétés de chocho (Lupinus mutabilis). L’INIAP (Instituto Nacional de Investigaciones Agropecuarias) est l’institution agronomique de l’Equateur qui possède toute la collection de variétés de quinoas du pays, et autres collections d’espèces alimentaires.
Le document publié par Nestlé “Quinoa, hacia su cultivo commercial” fait référence 65 fois à l’INIAP – ce qui est pour le moins normal car le centre de Nestlé fait ses expérimentations de quinoa en partenariat avec l’INIAP dont il utilise les centaines de variétés, collectées dans les divers terroirs de l’Equateur, ainsi que les connaissances agronomiques et les traditions culturales afférentes à ces variétés millénaires.
L’Université de Wageningen, et Jason Abbott, prétendent que leurs trois variétés brevetées sont issues de ressources génétiques Equatoriennes de quinoas, pour ce qui concerne l’absence de saponines – ressources génétiques qui auraient été collectées avant les années 1980 (donc avant l’imposition des ballons de baudruche que sont la Convention sur la Biodiversité et le Protocole de Nagoya). Cela signifie, de deux choses l’une, ou les deux :
- que ces variétés de quinoa Equatoriennes, sans saponines, ont été collectées en Equateur, dans les années 1980, par des chercheurs de l’Université de Wageningen (soit chez les paysans, soit dans les banques de semences de Nestlé et de l’INIAP) afin de créer de nouvelles obtentions financièrement rentables – ce qui est du biopiratage.
- que ces variétés de quinoa Equatoriennes, sans saponines, sont en fait les nouvelles obtentions officielles et “améliorées” de l’INIAP, introduites en 1991/1992, telles que “Tunkahuan”, “Ingapirca” et “Pata de Venado”, qui ont été directement acheminées par un chercheur de l’INIAP vers l’Université de Wageningen – un chercheur tel que, par exemple, Jose Benjamin Ochoa Lozano, qui est l’auteur [19], d’une étude sur le mildiou dans la quinoa, publiée par l’Université de Wageningen, en 1995. Jose Benjamin Ochoa Lozano fut l’invité spécial de cette Université Hollandaise en tant que “investigateur invité” – entre 1991 et 1995. Rappelons que 1991 est le début des recherches réalisées par cette université sur le thème de la quinoa. Les variétés Equatoriennes sus-dites et “améliorées” sont bien évidemment directement issues de la biodiversité traditionnelle paysanne Andine – provenant, en fait, tout autant de l’Equateur que des autres pays de la zone. Elles ont été utilisées comme parentes, par l’Université de Wageningen, afin de créer de nouvelles obtentions résistantes au mildiou (d’où la présence, à Wageningen, de Jose Benjamin Ochoa Lozano, un expert du mildiou sur la quinoa) et financièrement rentables – ce qui est du biopiratage.
Les Triangulations, au Chili, entre Nestlé, l’Université de Wageningen et l’INIA
L’Université de Wageningen et Jason Abbott prétendent que leurs trois variétés brevetées sont issues de ressources génétiques Chiliennes de quinoas, pour ce qui concerne la capacité de croitre en jours longs.
Il n’est que de parcourir la brochure officielle de l’INIA (Instituto Nacional de Investigación Agropecuaria), au Chili, pour découvrir les relations existant, dans le secteur du développement de la quinoa, entre cet organisme du Ministère de l’Agriculture Chilien, d’une part, et Nestlé et l’Université de Wageningen, d’autre part. [17] Un tel partenariat fut réalisé, par exemple, l’an passé [12] [10] lors d’un séminaire sur de nouvelles variétés de quinoas pour des produits alimentaires à valeur ajoutée – auquel participait également, en sus de Nestlé, South Pacific Seeds Chile S.A. (une branche de la société Australienne South Pacific Seeds) [11] qui possède les droits des trois variétés de quinoa brevetées par Wageningen et qui en cultive à grande échelle. Le séminaire se terminait, bien sûr, par une visite du site de Nestlé.
En fait, l’Université de Wageningen travaille en étroite collaboration avec Nestlé/Chili, au centre de l’INIA à La Platina, depuis fort longtemps. Il existe des dizaines de sites internet qui se font l’écho du partenariat Wageningen/Nestlé au Chili. Il n’est que de consulter les déclarations officielles [9] de Francisco Rossier, le directeur de Wageningen UR-Chile, lorsqu’il déclare que la genèse du projet (à savoir la culture de la quinoa industrielle au Chili) dépendait de l’aide apportée par la Hollande à des études réalisées au Chili :
« La FAO était dans l’année de la Quinoa, le Chili commençait à produire plus et il existait des nouvelles variétés en Europe; nous nous lançâmes, donc, dans l’étude de ces variétés avec l’INIA, en la personne du Dr. Manuel Pinto, et avec Robert Van Loo (de l’Université de Wageningen) comme investigateur basé en Hollande. Nous avions comme partenaires, de plus, Nestlé, pour la partie commerciale, ainsi que South Pacific Seeds, pour les semences ».
Manuel Pinto déclare, dans le même article [9], et dans d’autres [8], que la grande majorité de la culture industrielle de quinoa de ces quatre nouvelles variétés sans saponines, brevetées par Wageningen et Jason Abbott, est destinée exclusivement à Nestlé pour ses mélanges de céréales et pour ses galettes. Le marché qui intéresse, également, Nestlé, avec ces nouvelles variétés, est le marché de la fracturation des protéines, le marché des protéines concentrées; c’est également le marché industriel de par la nature de l’amidon de la quinoa. Il est également précisé que les agriculteurs Chiliens doivent payer des royalties s’ils souhaitent utiliser ces quatre variétés.
Précisons également que dans l’article sus-cité, l’accent est mis sur le package technologique qui est apporté aux paysans se lançant, corps et âmes, dans la monoculture industrielle de la quinoa. Manuel Pinto précise que l’un des acteurs importants de ce projet de quinoa industrielle, sans saponine, est l’entreprise Nestlé « qui a travaillé, durant tout ce temps, dans l’usage de la quinoa comme ingrédient dans les aliments pour les personnes âgées et les bébés et dans d’autres aliments processés. Il ressort qu’au travers de tout ce projet, on a pu travailler en association avec l’industrie et les producteurs pour leur offrir un paquet technologique leur permettant de savoir comment semer, quelle variété, dans quel sol, quelle fertilisation utiliser, quel contrôle des adventices et des pathologies, comment récolter de manière efficace avec de la machinerie – en établissant une chaine de valeurs depuis le producteur jusqu’à l’industrie, de manière ininterrompue, de telle sorte que l’approvisionnement de la quinoa pour l’industrie soit approprié, avec les quantités adéquates et sans contamination alimentaire afin de produire des aliments de qualité ».
Faut-il vous envelopper cette quinoa, sans saponine, ou est-ce pour consommer de suite? Sans contamination alimentaire sauf, bien sûr, celles de tous les pesticides, qui se comptent par milliers, autorisés par les Etats, valets des multinationales de l’agrochimie.
Le Réseau Biocoop prétend que la mutagenèse ne représenterait aucun intérêt pour la quinoa
Réseau Biocoop: « Les variétés sélectionnées par l’université de Wageningen et Jason Abott proviennent de croisements réalisés en Hollande entre des populations chiliennes (adaptation aux jours longs) et Equatoriennes non-amères. Ces variétés européennes ne sont pas issues de mutagénèse qui ne présente pas d’intérêt pour le quinoa ».
Les variétés de Jason Abbott, qui sont cultivées en France, ne sont peut-être pas issues de mutagenèse mais il est difficile de prêter attention aux déclarations de l’Université de Wageningen, à ce sujet, vu le tissu de désinformation que constitue leur propagande internet. Cependant, ainsi que nous l’avons déjà écrit, c’est l’Université de Wageningen qui a publié, dans son ouvrage “Mutagenesis: exploring novel genes and pathways”, la contribution de l’agronome Péruvienne Gomez-Pando “Development of improved varieties of native grains through radiation-induced mutagenesis”, à savoir “Développement de variétés améliorées de grains natifs par le biais de la mutagenèse induite par radiation” (au chapitre 4). [1] Gomez-Pando est également l’auteure de l’étude “Developing Genetic Variability of Quinoa with Gamma Radiation for Use in Breeding Programs”, à savoir “Développement de la variabilité génétique de la quinoa avec des radiations Gamma pour de futurs programmes d’obtention”. [2] Gomez-Pando travaille, par les techniques de la mutagenèse, à la création de nouvelles variétés de quinoa et d’amaranthes à grain à l’Université de la Molina au Pérou – une université qui a signé, en 2013, un partenariat avec l’Université de Wageningen [3] portant sur l’amélioration variétale par la mutagenèse.
La Saga des Saponines à éradiquer des Quinoas
À la question : « Pourquoi Biocoop vend plus cher la quinoa Française que la quinoa bolivienne ? » Le Réseau Biocoop répond:
« Parce qu’il n’est pas facile de cultiver les variétés sans saponine en Europe et il faut bien payer les producteurs pour les motiver. Le travail de sélection n’en est qu’à ces début. Il y a encore un gros travail de sélection à réaliser pour avoir des variétés sans saponine adaptées au bio et plus productives ».
Il est très intéressant de noter que les affirmations de Biocoop reposent tout autant sur la page officielle de l’Université de Wageningen, que sur les déclarations du directeur de Wageningen au Chili : à savoir que c’est cette université même qui a créé – par croisements et rétrocroisements – des variétés douces de quinoas sans saponines. Afin de se protéger, en mentant effrontément, d’éventuelles attaques portant sur leur biopiratage * – ou leur biopiraterie, selon le terme juridique en vigueur ?
Les variétés douces de quinoas existent, même si minoritairement, dans certains terroirs Boliviens et Equatoriens – depuis des générations. Et on voit difficilement en quoi elles ne seraient pas adaptées à la bio puisqu’elles sont issues, intrinsèquement, d’une agriculture bio.
Si le Réseau Biocoop se réfère aux variétés douces brevetées par Jason Abbott, veut-il dire que ces variétés ont été sélectionnées pour une agriculture chimique lourde ? De quoi parle-t-il, en fait, lorsque l’on sait qu’en 2015, il y eut des rendements de deux tonnes/hectare, avec ces trois variétés, en Belgique, et en agriculture bio ?
Comment le Réseau Biocoop peut-il prétendre que le travail de sélection n’en est qu’à ses débuts alors que cela fait trente ans que Frank Morton, en Oregon, sélectionne des variétés de quinoas adaptées à nos climats ?
Il est vrai que les variétés de Frank contiennent encore de la saponine. Mais pourquoi n’en contiendraient t’elles pas ? Juste parce que de nouvelles tendances se font jour dans le marketing ?
En effet, aujourd’hui, le business de la quinoa change, très partiellement, de mains et le mensonge fait place à d’autres mensonges. La quinoa locale est maintenant cultivée en France mais avec des variétés sélectionnées sans saponines et prétendument exclusivement adaptées à nos régions du nord-ouest de l’Europe – et, pour ce, placées sous la “protection” de COVs. Depuis 1993, nous avons prouvé que la panoplie de variétés anciennes ou récentes, que nous présentons dans notre gamme, est amplement adaptée à la France tout comme elle l’est à l’Oregon, aux USA, ou au Malawi, en Afrique. Pourquoi ces variétés ont-elles, alors, été boudées par les agriculteurs? Par méconnaissance et surtout aussi par le fait que ceux qui détiennent les brevets – et contrôlent le négoce de la quinoa française – sont ceux-là mêmes qui surfent sur la vague de la quinoa sans saponines, des substances amères, dont il existe 13 types dans la quinoa.
Ces saponines (présentes dans le péricarpe des grains de la très grande majorité des variétés existantes de quinoa) sont très intéressantes pour l’industrie mais beaucoup moins pour l’alimentation et elles représentent, souvent, un problème pour les agriculteurs ne souhaitant pas investir dans une polisseuse (coûtant environ 5000€). En fait, un tel investissement représente, à moyen terme, beaucoup moins de dépenses que les “cotisations” volontaires (dans le sens d’auto-infligées) et obligatoires afférentes à l’utilisation des trois variétés de quinoas disponibles en France – avec en supplément une indépendance totale sur le plan des semences et, surtout, un coût de production moindre.
De plus, ainsi que nous l’avions déjà évoqué, en 1994, les variétés de quinoas sans saponines n’intéressent pas vraiment les paysans, en Amérique Latine, parce qu’elles ne confèrent aucune protection contre les prédateurs – qui adorent et dévorent les grains exempts de saponines. Des expérimentations, en Angleterre, l’ont de nouveau prouvé vers les années 1982/1983. Certains témoignages actuels, de paysans Européens, prouvent que ce n’est pas toujours le cas, et fort heureusement. Nonobstant, c’est un risque énorme que ces variétés sans saponines font prendre aux paysans; et nous venons de le constater, de nouveau, en ce début de mois de mai 2016, dans le nord de l’Equateur.
Un paysan nous a, en effet, expliqué qu’il était obligé de faire, parfois, deux traitements insecticides chimiques – alors qu’il fait partie d’un groupe promouvant des pratiques agroécologiques – contre les insectes prédateurs avec l’unique variété qu’il cultive, depuis plusieurs années, à savoir la variété Tunkahuan, une variété “améliorée” sélectionnée par les agronomes, et sans saponine, introduite par le ministère de l’agriculture de ce pays en 1992 – à partir d’une variété douce, donc sans saponine, collectée, en 1985, dans la région de Carchi, en Equateur et introduite dans la banque de semences de l’INIAP sous la référence ECU-0621. Cette variété est présentement commercialisée sur le marché d’Otavalo sous le nom de “Michka”, ce qui signifie “douce” dans la langue Quechua. En 1992, également en Equateur, fut introduite une autre variété “améliorée”, et sans saponines, sous le nom de “Ingapirca”. Elle est issue d’une variété douce, donc sans saponine, collectée en 1980 dans la banque de semences de Puno, au Pérou – et introduite dans la banque de semences de l’INIAP sous la référence ECU-0507 – et “améliorée” par les agronomes de l’INIAP à partir de 1983. En 2005, encore en Equateur, fut introduite une autre variété “améliorée”, et sans saponines, sous le nom de “Pata de Venado”. Elle est issue d’une variété collectée dans la banque de semence de Patacamaya en Bolivie, en 1983. Elle a été sélectionnée à partir de 2001, par l’INIAP, et elle s’appelle également “Taruka Chaki”.
Les “sélections” récentes de quinoas douces en Equateur, (tout comme en Bolivie avec les “Sajamas”) sont issues de variétés traditionnelles (qui ont toujours existé [16]) sélectionnées par les paysans pour leur douceur et vraisemblablement dans des écosystèmes où l’impact des prédateurs est moindre – où totalement intégré dans la cosmovision des Peuples Andins de ces régions car les insectes et les oiseaux, tout comme les plantes, font partie de l’ayllu. Nous conseillons, aux lecteurs intéressés, de se reporter, sur le site de Kokopelli, à l’article “Semences dans les Andes Péruviennes”. [15]
Selon les agronomes passionnés de quinoas que furent, dans les années 1960/1980, Tapias et Gandarillas, les pertes de récoltes, dues aux prédateurs dans les variétés douces de quinoas, sont en moyenne de 40% en Amérique Latine. La monoculture exclusive de ces variétés douces est la malédiction des agronomes Occidentaux, ou de déformation Occidentale – qui, pour certains, sûrement, pensaient bien faire – le syndrome du plus blanc que blanc.
Tout au contraire, chez un autre paysan du centre de l’Equateur, nous avons découvert une très ancienne variété de quinoa (la variété de la grand-mère et dans la famille depuis des siècles), avec saponines, qui atteint 2m70 de hauteur (et 7 cm d’épaisseur au collet de la tige), qui produit 1 ou 2 kilos de grains par plante et qui n’est jamais attaquée par des prédateurs, insectes ou oiseaux. Cette variété ancienne demande 6 mois de croissance, à ces altitudes de 2500 mètres, mais les paysans ne sont pas pressés et les saisons sont inexistantes. Elle se sème, sans apport organique, au milieu des légumes, des fèves, etc. Le seul désavantage, de cette variété très résiliente, est sa productivité: des branches se cassent parfois sous le poids des graines. C’est le legs et la bénédiction de la grand-mère – et de la Pachamama – pour les générations futures et présentes.
Les paysans de l’Amérique Latine ont su, ainsi – en l’espace de 12 000 années – sélectionner et développer, et par plusieurs voies de domestication (selon la thèse officielle), 5 groupes très diversifiés de quinoas à partir de diverses espèces de chénopodes sauvages. Ces 5 groupes se répartissent, en Amérique du sud, du niveau de la mer à plus de 4000 mètres d’altitude, et sur un espace allant de 2° Nord de latitude (au sud de la Colombie) à 47 ° Sud de latitude (au sud du Chili) – ce qui représente une distance d’environ 5000 kms.
Ne pourrait-on pas imaginer que si les Peuples Andins n’ont pas privilégié – en l’espace de 12 000 années – des variétés sans saponines, c’est que cela ne représentait aucun intérêt vital, d’un point de vue nutritionnel, et strictement aucun intérêt, d’un point de vue agronomique ? Ne pourrait-on pas imaginer que des Peuples supposés capables de transformer des chénopodes sauvages en plantes de quinoa, portant jusqu’à 2 kilos de grains hyper-nutritionnels, auraient été très capables de supprimer – s’ils l’avaient souhaité et à jamais – la saponine de leurs variétés de Quinoas ?
Pourquoi donc les variétés anciennes de quinoa ont-elles été abandonnées, ou éradiqués, inexorablement dans divers pays d’Amérique latine ? Demandez-le donc à Nestlé et aux planificateurs agricoles, de toutes sectes politiques, au service des multinationales de l’alimentation.
Pourquoi donc les variétés anciennes de quinoa faisaient-elles preuve de tant de résilience, de résistance à la salinité, de résistance à la sécheresse, de résistance aux prédateurs et de productivité dans des terrains pauvres? Demandez-le donc à la Pachamama.
Pour la Libération de la Chisiya Mama.
Xochi, le 13 mai 2016.
* Le Terme biopiratage fait, bien évidemment, référence à un ordre éthique, si tant est que ce concept possède, de nos jours, une quelconque valeur dans nos sociétés d’indécences. Nous n’avons aucune confiance dans le Système d’Injustice Internationale ou dans ses pseudopodes – tels que la Convention sur la Biodiversité, le Protocole de Nagoya ou encore le Protocole de Cartes à Gènes – pour accorder aux Peuples le privilège de continuer à être les Gardiens et les Gardiennes de leurs cultures ancestrales et multi-millénaires.