Classification botanique
Les Haricots, du genre Phaseolus, font partie de la Famille des Fabaceae et de la Tribu des Phaseoleae. Le genre Phaseolus comprend environ 55 espèces connues. Du genre Phaseolus, au sens strict, seulement 5 espèces ont été domestiquées sur les 55 espèces qui sont actuellement répertoriées. Ce sont les suivantes :
– Phaseolus vulgaris
– Phaseolus coccineus
– Phaseolus lunatus
– Phaseolus acutifolius
– Phaseolus polianthus.
Histoire
Voici quelques noms communs que l’on trouve pour cette espèce : haricot d’Espagne (en Français) ; scarlet runner (en Anglais) ; ayocote, botil, patol (au Mexique) ; chomborote, piloy (au Guatemala) ; cuba (en Costa-Rica).
Cette espèce a été cultivée sur les haut-plateaux de Méso-Amérique depuis très longtemps. Dans le Mexique pré-Colombien, les peuples de l’Anahuac la cultivaient abondamment. Son introduction en Colombie ne daterait que de quelques siècles.
Cette espèce n’a été retrouvée dans des fouilles archèologiques qu’à Durango et Puebla au Mexique. On a également retrouvé, sous sa forme sauvage, dans les grottes de Tamaulipas au Mexique. Bien que les informations archéologiques soient peu abondantes, on peut assumer que sa domestication Mexicaine a pris place dans les régions élevées en altitude.
La culture de Phaseolus coccineus a été considérablement abandonnée depuis quelques dizaines d’années en raison de l’éradication des anciennes variétés de maïs (dont les variétés modernes sont plus précoces et dont les tiges sont beaucoup plus fragiles), en raison de l’utilisation de fertilisants de synthèse et d’herbicides et en raison de l’introduction d’espèces Européennes plus faciles à écouler sur le marché local (choux, laitues…).
Nutrition
Ce sont les grains matures ou immatures qui sont consommés. Ils contiennent un acide aminé rare, la S-methyl cystéine.
Au Mexique, les racines de la plante sont utilisées à des fins médicinales. On y consomme également les fleurs.
La consommation de grains immatures permet d’étendre la période de récolte à de plus hautes altitudes car les plantes repartent de la racine après de légères gelées.
En Europe, les gousses sont cueillies lorsque le grain commence juste à se former et elles sont consommées comme des haricots verts. Les variétés à grains blancs étaient utilisées au siècle passé en sec.
Conseils de jardinage
Le Phaseolus coccineus est une plante vivace qui peut repousser à partir de ses racines tubéreuses pendant plusieurs années. C’est une plante de jours longs mais qui, cependant, a de la peine à former la gousse lorsque les températures sont bien au-delà de 25 °C. Il fleurit dans ce cas abondamment sans pouvoir fructifier.
La culture de cette espèce nécessite un treillage ou des tuteurs car ce sont des plantes grimpantes sur plusieurs mètres. Les graines sont semées en place (à 10 cm d’intervalle) lorsque les risques de gelées sont passés. Dans les régions dont la saison de croissance est courte, les graines peuvent être semées à l’abri dans des godets de tourbe trois semaines avant le repiquage, lorsque l’on souhaite emmener la plante à maturité complète.
C’est une espèce très intéressante. En effet, elle peut pousser à de hautes altitudes (jusqu’à 2 800 mètres au Mexique et au Guatemala). De plus, elle supporte de plus basses températures de croissance (12 °C) et de plus grandes précipitations (jusqu’à 2 600 mm par année) que les autres espèces cultivées de Phaseolus. Elle est, par contre, peu adaptée aux plaines tropicales.
Pollinisation
La fleur de Phaseolus coccineus est parfaite et auto-féconde. Les pollinisations croisées sont les plus communes et les insectes et oiseaux (abeilles, bourdons et oiseaux-mouches) en sont le vecteur principal. Certains bourdons, par contre, tels Bombus lucorum et Bombus terrestris, sont de très mauvais pollinisateurs car ils ont une courte langue et sont obligés d’aller recueillir le nectar en perçant un orifice à la base des fleurs ! Ces dernières sont de couleur blanche, rouge vif ou panachées de rouge et de blanc.
Il est donc conseillé d’isoler deux variétés de Phaseolus coccineus d’au moins 500 mètres à 1 kilomètre si l’on veut conserver la pureté variétale. Les distances d’isolement sont en fait déterminées par la présence d’insectes pollinisateurs ainsi que la présence de barrières végétales naturelles ou cultivées.
Afin de garantir une pureté variétale maximale, lorsque plusieurs variétés sont cultivées dans le même jardin, il est nécessaire d’isoler les plantes dans des voiles de protection. Les plantes au port bas peuvent être protégées par des cages confectionnées avec une armature en bois et de la moustiquaire ou du tulle. Les plantes ramantes requièrent une protection plus laborieuse : il est nécessaire d’ensacher les fleurs individuelles ou bouquets de fleurs. L’ensachage en papier kraft va bloquer la lumière solaire et empêcher les fleurs de se développer. L’ensachage en plastique va générer trop de chaleur. L’idéal est d’envelopper les fleurs avec des voiles tissés ou des moustiquaires qui doivent rester en place jusqu’à ce que toutes les fleurs aient été fécondées. Lorsque la protection est ôtée, il faut veiller à bien étiqueter les fleurs fécondées sous protection afin que les semences pures variétalement ne soient pas mélangées au moment de la récolte.
Il existe, de plus, une possibilité d’hybridation inter-spécifique. La SNHF a reporté, en 1921, que Philippe de Vilmorin avait obtenu d’intéressants hybrides par croisement de Phaseolus coccineus et de Phaseolus vulgaris. Nous n’avons pas d’informations sur la probabilité des tels croisements dans le jardin dans des conditions naturelles.
Production de semences
Il est essentiel de réserver des plantes qui soient exclusivement consacrées à la production de semences.
En effet, il n’est pas du tout conseillé de consommer les premiers grains, en frais ou en demi-sec, pendant quelques semaines et de ne garder que les semences produites en fin de croissance de la plante.
Il faut veiller, également, au cours de la croissance, à sélectionner les plants les plus beaux, les plus sains et les plus productifs qui peuvent être alors signalisés par un ruban, une étiquette, ou tout autre moyen permettant, au moment de la récolte, de les reconnaître, lorsque toutes les plantes ont complètement séché sur place. Lorsque le temps est humide, on peut aussi ramasser les plantes porte-graines afin de les pendre dans un endroit sec et ventilé pour achever le séchage. Pour vérifier que les graines soient réellement sèches, il suffit d’en mordre une doucement : si la dent n’y laisse aucune trace, le séchage est alors complet.
Le nettoyage final consiste à ôter les semences des gousses sèches. En fonction des variétés, cela prend plus ou moins de temps. Pour de petites quantités, le décortiquage peut être fait à la main. Pour de plus grandes quantités, on peut mettre les gousses sèches dans un sac (de jute, de toile…) et les battre, avec un bâton par exemple.
Il est fortement conseillé, lorsque les graines sont complètement sèches, de les mettre dans un récipient étanche et de les passer au congélateur (à très basse température) pendant plusieurs jours : c’est une façon très efficace de se débarrasser des infestations de bruches qui pondent leurs œufs sous l’épiderme des haricots. La durée de congélation dépend de la capacité du congélateur à descendre rapidement en basses températures et surtout de la quantité de semences que l’on souhaite congeler. Lorsque les semences sont sorties du congélateur, il est conseillé de ne pas ouvrir le récipient de suite (afin d’éviter une formation de condensation) et de le laisser à température ambiante pendant une journée.
Les semences de Phaseolus coccineus ont une durée germinative moyenne de trois années. Le poids de 100 graines varie entre 80 et 170 grammes. Leur germination est hypogée : type de germination de la graine, dans lequel celle-ci reste à l’intérieur du sol ; la portion de tigelle située au-dessus des cotylédons s’allonge plus vite que la partie hypocotylée située sous les cotylédons ; la gemmule, ou premier bourgeon, et les premières feuilles, seules, se trouvent élevées au-dessus de la terre.