Pourquoi une telle initiative ?

Kokopelli, via sa campagne Semences Sans Frontières, répond aux demandes de ces paysans en situation de détresse alimentaire en leur offrant les graines à partir desquelles ils pourront retrouver leur autonomie semencière. La campagne Semences Sans Frontières redonne espoir à de nombreuses communautés rurales qui se réapproprient leur production semencière et alimentaire et sortent ainsi de la dépendance vis‐à‐vis du marché.

Depuis la création de Kokopelli en 1999, nous avons fait don de plus d’un millier de kilos de semences dans des milliers de communautés rurales des pays les plus pauvres de la planète – ces pays que l’Occident assassine par l’affamement.
Ces semences ont été distribuées soit à partir de Kokopelli France et Belgique, soit à partir de notre banque de semences Annadana à Auroville – créée en Octobre 2000 – soit lors des très nombreuses missions de formation animées par Dominique Guillet en Afrique, en Amérique centrale, en Amérique du sud et en Asie du sud-est.

Cette progression rapide est due autant à l’insécurité alimentaire prévalente, et sans cesse croissante, qu’à la perte de biodiversité semencière générée par la destruction des agricultures vivrières.
Aujourd’hui, la situation désastreuse dans laquelle se trouve l’agriculture mondiale pousse les peuples à un retour vers une agriculture plus familiale, plus conviviale et plus soucieuse des équilibres fragilisés de la biosphère, en bref vers une agriculture écologique.
Le développement de l’agro-écologie est fondé sur un recours à des semences bios, reproductibles et dont la résilience permet une adaptabilité à des conditions climatiques et pédologiques des plus diversifiées.

Depuis le lancement, en 1961, de la Révolution Verte (verte par la couleur du dollar !), les semences que les petits paysans peuvent acquérir dans les pays les plus pauvres sont, en très grande majorité, des semences hybrides stériles ou dégénérescentes ou des semences de variétés dites améliorées qui sont souvent vendues, dans le cas des potagères par exemple, plus cher qu’en Europe.
Ces semences sont généralement inadaptées aux conditions locales et produisent des récoltes médiocres (et parfois pas de récolte du tout).
De plus, le marché captif généré par ces semences modernes est à ce point destructeur de biodiversité qu’il est souvent difficile aux paysans de retourner vers leurs semences locales pour la simple raison qu’elles ont disparu des terroirs.
Ou bien alors, si elles n’ont pas disparu totalement, les paysans n’y ont pas accès car elles sont enfermées dans des morgues (telle que celle de Svalbard en Norvège) ou dans les banques de semences des centres internationaux de ressources génétiques (tels que les CGIAR) qui sont sous la coupe de la mafia semencière du Cartel de la pétrochimie.

Le but de la campagne Semences Sans Frontières est ainsi d’envoyer, chaque année, des colis de semences aux communautés paysannes qui en font la demande afin de favoriser, d’une part, leur autonomie alimentaire et, d’autre part leur autonomie semencière en incitant ces communautés paysannes à reproduire leurs propres semences – en réactivant le savoir-faire ancestral de la conservation de semences perdu lors de l’introduction des variétés mortifères de l’agro-industrie occidentale.

En 2012, ce sont environ 230 colis de semences qui ont été préparés chez Kokopelli à Alès dans le cadre de Semences Sans Frontières. Cela représente près du triple des colis envoyés durant l’année 2005. Avec un tel nombre de colis, l’association Kokopelli a atteint une certaine limite quant à sa capacité de distribution gratuite de semences.

C’est pour cela que nous avons décidé de développer SSF, d’une part en sollicitant le soutien financier de fondations et, d’autre part en élargissant notre réseau d’adhérents et d’adhérentes qui se consacrent à la production de semences pour le don dans leur jardin familial.
Dans le cadre de cette campagne, le soutien des adhérents a permis aussi d'impulser Annadana, l’antenne de Kokopelli en Inde, qui a distribué pendant plus de 12 ans des semences dans toute l’Asie du sud-est.
Ces soutiens ont également permis, de créer une seconde ferme de production de semences (couplée d’une banque de semences) à Bangalore sous la gestion de Sangita Sharma. Cette unité de production de semences, dans le Karnataka, est maintenant totalement autonome.
Qu'est ce qu'un hybride F1 ?
Les hybrides F1 ont été introduits par et pour l’agro-industrie. Ils sont avant tout adaptés à la monoculture. La production issue des semences F1 est totalement standardisée et répond totalement aux critères “ratiques” de la grande distribution.
Ces variétés ont le double avantage de ne pas produire de descendance “viable” (c’est pour cela qu’elles sont souvent considérées comme stériles, ce qui n’est botaniquement parlant pas toujours le cas), ainsi les multinationales semencières, créant un marché de dépendance, se garantisse l’achat annuel des semences destinées aux cultures.
Ces variétés ont même un troisième avantage pour les bandits de l’agrochimie : elles ont souvent besoin (leur spectre génétique très restreint, dû aux méthodes de sélections, ne leur confère pas une grande adaptabilité), pour pousser correctement, d’une panoplie de produits chimiques et engrais de synthèse. Cela garantit un revenu encore plus intéressant aux multinationales qui vendent les produits en même temps que les semences.