La Stevia – Stevia rebaudiana – appartient au genre Stevia de la Famille des Astéracées. Ce genre contient, environ, 240 espèces réparties dans l’Amérique du sud, l’Amérique centrale et divers états du sud-ouest des USA (Arizona, Texas et Nouveau-Mexique) – dont environ 200 espèces dans les régions tropicales. Sur le plan ethnobotanique, ce sont 34 espèces de Stevia qui ont été documentées pour leur usage alimentaire et surtout médicinal.
Ce genre a été dénommé en l’honneur du médecin et botaniste Espagnol, Pedro Jaime Esteve (1500-1556), auteur de l’ouvrage “Diccionario de las yerbas y plantas medicinales que se hallan en el Reino de Valencia”. Il fut l’élève du médecin et naturaliste français, Guillaume Rondelet, l’initiateur de la nomenclature binomiale en Latin – qui fut, subséquemment, adoptée par Carl Von Linné. Pedro Jaime Esteve fut le premier, en Europe, à étudier les qualités édulcorantes et médicinales de la Stevia.
Stevia rebaudiana est originaire des forêts de la Cordillère d’Amambay située entre le Paraguay et le Brésil. Elle a été “redécouverte”, en 1887, par le naturaliste, botaniste et anthropologue Suisse, Mosè Giacomo Bertoni (1857-1929) – qui la dénomma, alors, Eupatorium rebaudianium. Bertoni possédait une collection de plus de 7000 espèces de plantes et c’est, également, lui qui a classé, dans la nomenclature botanique, une autre plante extrêmement médicinale originaire du Paraguay, le Yerba Maté – Ilex paraguariensis. En 1905, Bertoni reclassa cette espèce dans le genre Stevia. La seconde partie du binôme “rebaudiana” fut nommée en l’honneur du chimiste Paraguayen, Ovidio Rebaudi, qui, en 1900, en fit la première analyse physico-chimique.
Ses noms en Guarani sont “ka’a heê” – signifiant “herbe sucrée/herbe douce” – ainsi que “ka’a eirete” – signifiant “herbe mielleuse”.
Aujourd’hui, le principal pays producteur de cet édulcorant (sans calories et 40 fois plus sucrant que le sucre) est la Chine – avec 80% de la production mondiale. La Stevia est, également, amplement cultivée dans d’autres pays d’Asie tels que la Malaisie, la Thaïlande, la Corée du Sud, etc. Elle est aussi cultivée dans les régions les plus chaudes de l’Europe et de l’Amérique du nord. [27] Le Paraguay en 2014, a lancé un programme d’extension de cette culture afin d’atteindre les 10 000 hectares de production car cette espèce emblématique du Paraguay n’était cultivée, en 2011, que sur environ 1200 hectares (pour une production d’environ 2650 tonnes).
Alors que le Japon l’utilisait légalement depuis les années 1970 – de même que l’Australie, le Brésil et la Chine depuis les années 1980 – il fallut attendre 2008 et 2011 pour que, respectivement, les USA et l’Europe le légalisent – afin de laisser le temps à la mafia sucrière internationale (et à Coca-Cola) de s’emparer de cette espèce botanique sucrante ou d’en élaborer de prétendus extraits ou substituts artificiels. Rappelons qu’en France la société Guayapi Tropical (fondée en 1990 par Claudie Ravel) a été harcelée, pendant de très nombreuses années, par de multiples procès devant les tribunaux – intentés par les Autorités médicales à la solde de Big Pharma – pour oser distribuer cette plante médicinale depuis 1992. [1] Un grand bravo à Claudie Ravel et à son équipe pour avoir persévéré pendant tant d’années face aux tribunaux de l’injustice universelle.
Les lecteurs intéressés par l’histoire de cette plante sont invités à se reporter à l’excellente étude, réalisée par Bastien Beaufort, et intitulée “Géohistoire de la diffusion globale de la plante Stevia (ka’a heê)”. [2] Bastien est également l’auteur d’une thèse de doctorat en géographie sur la mondialisation des plantes Amazoniennes. [3]
Stevia rebaudiana a été traditionnellement utilisée au Paraguay, au Brésil et en Bolivie pour soigner les brûlures d’estomac, les indigestions, les infections des blessures, les pathologies gastro-intestinales et comme tonique dans les états dépressifs – en sus de son usage en tant qu’édulcorant en particulier avec le Yerba Maté.
Selon l’ouvrage de Louis Girault, “Kallawaya. Guérisseurs itinérants des Andes” (1984), d’autres espèces de Stevia sont traditionnellement médicinales en Amérique Latine : Stevia punensis est utilisé pour traiter la bronchite et la pneumonie ; Stevia selloi pour la toux et l’asthme ; Stevia satureifolia pour l’asthme, les éruptions cutanées, les contusions et enflures ; Stevia petiolata pour l’asthme et les refroidissements ; Stevia puberula pour la toux et l’asthme.
Stevia rebaudiana contient neuf acides aminés essentiels : acide aspartique, acide glutamique, lysine, isoleucine, sérine, alanine, proline, méthionine et tyrosine ; [22] des vitamines : vitamine C, acide folique, thiamine, niacine, riboflavine et vitamine B12 ; des acides gras : stéarique, oléique, linoléique, palmitique, palmitoléique, linolénique ; des minéraux : calcium, zinc, potassium, magnésium, phosphore et sodium ; d’autres agents phytochimiques : bêta-carotène, austro-inuline et les glycosides de stéviol ; d’autres métabolites secondaires : saponines, tannins, stéréol, triterpènes, alcaloïdes, glycosides cardiaques et anthraquinone.
Un grand promoteur de la Stevia en Europe est un paysan catalan, J. Pàmies, qui a fondé l’association, Dulça Revolució – pour la valorisation des plantes médicinales. [31]
De récentes investigations pharmacologiques modernes [7] [8] [27] ont mis en valeur ses propriétés anti-diabétiques (anti-hyperglycémiques, insulinotropiques et glucagonostatiques), anti-hypertensives, anti-septiques, hypotensives, anti-inflammatoires, anti-tumorales, anti-cancérigènes, anti-microbiennes, anti-cariogéniques, anti-plaquettaires, anti-diarrhéiques, diurétiques, anti-oxydantes, hépato-protectrices [18], immunomodulatrices [19].
Stevia rebaudiana peut, ainsi, être utilisée pour traiter :
La gingivite, les caries dentaires, les aphtes… En effet, diverses études ont mis en exergue son activité anti-microbienne à l’encontre des bactéries responsables de caries dentaires [6] dont l’une, de 2012, à l’encontre de 16 souches de Streptococcus et de Lactobacillus. [5]
L’ostéoporose, la fatigue chronique, la constipation, la santé du cuir chevelu (perte des cheveux et pellicules), l’eczéma, les dermatites, l’acné, la séborrhée, les allergies, l’athérosclérose, le syndrome métabolique [28]… Dans le cas de ses propriétés cosmétiques, ce sont des extraits de Stevia qui sont utilisés en application externe.
Le diabète et l’obésité. La Stevia harmonise les niveaux de sucre dans le sang, induit la promotion d’insuline en promouvant la bonne santé du pancréas, diminue l’absorption du glucose par le sang, inhibe la candidose – une infection fongique induite par des levures du genre Candida qui prospèrent avec tous types de sucres (glucose, fructose et saccharose). [15] [23] [25] [26]
L’hypertension. Son utilisation, sur le long terme – à raison de deux infusions journalières – permet de faire baisser la pression sanguine. C’est le stévioside qui est responsable d’une inhibition de l’afflux de Ca 2. [20] [24]
Le cancer, les tumeurs, les pathologies neurologiques, les troubles cardiaques. Ce sont les glycosides de stéviol qui possèdent des propriétés anti-cancérigènes et anti-oxydantes ainsi que plusieurs composés anti-oxydants et anti-inflammatoires tels que le kaempférol, la quercétine, l’apigénine, l’isostéviol, la rutine. [9] [16] [21]
Le stévioside est un glycoside diterpénoïde composé d’un aglycone – le stéviol – et de trois molécules de glucose. Les autres principaux glycosides diterpénoïdes extraits des feuilles de la Stevia sont le stéviobioside, les rébaudiosides A,B,C, D et E et le dulcoside A. Ils possèdent la même structure fondamentale que le stévioside, à savoir qu’ils possèdent tous du stéviol. Les principaux composants des feuilles de la Stevia sont, ainsi, le stévioside (de 5 à 10%), le rébaudioside A (de 2 à 4%), le rébaudioside C (de 1 à 2%) et le dulcoside A (de 0,4 à 0,7%).
Tous ces glycosides possèdent un pouvoir sucrant considérable : le stévioside est de 250 à 300 fois plus sucré que le sucrose ; le dulcoside A de 50 à 120 fois plus ; le rébaudioside A de 250 à 450 fois plus ; le rébaudioside B de 300 à 350 fois plus ; le rébaudioside C de 50 à 120 fois plus ; le rébaudioside D de 250 à 450 fois plus ; le rébaudioside E de 150 à 300 fois plus ; le stéviobioside de 100 à 125 fois plus. [27]
Stevia rebaudiana possède une activité anti-bactérienne à l’encontre de Staphylococcus aureus, Salmonella typhi, Escherichia coli, Enterococcus faecalis, Proteus mirabilis, Aeromonas hydrophila, Vibrio cholerae, Pseudomonas aeruginosa, Bacillus subtilis.
Stevia rebaudiana contient également des glycosides phényléthanoides – stéviophéthanoside, cuchiloside, salidroside, icariside D et tyrosol [29] – qui se caractérisent par un vaste spectre de propriétés biologiques : anti-cancérigènes, anti-inflammatoires, anti-oxydantes, anti-tumorales, anti-microbiennes, hépato-protectrices, neuro-protectrices… [30]
Une étude de 2015 a démontré son efficacité à l’encontre de la bactérie responsable de la Maladie de Lyme, Borrelia burgdorferi – en comparaison avec trois antibiotiques (doxycycline, céfopérazone et daptomycine) – y compris ses formes persistantes. [10] [14] Cette étude a démontré, de plus, que la forme la plus résistante de Borrelia burgdorferi aux antibiotiques, son biofilm, augmentait massivement lorsque ces antibiotiques étaient prescrits. [11] Par contre, Stevia rebaudiana réduisait ce biofilm de 40%. L’étude a, également, indiqué que seule la plante intégrale possède une telle activité : en effet, le stévioside extrait de la Stevia ne possède aucun effet à l’encontre du Borrelia burgdorferi. Cette étude affirme, en effet, que « l’extrait de feuilles entières de Stevia, en tant qu’agent individuel, était efficace contre toutes les formes morphologiques connues de Borrelia burgdorferi ».
Sur le plan de la non-activité thérapeutique, il en est de même, par exemple, avec le Truvia développé conjointement par les multinationales Cargill et Coca-Cola – et légalisé en 2008. Le Truvia contient, en fait, de l’érythritol (un alcool de sucre présent en petites quantités dans de nombreux fruits et légumes), un faible pourcentage de Rébaudioside A (l’un des deux composés sucrants de la Stevia) et des arômes “naturels” (dont l’identité n’est pas mentionnée). L’érythritol de Cargill est obtenu par fermentation d’amidon de maïs (chimérique) avec une levure (sans doute tout autant chimérique). [13]
En bref, au niveau médicinal, le Truvia n’a rien à voir avec la Stevia et cet édulcorant constitue une abomination de plus à l’actif des multinationales biocidaires. D’ailleurs, une étude récente, de 2014, a conseillé l’utilisation de l’érythritol (ou du Truvia) comme un insecticide naturel ! La mouche du fruit, Drosophila melanogaster, y succombe sans coup férir! Avant leur décès, les mouches nourries avec des aliments contenant du Truvia (à savoir, de l’érythritol) manifestaient des troubles moteurs aberrants. [12]
Selon cette étude, l’édulcorant Pure Via “à base de Stevia” – développé conjointement par Pepsi-Cola et Merisant (anciennement une filiale de Monsanto) – ne possédait pas une telle activité insecticide car il était, à l’époque, selon les auteurs, composé principalement de dextrose. Selon le site officiel Français de Pure Via, cela ne semble plus le cas, aujourd’hui, car ce site affirme que « Pure Via Origines™ vous offre un seul ingrédient : l’Erythritol et rien d’autre ! ». Bon Appétit. Pure Via est fabriqué par la société Whole Earth Sweetener, une filiale de la société Merisant – elle-même une filiale de la société MacAndrews & Forbes.
Pour plus d’informations sur ces substituts délétères de Stevia, consulter l’étude de Bastien Beaufort – ci-dessus mentionnée. [2]
L’huile essentielle de Stevia rebaudiana possède plus d’une centaine de composés et, principalement, en fonction des écotypes : carvacrol, oxyde de caryophyllène, α-pinène, cardinol, spathulénol, ibuprofène, isopinocarvéol, α-caryophyllène, β-Guaiène, β-caryophyllène, β-pinène. [33] Les espèces du genre Stevia contiennent majoritairement des sesquiterpènes des groupes guaiane, longipinane et germacrène.
Selon l’ouvrage de Jean-Pierre Nicolas, “Plantes Médicinales des Mayas K’iché du Guatemala”, Stevia serrata (“Ujlom Icox” en K’iché et “Tlachichinole” en Nahuatl au Mexique) est traditionnellement médicinale pour traiter les maux d’estomac et les pathologies hépatiques. Ses “fleurs d’octobre” sont, également, utilisées par les sage-femmes Guatémaltèques pour accélérer les contractions utérines. Son huile essentielle contient principalement, en fonction des écotypes : chamazulène, germacrène D, oxyde de caryophyllène, E-nérolidol, spathulénol, E-caryophyllène, α-longipinène, santolina triene… Le chamazulène est un terpène de couleur bleu intense – réputé pour ses vertus anti-inflammatoires – que l’on trouve également dans la Camomille, dans l’Absinthe et dans l’Achillée Millefeuille. [32] La distillation d’environ 180 grammes de feuilles de Stevia serrata produit 700 mg d’huile essentielle bleue dont 320 mg de chamazulène.
Le longipinène possède une forte activité anti-fongique à l’encontre de Candida albicans. [34] Des dérivés du longipinène ont été découverts, également, dans Stevia eupatoria, Stevia porphyria et Stevia pilosa au Mexique ; dans Stevia triflora au Vénézuela ; dans Stevia Lucida en Colombie.