Sommaire
Au sujet de la problématique de l’instabilité de la couleur violette chez Ocimum basilicum
Au sujet de la problématique de l’activation de la couleur violette chez Ocimum tenuiflorum
Cette contribution écrite, en particulier, en ce qui concerne les deux premières sections, a été impulsée par des questions, et commentaires, récents, émanant de Noelle Fuller, aux USA, et de Conrad Richters (le fondateur de Richters Seeds) au Canada, au sujet de la problématique de la stabilité de la couleur violette chez Ocimum basilicum et Ocimum tenuiflorum. C’est un sujet que j’ai commencé à approfondir dès ce printemps 2025 et voici donc quelques unes de mes observations glanées depuis lors.
Selon Conrad: «L’intensité lumineuse, la température et les carences en micronutriments sont connues pour affecter la couleur des Basilics violets [Ocimum basilicum], et ces effets sont connus pour être modulés par des gènes régulateurs. Il semble que l’expression des gènes anthocyaniques soit modifiée par ces facteurs environnementaux, et il semble que ces changements puissent être transmis aux générations suivantes même si les gènes eux-mêmes sont toujours présents. Je ne serais pas surpris si la situation était similaire pour la Tulsi Krishna, ce qui pourrait expliquer notre frustration mutuelle à l’égard de cette Tulsi».
Conrad évoquait le mécontentement d’un de ses clients eu égard au fait que sa variété de Basilic violet, “Crimson King”, n’était pas stable et verdissait, sous certaines conditions.
Selon Noelle: «Il semble que tout ce qui soit vendu sous le nom de Tulsi Krishna soit désormais une sorte d’hybride. De plus, lors de la culture des graines, j’ai constaté des différences d’apparence entre les plantes. Je me demande donc si la génétique est stable… Si vous avez des informations à ce sujet, je serais ravi de les connaître, car mes recherches m’ont amené à préférer le phénotype Krishna et je ne trouve plus ces graines en Amérique du Nord».
Pour rappel, Noelle Fuller est l’auteur de plusieurs études portant sur sa culture, d’un certain nombre d’écotypes d’Ocimum, en 2015/2016. Dans l’étude: “Yield and essential oils of holy basil (ocimum tenuiflorum l., o. gratissimum l.): varietal comparison and analytical methods”, publiée en 2017, Noelle présente, dans le détail, l’analyse des huiles essentielles de “Kapoor” (une erreur de dénomination à l’actif de Strictly Medicinal Seeds aux USA) et des références PI 652059, PI 652056, PI 414205, PI 414201, PI 414202, PI 414203 et PI 414204 – en page 79 – tous des écotypes d’Ocimum bisabolenum. En ce qui concerne le taux global de β-bisabolène et de (E)-α-bisabolène, il varie entre 30% et 36% pour tous ces écotypes. Ainsi, selon cette analyse de Noelle, les composants majeurs sont: Bisabolène, Eugénol, Estragol et Eucalyptol. Les composants mineurs sont: β-pinène, β-ocimène, (E)-α-bergamotène, α-humulène, germacrène D, β-Caryophyllène. [21] .

Au sujet de la problématique de l’instabilité de la couleur violette chez Ocimum basilicum
Cette année, j’ai cultivé, en pots et en pleine terre, les variétés suivantes de Basilic commercialisé comme “violets”: “Purple Rubin”, “Osmin”, “Rosie”, “Opalescent”, “Aromatto”, en sus de l’écotype bicolore Turc du GRIN/USDA “PI 172997”, et de deux spécimens quasi-violets de la variété récente, et verte, de Rutgers, résistante au mildiou, “Dévotion”, croisée avec un Basilic violet “X”, en 2022.
Les conditions de température qui sont les nôtres, cette année, dans notre région quasi-désertique de l’Espagne sont les suivantes: jusqu’à 36°C durant une période de juin et, ensuite, jusqu’à 41°C en août – températures chutant de 15°C au 21 août. Cet été 2025, aucune variété de Basilic violet, ou bicolore, n’est restée violette. Elles ont verdi, toutes, inexorablement – y compris les nervures des feuilles pour certaines. Il s’agit d’un verdissement sombre mais d’un verdissement, nonobstant.
J’ai, cependant, observé, le 21 août, que deux plantes de “Purple Rubin” partiellement ombragées – l’une par un olivier et l’autre par des Mirabilis – ont conservé une certaine coloration violette mais, au revers de leurs feuilles, seulement.
Pour rappel, je n’ai vu aucune différence, cette année, entre les variétés “Purple Rubin”, “Osmin”, “Rosie” (et, également, “Purple Delight” en 2022) sur le plan de leur coloration violette. Du moins, en tout début de culture, car des plantes de 30/40 cm commençaient à perdre de la couleur violette, dans leurs feuilles plus âgées, dès le début du mois de juin – du moins, en cette année 2025.

A ce sujet, Conrad cite une étude, de 2000, “Anthocyanin Inheritance and Instability in Purple Basil (Ocimum basilicum L.)”, LIEN. Cette étude porte sur l’instabilité, et la transmission génétique, des anthocyanines chez les Basilics Violets. Tout comme les auteurs le présentent, en photographies, j’ai pu photographier une feuille d’un Basilic Violet “Osmin” avec une moitié verte et une moitié violette séparée par la nervure centrale.
A contrario, je n’ai pas observé une dégradation aussi extrême de la couleur violette, des Basilics, durant l’été 2022, car mes photographies, de fin juillet 2022, mettent en exergue une belle coloration pour la variété “Purple Delight” (Richters Seeds), un peu moins pour la variété “Osmin” (Kokopelli), avec, par contre, un verdissement total pour la variété “Red Genovese” (Richters Seeds). Je présume que l’été, en 2022, fut beaucoup moins chaud.
Il est à noter que les processus de séchage détruisent, partiellement, les anthocyanines. LIEN.
Il semblerait, donc, à priori, que dans des conditions de luminosité solaire identiques, ce soient, principalement, des excès de température qui induisent chez les Basilics, dits violets, la désactivation de leurs anthocyanines et, donc, la perte de leur couleur rouge-violet.
Je précise, à priori, car cela demanderait des expérimentations plus poussées afin de percevoir si l’accroissement de l’intensité solaire peut, également, impacter la stabilité des anthocyanines. Ainsi, selon une étude, de 2024, “Phytochemical compositions and antioxidant activity of green and purple basils altered by light intensity and harvesting time: « Lorsque les plantes des deux cultivars (vert et violet) ont été cultivées sous une intensité lumineuse maximale et ont été échantillonnées à midi, elles ont montré les contenus les plus élevés en phénoliques et en flavonoïdes. Quant à la plus forte activité antioxydante, elle a été détectée dans les cultivars de Basilic violet cultivés sous 30% et 50% de lumière du soleil lors des deux récoltes. » LIEN.
Ce sont les anthocyanines qui confèrent, aux Basilics, leurs couleurs rouge, violet et mauve. Pour rappel. Il existe six principaux types d’anthocyanidines: les delphinidines, les cyanidines, les pétunidines, les pélargonidines, les péonidines et les malvidines. Ces composés induisent la pigmentation rouge et violette des feuilles, des sommités fleuries et autres organes de reproduction, ainsi que des graines.
Il est à noter que contrairement au type Krishna d’Ocimum tenuiflorum – les jeunes plantules d’Ocimum basilicum ne requièrent pas de luminosité solaire directe afin d’activer leurs colorations violettes.
Selon une étude, de 1998, ce sont 14 anthocyanines différentes qui y ont été isolées, dont 11 pigments à base de cyanidine et 3 pigments à base de péonidine. LIEN.
Les variétés de Basilics Violets à grandes feuilles “Purple Ruffles”, “Purple Rubin” et “Dark Opal” présentaient une teneur moyenne, en anthocyanines totales extractibles, comprise entre 16,63 et 18,78 mg/100 g – de poids frais. A noter que la variété “Purple Bush” possédait de 2 à 3 fois moins d’anthocyanines que les 3 variétés suscitées. La concentration maximale d’anthocyanines totales a été observée juste avant la floraison, bien que, dès le 8 ème jour, les plantules avaient déjà accumulé les 14 anthocyanines.
Selon une étude, de 2011, la variété de Basilic, “Sweet Petra Dark Red”, possédait 10 fois plus d’anthocyanines que les variétés “Osmin” et “Ararat”. LIEN.
Selon une étude, de 2014, portant sur 8 variétés de Basilics Violets, la variété “Purple Ruffles” possédait le plus d’anthocyanines avec 16,6 mg/g et “Purple Rubin” le moins avec 7,55 mg/g – de poids sec. LIEN.
La question se pose de savoir pourquoi, au fil de l’intensité croissante de la chaleur, et peut-être de la lumière, les anthocyanines des feuilles violettes sont détruites au contraire de celles des sommités fleuries. S’agit-il d’anthocyanines différentes? C’est ce que semblent affirmer les deux études suivantes.
D’autant plus que, selon diverses études, les fleurs et les corolles contiendraient beaucoup moins d’anthocyanines que les feuilles. LIEN. LIEN
Ainsi, selon une étude, de 2019, «L’étude a révélé que les feuilles violettes contiennent principalement des anthocyanines hautement acylées, tandis que les fleurs violettes accumulent des anthocyanines à faible degré de décoration» . LIEN.
De plus, selon une étude, de 2020, «L’analyse a révélé une composition différente dans les fleurs intactes (figure 3b). Les anthocyanines A et B n’ont pas été détectées, et les anthocyanines C et D n’étaient que des composés mineurs. Cela semblait être partiellement compensé par l’accumulation d’anthocyanines faiblement acylées (c’est-à-dire la cyanidine-3-Glc-5-(6-Mal)Glc et la cyanidine malonyl-glucoside). De plus, on a observé une concentration plus élevée de dérivés de cyanidine à faible poids moléculaire ainsi que de dérivés de quercétine, dont certains s’accumulaient également dans les fleurs blanches». LIEN
A noter, par exemple, que les anthocyanines des sommités florales de la variété, très ornementale, “Cardinal”, ne sont pas du tout impactées par des excès de température durant sa croissance.

Vers le 30 août, j’ai pu observer que des plantes verdies des variétés “Osmin”, “Purple Rubin” (totalement dénudée de calices fructifères par les fourmis) et “Aromatto”, viennent de recommencer à lancer de jeunes feuilles bien violettes.

Et ce, en raison du refroidissement drastique depuis une dizaine de jours. Il peut en être déduit que dans les régions les plus ensoleillés et chaudes, les anthocyanines, des Basilics Violets, seront protégées dans des situations de culture à mi-ombre.
Par contre, une très belle plante de la variété “Purple Rubin” est restée complètement verdie alors qu’elle est, presque, totalement cachée sous des Mirabilis jalapa très prospères – à savoir, privée de luminosité solaire directe.

Conclusion. Les Basilics Violets, ou panachés de violets, sont enclins – plus ou moins rapidement en fonction des variétés – à verdir, quasiment totalement, lorsque la température, durant l’été, est trop excessive pour la stabilité de leurs anthocyanines. Par contre, ils reprennent de la couleur violette, à l’approche de l’automne, dès que la température baisse drastiquement – tout en requérant une luminosité solaire directe (UV) indispensable à la réactivation de ces anthocyanines.

Au sujet de la problématique de l’activation de la couleur violette chez Ocimum tenuiflorum
Cette année, j’ai cultivé, en pots et en pleine terre, les écotypes suivants d’Ocimum tenuiflorum – antérieurement dénommé Ocimum sanctum: “Tulsi Verte de Thaïlande” (Kokopelli), deux accessions de “Krishna” (Kokopelli), un écotype de Cuba (GRIN/USDA. PI 652057) et un écotype du Gujarat en Inde (GRIN/USDA. PI 288779).
La “Tulsi Verte de Thaïlande” devrait être plutôt nommée la “Tulsi Vert clair de Thaïlande” car ses feuilles sont résolument beaucoup plus claires que celles des écotypes généralement proposés en provenance de l’Inde. En fait, il existe une énorme diversité d’écotypes au sein d’Ocimum tenuiflorum – dans toute l’Asie du sud-est. Une étude, de 2020, par exemple, en a analysé 109 en provenance, seulement, d’une partie de l’Inde. LIEN.
Certaines études mentionnent des écotypes d’Ocimum tenuiflorum dits “intermédiaires”. S’agit-il de croisements intra-spécifiques entre les types verts et violets? Certains écotypes “intermédiaires” se seraient-ils stabilisés au fil des siècles?
Les écotypes, dits “intermédiaires”, possèdent des feuilles panachées de vert et de violet avec des tiges et des sommités fleuries, par contre, bien violettes.
D’ailleurs, l’étude Thaïlandaise, de 2022, “Physiological responses and variation in secondary metabolite content among Thai holy basil cultivars (Ocimum tenuiflorum L.) grown under controlled environmental conditions in a plant factory”, présente une analyse de 10 écotypes d’Ocimum tenuiflorum, originaires de Thaïlande, dont le type “Krishna” semble, résolument, “intermédiaire”. LIEN.
Et si je puis m’épancher, ces écotypes “intermédiaires”, de “Krishna”, sont, selon ma vision, d’une très belle élégance avec leurs tiges florales d’un rouge-violet prononcé sur un fond de feuilles vertes ou panachées de violet!
Tout d’abord, rappelons que selon la littérature scientifique ad hoc, les écotypes verts, dénommés “Rama”, et les écotypes violets, dénommés “Krishna”, d’Ocimum tenuiflorum, constituent deux entités génétiques différentes – ainsi que le mettent en exergue les quelques études suivantes.
Les écotypes avec des feuilles très foncées sont, parfois, dénommés “Shyam”, ou “Shyama” – qui signifie en Sanskrit sombre, bleu, noir, foncé.
1. “The complete chloroplast genome of Ocimum tenuiflorum L. subtype Krishna Tulsi and its phylogenetic analysis”. 2021. LIEN. Selon cette étude:
« Le génome cp mesure 151 758 pb de longueur, incluant une grande région de copie simple (LSC) de 82 794 pb, une petite région de copie simple (SSC) de 17 592 pb, et une paire de régions répétées inversées (IR) de 25 686 pb. Le génome cp de Krishna Tulsi encode 129 gènes, dont 90 codant pour des protéines, 31 pour des ARN de transfert (tRNA), et huit pour des ARN ribosomiques (rRNA). »
2. “The complete chloroplast genome of Ocimum tenuiflorum L. subtype Rama Tulsi and its phylogenetic analysis”. LIEN. 2021. Selon cette étude:
« La longueur du génome chloroplastique circulaire complet était de 151 722 pb. Il comprend une région de répétition inversée (IR) avec une longueur de répétition de 25 677 pb, une grande région à copie unique (LSC) de 82 781 pb et une petite région à copie unique (SSC) de 17 587 pb. Le génome chloroplastique contient 134 gènes, y compris 88 gènes de codage protéique, 38 gènes d’ARN de transfert et huit gènes d’ARN ribosomique. »
3. “Molecular differentiation of the green and purple Tulsi (Ocimum tenuiflorum L.) and its application in authentication of market samples”. 2024. LIEN. Selon cette étude de chercheurs de Chennai, dans le Tamil Nadu, en Inde, la Tulsi verte a été identifiée par deux fragments (539 pb et 258 pb), et la Tulsi violette a été reconnue par un seul fragment (797 pb).
Cette étude très récente avait pour objectif de déterminer le ratio de méthyl eugénol – plus présent dans le type violet que le type vert – consommé par la population de l’Inde car ce phénylpropanoïde serait, supposément, géno-toxique.
De plus, eu égard à l’identification de ce qui est commercialisé comme “Tulsi”, en Inde: «L’analyse de 40 échantillons provenant du marché de la Tulsi a révélé que seuls 36 (90%) provenaient d’Ocimum tenuiflorum. La majorité des échantillons provenant du marché étaient de la Tulsi violette (60%) ou un mélange de Tulsi verte et violette (27,5%), – certains échantillons mélangés contenant jusqu’à 50% de Tulsi violette.» LIEN.
Tout cela étant posé, ma principale découverte, de cet été 2025, concernant le type “Krishna” d’Ocimum tenuiflorum, porte sur l’activation de sa couleur violette par la lumière solaire directe – du moins, par certains spectres telle que la lumière ultra-violette.
Selon une étude, de 2014, “Photocontrol of differential gene expression and alterations in foliar anthocyanin accumulation: a comparative study using red and green forma Ocimum tenuiflorum”: « Il a été observé que la forme rouge passait progressivement au vert lors du transfert vers une serre particulière avec une transmission limitée de la lumière ultraviolette (à la fois UV-B et UV-A). Le suivi séquentiel du contenu en anthocyanines a confirmé une corrélation positive entre l’intensité de la lumière visible et ultraviolette avec la couleur des feuilles et les activités antioxydantes. Les facteurs de transcription régulateurs bHLH et WD40 étaient sévèrement régulés à la baisse dans la serre, suggérant que bHLH et WD40 contrôlent l’expression de F3′H, DFR et LDOX pour réguler la biosynthèse des pigments anthocyanes dans les feuilles d’O. tenuiflorum, tandis que l’expression de Myb restait presque inchangée.». LIEN.
En effet, cette année, j’ai cultivé mes centaines de Basilics en godets dans des serres murales abritées sous un toit de plaques de policarbonates transparents. Y compris, vers la fin juin – et d’autant plus en raison, alors, de fortes températures – les deux types de “Krishna” que je venais de recevoir de Kokopelli. Et comme les plantules étaient vertes – à 10 cm – j’ai informé le secteur semences qu’effectivement, l’une des productrices de semences avaient donné l’alerte, à juste titre, au niveau de la couleur non adéquate.
J’ai, donc, composté les plantules, des 2 types de “Krishna”, à l’exception de quelques unes, par pure curiosité quant à leur destinée, que j’ai repiquées en pots ou dans le jardin, vers la fin juillet – en compagnie de Côtes de Blette que je venais, également, de repiquer.
Et j’ai découvert que toutes les plantes de “Krishna” rougissaient en plein soleil à l’exception de deux plantes restées vertes: l’une, de 25 cm, alors que son pot était à l’ombre de deux énormes plantes porte-graines de Basilics, des variétés “Grec” et “Floral White Spire”, et l’autre, de 35 cm, croissant sous la tente voilée de moustiquaire en partie ombragée par des oliviers.

Les anthocyanines présentes chez le type “Krishna” sont la péonidine, la cyanidine, la delphinidine et leurs dérivés. Avec, selon une étude de mai 2025, un ratio de 188,16 mg/g d’anthocyanes et des valeurs CI50 de 12,28 et 20,74 μg/mL. LIEN.
Les anthocyanines présentes chez les plantules de type “Krishna” ont besoin d’être activées par la lumière solaire au contraire de celles présentes dans les plantules d’Ocimum basilicum.
Cinq jours environ après les avoir exposées au soleil direct, les feuilles de la plante “Krishna”, en pollinisation ouverte, commencèrent à prendre des colorations violettes.
En conclusion: c’est la lumière solaire directe, en particulier ses ultra-violets, qui active la couleur violette, et donc les anthocyanines, chez les écotypes “Krishna” d’Ocimum tenuiflorum – y compris leurs types dits “intermédiaires”.
Dans les Basilics, est-ce du Linalol, ou d’un autre cocktail de Terpènes, dont raffolent certaines espèces de Fourmis coupeuses de calices fructifères?
En septembre 2022, dans ma monographie “Les Qualités Extrêmement Médicinales de la Tulsi, Ocimum americanum”, (LIEN) j’écrivais que:
« Et pour finir sur une note naturaliste! Il n’est pas que l’industrie de la parfumerie qui soit obsédée par le linalol: les fourmis, également. En effet, durant tout cet été 2022, j’ai du lutter contre des colonnes de fourmis qui déchiquetaient, systématiquement, les tiges florales – avant maturité totale des semences – uniquement des variétés d’Ocimum basilicum possédant un chémotype “Linalol”. Ces colonnes de fourmis ne laissaient, une fois leur butin sécurisé dans les fourmilières, que des tiges florales strictement nues. Jamais ne s’en prirent-elles aux écotypes d’Ocimum possédant un chémotype “Citral”, “Camphre”, “Bisabolène”, “Cannelle” ou “Anis”. Le Linalol, seul, les motivait. Le Linalol est réputé, entre autres activités médicinales, pour ses propriétés acaricides, bactéricides et fongicides».
Au sujet des qualités médicinales du Linalol, voir la section qui lui est dédiée dans mon article “Propriétés Médicinales des composés d’huiles essentielles de Basilics et autres Plantes Médicinales”. LIEN.
Et je posais, alors, la question suivante: « Peut-être le Linalol, dans la fourmilière, est-il l’équivalent de la Propolis dans les ruches d’abeilles?»
Pour rappel. En fait, il n’existe pas un Linalol, mais deux, car le Linalol possède deux énantiomères – les formes R et S. [81] Selon la définition classique, les énantiomères sont des isomères chimiques, des images-miroir non superposables.
Le premier, le (S)-linalol (Coriandrol) possède un parfum doux, floral, herbacé et semblable à celui du petit-grain avec des notes fruitées d’agrumes. Quant au second, le (R)-linalol (Licaréol), il possède un arôme boisé rappelant la lavande. Pour le nez humain, le seuil de détection est 0,8 ppb (parties par milliard) pour la forme R alors qu’il est de 7,4 ppb (parties par milliard) pour la forme S. [78] [79]

Cet été 2025, de nouveau, les fourmis ont commencé à déchiqueter les tiges florales des Basilics – quoi que plus tardivement et depuis la mi-août, seulement.
Durant l’été 2022, la razzia des Basilics, par les fourmis, était de forte amplitude et je dus bâtir des murailles de cendres afin de calmer leurs ardeurs – ce qui est efficace… surtout dans un jardin où il ne pleut jamais!
Je les ai observées et photographiées: elles coupent, de leurs mâchoires, les calices fructifères – aux semences matures ou immatures. Ensuite, soit elles les transportent jusqu’en bas de la plante, soit elles les lâchent afin que d’autres fourmis prennent la relève.
Savez-vous que la fourmi, Odontomachus bauri, est la Kung Fu du monde animal ? En effet, elle clôt ses mâchoires à une vitesse tellement rapide qu’elle peut sembler très improbable, à savoir 0,13 milli-seconde. A ce jour, c’est la frappe animale la plus rapide qui soit observée [84] avec une vitesse allant de 130 à 230 km heure.
En cette fin août, dans notre jardin, les Fourmis “philocimum” se sont très motivées pour les Basilics suivants: Ocimum campechianum et, chez Ocimum basilicum, “Devotion”, “Obsession”, “Vert de Gènes a feuilles moyennes”, “PI 175793”, “PI 190100”, “White Spires”, “Osmin”, et “Purple Rubin” – mais ce n’est que le début de leur saison de récolte…
… et, au fil des jours, les fourmis se sont, ensuite, emparées de deux plantes de “Siam Queen” mais, en n’en dénudant les tiges florales qu’à 40%… et en disparaissant du jour au lendemain…
… tandis que d’autres s’attaquaient à des plantes de l’écotype “PI 211586”.
Motivées est un euphémisme, d’ailleurs, car chez certaines plantes, la totalité des tiges florales ont été dénudées – sans exception. D’un point de vue jardinier – qui ne soit pas semencier – les fourmis besogneuses, coupeuses de calices fructifères, sont des alliées certaines car elles lui évitent de couper les tiges florales afin que ses Basilics continuent de produire de la feuille!
Cette année, je vais, quelque peu, laisser les fourmis organiser leurs récoltes, de calices fructifères de Basilics, afin d’élucider quelles sont les cibles favorites de leur appétit.

Aujourd’hui, je pose donc la question de déterminer quelle est la substance, ou le cocktail de substances, de leur huile essentielle, à savoir le dénominateur commun à tous ces Basilics, pour que les fourmis en raffolent tant. Est-ce le Linalol?
D’autant plus qu’il “tourne” sur la Toile l’information selon laquelle, les Basilics – ainsi que les Lavandes – seraient des répulsifs pour les insectes … dont, particulièrement, les fourmis. Et ce, en raison de la présence de Linalol. Sans plaisanter? D’autant plus qu’il existe des blogs, justement, qui expliquent comment se débarrasser des fourmis sur les Basilics!
Certains blogs pour jardiniers sont, parfois, à l’aune de certains blogs de naturo-millepates: un galimatias de non sens et de publicités agressives.
Il est très compréhensible, d’ailleurs, que le Basilic soit associé au Linalol car la grande majorité des variétés de Basilic imposées, aux masses populaires, par l’Industrie alimentaire, possèdent un chémotype prédominant au Linalol – parfois jusqu’à 75% dans leur huile essentielle.
Je me suis exprimé, à ce sujet, dans mon récent “Avant-Propos Espiègle. Prépondérance du Linalol dans le Basilic et le Cannabis… Pour la sédation des Peuples?”. LIEN.
Nonobstant, aujourd’hui, au vu de mon expérience jardinière, il ne me semble pas avisé d’affirmer que le “Basilic” constitue, intrinsèquement, un répulsif pour les fourmis… de par le nombre d’espèces, de variétés, et d’écotypes, qui caractérisent le genre Ocimum, et de par l’extrême diversité des chémotypes de leurs huiles essentielles.
De même, l’appellation “Fourmi” requiert, certainement, des précisions de par le nombre pléthorique d’espèce de Fourmis sur la planète – à savoir, environ 20 000 pour ce qu’on en sache. Dans notre jardin, d’ailleurs, nous avons une espèce de fourmi qui vit, paisiblement, en-dessous des Lavandes!
De plus, l’appellation “Fourmi envahissant les Basilics” requiert, certainement, également, des précisions car il peut s’agit de fourmis éleveuses de pucerons ou de fourmis agricoles – aux mâchoires coupeuses et porteuses – récoltant des substances alimentaires, ou médicinales, en prévision des longs mois d’hiver.
Afin, donc, afin de déterminer la substance, de leur huile essentielle, commune à tous ces Basilics hachés menu par les fourmis récolteuses, je suis allé en quête des analyses ad hoc – lorsqu’elles existent.
“Dévotion”. Cette nouvelle obtention est présentée, par l’université Rutgers, comme un type “Italien classique” – donc avec un chémotype Linalol.
“Obsession”. Cette nouvelle obtention est présentée, par l’université Rutgers, comme un type “Italien classique” – donc avec un chémotype Linalol.
“Vert de Gènes a feuilles moyennes”. Cette variété est caractérisée par un chémotype Linalol.
“PI 175793”. Originaire de Çanakkale, en Turquie, cet écotype est caractérisé par un chémotype Linalol – parfois, à hauteur de 70%.
“PI 190100”. Originaire d’Iran. En fonction des analyses, cet écotype est caractérisé par un taux de Linalol d’environ 10% et un taux d’Estragol variant de 10% à 65%.
A noter, qu’en l’espace d’une nuit, l’intégralité des tiges florales d’une plante, de l’écotype “PI 190100”, de 70 cm de hauteur, ont été dépouillées de leurs calices fructifères.
Je suspecte que “PI 190100” soit, en réalité, d’un Ocimum americanum var. pilosum d’autant plus qu’une étude le caractérise – dans une analyse de prétendues accessions d’Ocimum basilicum – comme possédant la plus forte teneur en Citral et l’activité antioxydante la plus élevée. En effet, son huile essentielle possède jusqu’à 26% de Citral et jusqu’à 12% de β-Citral. LIEN. Avec un tel tiers de Citral, ou plus, il s’agit, résolument, d’un Basilic dit “citron”.
De plus, au vu des différences très prononcées de plusieurs analyses, eu égard à son chémotype, il s’agit, vraisemblablement, d’un “écotype” Iranien avec un statut de “population” très diversifiée. A noter qu’il existe une pléthore d’écotypes de Basilics, dans la zone Turco-Iranienne, encore considérés comme Ocimum basilicum – ou comme Ocimum ciliatum, à savoir une espèce non acceptée – avec des taux de Citral jusqu’à plus de 66% (dont 38% de Géraniol), alors qu’ il s’agit, en réalité, de l’espèce Ocimum americanum var. pilosum. LIEN. LIEN. LIEN. LIEN. LIEN. LIEN.
“Osmin”. Cette variété violette est caractérisée par un chémotype Linalol – parfois, à hauteur de 65%. LIEN.
“Purple Rubin”. Cette variété violette est caractérisée par un chémotype Linalol – parfois, à hauteur de 60/65%.
“Floral Spires White”. Cette variété, dite ornementale, est présentée – à tort – sur une pléthore de sites marchands, comme une variété proche d’un type Thaïlandais avec un parfum anisé – donc, à priori, avec un chémotype Estragol.
A noter que je n’ai pas été capable de déterminer l’obtenteur de ce couple de Basilics, dits ornementaux: “Floral Spires White” et “Floral Spires Lavender”.
Je l’ai introduite, en 2014, chez Kokopelli – avec une telle caractérisation que j’ai copiée de la Toile – et c’est la première fois que je la cultive personnellement, cette année. En réalité, son port n’a rien à voir avec celui des types Thaïlandais – à savoir, Ocimum basilicum sp. thyrsiflorum.
En attente d’une analyse de son huile essentielle, je suis enclin à pencher, au nez, pour un chémotype Linalol.
En effet, les plantes, de “Floral Spires White”, se caractérisent, strictement, par un port très compact, et arrondi, rappelant le dome de la variété “Grec”, parfois nommée “Greco a Palla”. “Floral Spires White” atteint, en effet, 55 cm de diamètre et 35 cm de hauteur tandis que “Grec” atteint 45 cm de diamètre et 30 cm de hauteur.
Le centre de ressources génétiques, du GRIN/USDA, propose un autre tel écotype en forme globulaire – à savoir, PI 170578 originaire d’Aydin en Turquie – qu’il présente comme un Ocimum basilicum alors que son taux annoncé de 46% de Citral souligne, bien plutôt, son appartenance à Ocimum americanum var. pilosum. (LIEN)
De plus, comme certains écotypes de type Grec ou Anatolien, le feuillage de “Floral Spires White” – avec des feuilles de 5 cm de longueur, maximum, dont 1 cm de pétiole – a tendance à jaunir avec la sénescence, et la maturité des semences, en synergie avec une forte intensité solaire… alors que des plantes plus ombragées gardent un feuillage vert.
Quant à leurs sommités fleuries, elles sont très courtes – tout comme celles des écotypes de type Grec ou Turc… ou de type Génois.
“PI 211586”. En fonction des analyses, cet écotype est donné avec un ratio de Linalol variant de 30% à 42% – ainsi que jusqu’à 36% de Méthyl Eugénol, 8 % de Citral et de forts ratios d’α–trans-bergamotène et d’épi–α-cadinol.
Je suspecte qu’il s’agisse d’un Ocimum americanum et non pas d’un Ocimum basilicum.
“Siam Queen”. Il est difficile de trouver des études (et je refuse de payer pour accéder au PDF d’articles scientifiques) portant sur le chémotype de cette (prétendue) obtention introduite en 1997 – tout autant, d’ailleurs, que sur le chémotype d’autres variétés de type Thai, Ocimum basilicum var. thyrsiflorum. S’il est clair que certains écotypes Thaïlandais se caractérisent par un fort ratio d’Estragol, certaines études mentionnent également le Linalol comme composant majeur. LIEN. LIEN. LIEN.
En attente d’une analyse de son huile essentielle, ce n’est pas l’une des variétés dont les plantes sont les plus privilégiées par les Fourmis – car le dénuement de leurs tiges n’est que partiel.
En conclusion, après enquête chémotypique, portant sur les Basilics privilégiés par les Fourmis “philocimum”, coupeuses de calices fructifères, il semble que la piste du Linalol, comme dénominateur commun, soit la plus plausible.
Il reste à déterminer la raison du fol amour de ces Fourmis pour certaines variétés, ou écotypes de Basilics, possédant quelque peu, ou beaucoup de Linalol!