Classification botanique
L’aubergine, Solanum melongena, fait partie de la famille des Solanaceae et de la tribu des Solaneae.
Le genre Solanum comprend environ 1700 espèces connues.
Conseils de jardinage
Il est conseillé de semer les aubergines une dizaine de semaines avant la période de repiquage à une température légèrement supérieure à celle nécessaire à la germination des tomates. Il est préférable d’endurcir les plantes avant de les transplanter définitivement dans le jardin.
L’aubergine est la plante favorite des doryphores : certains jardiniers en disposent parfois quelques plants au milieu de leur jardin de pommes de terre pour piéger ces insectes ! Afin de favoriser une croissance harmonieuse et une bonne fructification, il est conseillé d’utiliser un compost bien mûr ou du fumier bien décomposé.
Pollinisation
Les fleurs de l’aubergine sont parfaites et auto-fécondes. Cependant, des hybridations inter-variétales peuvent se manifester dont la fréquence varie en fonction de l’environnement et de la nature et quantité d’insectes pollinisateurs. Le mode de reproduction de l’aubergine est ainsi une autogamie préférentielle.
En régions de climat tempéré, il est ainsi conseillé de séparer différentes variétés par une distance de 50 mètres. En région de climat tropical, il est conseillé de séparer différentes variétés par une distance de 500 mètres à 1 km. Nous avons pu observer dans le sud de l’Inde, par exemple, des fleurs d’aubergines régulièrement visitées par des papillons, des abeilles solitaires ou des guêpes maçonnes.
Par contre, on peut planter côte à côte des variétés appartenant à des espèces différentes : Solanum melongena, Solanum macrocarpon et Solanum aethiopicum. Il n’y a, en effet, pas d’hybridations inter-spécifiques, seulement des possibilités d’hybridations inter-variétales.
Lorsque l’on souhaite cultiver un certain nombre de variétés et ne produire qu’un peu de semences de chacune de ces variétés, on peut tout simplement envelopper la fleur (avant qu’elle ne s’épanouisse) dans un petit sac en papier ou en tulle que l’on ôte lorsque le jeune fruit a commencé à se former. Il faut alors veiller à entourer, d’un cordon coloré, le pédoncule de la fleur pollinisée sous protection afin, par la suite, de reconnaitre aisément le fruit dont les semences sont variétalement pures.
On peut également cultiver une demi-douzaine de plants de chaque variété sous une cage voilée, ou sous un mini-tunnel voilé, lorsque l’on souhaite récolter plus de semences.
Production de semences
Les semences d’aubergines ne sont fécondes que lorsqu’elles sont récoltées dans des fruits totalement mûrs,
à savoir qui commencent à flétrir en prenant une coloration jaune ou brune.
L’extraction des semences est beaucoup plus laborieuse que celle des tomates ou des piments. On peut utiliser des méthodes sèches ou des méthodes humides.
Une méthode sèche consiste à battre les fruits lorsqu’ils sont très mûrs afin de décrocher les loges porte-graines à l’intérieur de la chair. Les fruits sont ensuite ouverts et les semences sont délogées une à une.
Une autre méthode sèche, réservée aux régions très chaudes, consiste à laisser les fruits très mûrs sécher au soleil. Les semences sont ensuite délogées.
Une des méthodes humides consiste à découper l’aubergine en petits cubes et à les passer au mixer avec de l’eau et à petite vitesse. Le mélange est ensuite versé dans un récipient et on récupère les semences viables qui sont tombées au fond du récipient. On les lave dans une passoire à fine maille et on les met à sécher sur un tamis.
Ce type d’extraction peut également être réalisé en délogeant les semences des petits cubes d’aubergines à l’aide des doigts. Il est conseillé de sécher le plus rapidement possible des semences humides d’aubergines, à l’aide par exemple d’un ventilateur, dans la mesure où elles ont tendance à germer très aisément lorsque la température ambiante est très chaude.
Les semences d’aubergines ont une durée germinative moyenne de 6 ans. Elles peuvent, cependant, conserver une faculté germinative jusqu’à 10 années. Un gramme contient environ 200 semences.
Leur germination est parfois capricieuse au cours des six premiers mois suivant leur extraction (même si au moment de l’extraction par voie humide, elles ont tendance à germer aisément). Il est alors conseillé de les placer dans un réfrigérateur durant quelques jours afin de les stimuler.
Erosion génétique
Nous citons Marie-Christine Daunay (Histoire de Légumes. INRA) : « L’érosion génétique a frappé Solanum melongena dans toutes les régions où les hybrides ont supplanté les variétés locales. Mais de nombreux pays ont, depuis les années 1970, et sous l’impulsion et parfois l’aide financière de l’IPGRI, organisé la collecte de leurs variétés traditionnelles, aujourd’hui conservées dans différentes banques de gènes ». C’est un scénario plus que classique : on détruit la biodiversité locale en introduisant des hybrides F1 , on récupère les anciennes variétés que l’on congèle dans des banques de gènes au service évidemment des multinationales pour leurs programmes présents et futurs de sélection, d’hybridation et de transgénèse. La destruction des agricultures traditionnelles et le bio-piratage sont les fondements de l’agriculture mortifère occidentale.
L’aubergine n’échappe pas à la folie du tout hybride. L’Edition 1925 des Plantes Potagères de Vilmorin-Andrieux présentait 16 variétés d’aubergines. Aux USA, selon le Seed Savers Exchange, sur les 65 variétés non-hybrides présentées dans les catalogues de semences en 1981, il n’en restait que 22 en 2004, à savoir une érosion génétique de 66 %. Le catalogue officiel du GNIS présentait 37 variétés d’aubergines en 1995, dont 31 variétés hybrides F1 et 6 variétés anciennes. Le catalogue officiel de 2004 en présentait 34 dont 30 variétés hybrides F1 et 3 variétés anciennes. Le catalogue officiel de 2011 en présentait 36 dont 31 variétés hybrides F1, à savoir 86 %. Qui en sont les propriétaires ? Limagrain détient 22 variétés (71 %) et Gautier détient 7 variétés (23 %).
En conclusion, le groupe Limagrain contrôle 71 % des variétés F1 d’aubergines du catalogue Français.
Deux groupes seulement contrôlent 94 % des variétés F1 d’aubergines du catalogue Français.
Les aubergines transgéniques rôdent dans les pays pauvres. Lorsque nous avons quitté l’Inde en mars 2002, l’information circulait déjà que des aubergines transgéniques illégales étaient commercialisées à New Delhi. Les mouvements anti-OGM en Inde ont réussi cependant à empêcher, depuis lors, la commercialisation de l’aubergine BT de Monsanto (incorporant le gène Cry1Ac exprimant une protéine toxique pour certains lépidoptères et leurs larves).
Cette aubergine chimérique de Mahyco (Monsanto) a été malheureusement autorisée à la culture, à l’automne 2013, au Bangladesh.