Poireaux

poireaux

Classification botanique

Les  Poireaux, Allium ampeloprasum, font partie de la Famille des Alliaceae et de la Tribu des Allieae. Le genre Allium comprend plus de 700 espèces connues.

Cette espèce comprend plusieurs formes cultivées :

  • Le poireau bien connu dans nos jardins et cultivé pour son long fût blanc ;
  • Le Kurrat qui ne produit pas de fût et dont on récolte les feuilles qui sont finement hachées afin d’être consommées crues en salades ou cuites. La plante reste en place pendant une période de deux ans et les feuilles en sont coupées régulièrement ;
  • L’Ail d’Orient. Son bulbe est arrondi et forme de nombreux caïeux. On peut utiliser son bulbe comme celui de l’ail ordinaire. Sa saveur est cependant plus douce. La plante est vivace. Il est appelé “elephant-garlic” aux USA. Il forme parfois de grosses inflorescences mais il ne produit que très peu de semences car les fleurs sont généralement stériles. Il est propagé par ses caïeux ;
  • Le Tarée Irani ;
  • Le poireau perlé.

Histoire

Les archéologues ont retrouvé des restes de poireaux dans des tombeaux Egyptiens datant de 1550 avant EC. Leur aspect était, cependant, très différent : leurs feuilles étaient très longues et fines. Les Romains le faisaient également abondamment pousser dans leurs jardins et son aspect était aussi quelque peu différent de ce que l’on connaît de nos jours  : son fût était peu épais et il se terminait en bulbe prononcé.


Plantes Compagnes

L’épinard et les tomates repoussent la teigne du poireau. Le poireau repousse la mouche de la carotte tandis que cette dernière repousse la mouche du poireau.

Les poireaux font bon ménage avec les oignons et les céleris. Leur croissance est stimulée par les tomates.

Il n’est pas conseillé de cultiver les betteraves trop proches des poireaux.


Pollinisation

L’inflorescence du poireau est une ombelle composée de petites fleurs dont le nombre varie de 50 à 2000. Les fleurs sont parfaites (hermaphrodites, mâle et femelle à la fois). Chaque fleur est composée de 2 bouquets de trois étamines chacun et d’un style conduisant à un ovaire à trois cellules. Chaque cellule contient deux ovules : une fleur peut donc produire 6 graines. Les fleurs individuelles sont incapables de s’auto-féconder. En effet, ce sont des fleurs protandres : les étamines libèrent leur pollen avant que le stigmate ne soit réceptif. C’est tout d’abord les anthères du bouquet intérieur de trois étamines qui libèrent leur pollen et ensuite les anthères du bouquet d’étamines périphériques. Ce processus de libération de pollen ne dure que deux ou trois jours. C’est alors que le stigmate devient réceptif (et ce pendant plusieurs jours) mais il ne peut être pollinisé que par le pollen d’une autre fleur.

poireau bleu d'hiver
Poireau "Bleu d'hiver"

Le poireau est donc une plante auto-stérile au niveau de chaque fleur individuelle mais c’est une plante auto-compatible au niveau de l’ombelle globuleuse ou de la plante. Les fleurs individuelles de l’ombelle globuleuse s’épanouissent progressivement pendant quatre semaines. Ainsi, pendant ce laps de temps, il y a toujours des étamines qui libèrent leur pollen et des stigmates qui sont réceptifs. Les poireaux sont ainsi pollinisés par les insectes et la présence de ces derniers est indispensable à la formation de belles plantes porte-graines. La hampe florale du poireau est pleine et de section circulaire alors que celle de l’oignon est creuse.

Afin de préserver la pureté variétale, il est conseillé d’isoler deux variétés de poireaux porte-graines d’une distance variant de 400 mètres à un kilomètre en fonction de l’environnement. Les poireaux ne peuvent pas se croiser avec les oignons, les ciboules ou d’autres espèces d’Allium. Ils peuvent, cependant, se croiser avec le Kurat qui est un poireau sauvage que l’on trouve en Egypte et dans le pourtour méditerranéen ainsi qu’avec l’Ail d’Orient que l’on trouve en Europe méridionale, au Proche-Orient et en Afrique septentrionale.

Il est souhaitable d’avoir dans le jardin une vingtaine de porte-graines de poireaux, de la variété sélectionnée, afin de favoriser le maintien d’une bonne base génétique. Plusieurs variétés de poireaux porte-graines peuvent être cultivées dans le même jardin sous des tunnels voilés à la condition d’introduire des mini-ruchettes d’insectes ou bien de pratiquer l’ouverture des voiles par alternance.


Production de semences

Le poireau est une plante bisannuelle qui va produire ses semences vers la fin de l’été de la seconde année de culture. Il est conseillé de sélectionner les plus beaux plants, ou les plants correspondants aux paramètres choisis par le jardinier, pour la production de semences. Dès le début du printemps, la hampe florale émerge lentement ; le processus de floraison et de fructification requiert encore plus de temps que pour l’oignon.

Dans les régions nordiques au climat rigoureux, il peut s’avérer nécessaire de déterrer les poireaux qui peuvent se conserver durant plusieurs mois dans une cave humide et hors gel. Ils sont alors replantés au printemps, ou à la fin de l’hiver, lorsque la terre est travaillable. Cette modalité est particulièrement conseillée pour les variétés dites d’été.

Il peut s’avérer nécessaire de tuteurer les porte-graines dont les hampes florales peuvent atteindre 1m 50 de hauteur. Les semences sont mûres lorsque les tiges commencent à brunir. Elles ont une couleur noire et commencent à tomber au sol. On peut alors couper la tête avec un morceau de tige, la mettre dans un sac de papier kraft, et la pendre à l’envers dans un endroit sec et ventilé afin de terminer le séchage. Lorsque celui est terminé, on peut tamiser les semences mélangées avec les débris végétaux.

Les semences de poireaux ont une durée germinative moyenne de 2 ans. Elles peuvent, cependant, conserver une faculté germinative jusqu’à 6 années. Un gramme contient environ 400 semences.


Erosion génétique

Dans la collection nationale du NSSL (banque de semences) de Fort Collins aux USA, il y avait 39 variétés de poireaux en 1903 et seulement 5 variétés en 1983, ce qui représente une perte de 87,2 %. Aux USA, le Seed Savers Exchange a mis en valeur qu’il y avait, en 1981, 70 variétés non-hybrides de poireaux présentées dans les catalogues de semences. Il en restait 22 variétés en 2004, à savoir une perte de 69 %.

En France, Vilmorin a décrit 10 variétés dans l’édition de 1891 de Plantes Potagères et 15 variétés en 1925. Dans le Catalogue Officiel de 1995, 42 variétés sont inscrites dont 12 sont des variétés anciennes. Dans le Catalogue Officiel de 2004, 36 variétés sont inscrites dont 11 sont des variétés anciennes. Parmi ces 11 variétés, 2 sont en cours de radiation.  Parmi les 20 variétés inscrites sur le premier Catalogue provisoire du GNIS en 1949, seulement 7 variétés sont encore inscrites sur le dernier catalogue de 2004.

Il semblerait que l’hybridité et la transgénèse n’aient pas encore frappé le poireau. Nous sommes sans doute tranquille pour un petit bout de temps et nous faire de bonnes soupes sans se demander s’il y a un gène de scorpion, de cochon ou de l’antibiotique qui s’y cache !