Courges et Courgettes

CLASSIFICATION BOTANIQUE

Les courges, Cucurbita sp., appartiennent à la  Famille des Cucurbitaceae et à la Tribu des Cucurbiteae. Le genre Cucurbita comprend 27 espèces connues. Les cinq espèces les plus communément cultivées dans nos jardins sont les suivantes :

Cucurbita pepo

Différentes variétés de Cucurbita pepo

Un certain nombre de variétés, au sein de cette espèce, sont buissonnantes. Les feuilles et les tiges sont piquantes. Les feuilles, souvent profondément découpées, se caractérisent également par des lobes anguleux. Le pédoncule des fruits se caractérise par des  divisions (de 5 à 8, et parfois plus) très marquées et il ne s’élargit généralement pas à l’endroit de l’insertion. Ces divisions se prolongent, souvent, sur le fruit par des côtes ou des colorations  différentes. Les semences sont blanchâtres et plates. Elles sont toujours marginées et de couleur blanc gris uniforme.

L’espèce Cucurbita pepo se divise en deux sous-espèces :

Cucurbita pepo var. pepo. Cette sous-espèce ne comprend que des variétés domestiquées telles que les courgettes, les citrouilles ainsi que quelques courges ornementales appelées en France “coloquintes” qui se caractérisent habituellement par une pigmentation rougeâtre.

 

Cucurbita pepo  var. ovifera.  Cette sous-espèce se divise elle-même en trois groupes :
1. Le groupe ovifera qui ne contient que des variétés domestiquées telles que les courges-glands, les pâtissons et certaines courges ornementales appelées en France “coloquintes”  (couronne d’épines, oeuf blanc, cuillère…).
2. Le groupe texana qui est constitué de courges sauvages que l’on trouve au Texas.
3. Le groupe ozarkana qui est constitué de courges sauvages que l’on trouve au-delà du Texas (Illinois, Missouri, Arkansas, Oklaoma et Louisiane).

Cucurbita maxima

Différentes variétés de Curcubita maxima

Cette espèce se caractérise le plus souvent par des tiges très longues et il n’existe que très peu de variétés réellement buissonnantes. Les feuilles sont grandes, jamais profondément divisées et elles ont des lobes arrondis. Les poils nombreux et rudes qui couvrent toutes les parties vertes de la plante ne deviennent jamais spinescents. Le pédoncule du fruit est toujours arrondi et dépourvu de côtes. Après la floraison, il s’épaissit souvent beaucoup, se gerce fréquemment et il acquiert un diamètre double ou triple de celui de la tige. Les semences sont souvent recouvertes d’une pellicule peu adhérente. Elles sont marginées et leur couleur varie du blanc pur au bistre foncé. Elles sont ovales et souvent bombées.

Cucurbita moschata

Différentes variétés de Curcubita moschata

Les variétés de cette espèce sont toutes coureuses. Leurs feuilles ne sont pas découpées mais présentent des angles assez marqués. Les feuilles et les pétioles sont recouverts de poils nombreux qui ne deviennent pas spinescents. Le pédoncule présente cinq côtes ou angles et il s’élargit, ou s’épate, à l’endroit de l’insertion dans le fruit. Les semences sont souvent de couleur  blanc-gris et elles sont fortement marginées.

Cucurbita argyrosperma / Cucurbita mixta

Les botanistes n’ont accepté cette espèce que depuis les années 1930. Les tiges sont très longues, les feuilles sont grandes et recouvertes de poils. Le pédoncule est côtelé et un peu épaté à l’endroit d’insertion dans les fruits. Les semences sont assez longues et plates et profondément marginées. Cette bordure est parfois de couleur argentée.

Cucurbita argyrosperma se divise en deux sous-espèces :

  • Cucurbita argyrosperma var. argyrosperma qui se subdivise en quatre groupes : argyrosperma, callicarpa, stenosperma et palmieri. Les trois premiers groupes incluent toutes les variétés cultivées connues. Le quatrième groupe correspond aux populations spontanées du nord-est du Mexique que l’on dénomme habituellement Cucurbita palmieri.
  • Cucurbita argyrosperma var. sororia, qui inclue les populations sauvages, répandues du Mexique au Nicaragua, qui étaient originellement décrites sous le nom de Cucurbita sororia. Cette sous-espèce est considérée comme étant l’ancêtre sauvage du groupe.

Cucurbita ficifolia

Comme son nom l’indique, les feuilles de cette espèce ressemblent à celles du figuier et ont 5 lobes très arrondis, séparés par des sinus profonds. Les semences sont de couleur noire. Les tiges sont très longues et peuvent atteindre 15 mètres. C’est une espèce vivace lorsque les conditions climatiques le permettent. La fructification se manifeste lorsque les jours sont plus courts.

Arborescence des Cucurbitaceae. Source : Longo Maï

HISTOIRE

La famille des Cucurbitacées est une des familles les plus importantes dans le domaine alimentaire.

Les espèces du genre Cucurbita ont été domestiquées dans le Nouveau Monde et ont été cultivées depuis des millénaires par les peuples Amérindiens. Malgré la marginalisation actuelle de certaines de ces espèces, elles ont été une composante essentielle du régime alimentaire des communautés rurales et de certaines communautés urbaines du continent Américain et d’autres parties du monde.

Il est estimé généralement que Cucurbita maxima est issue du centre de biodiversité de l’Amérique du sud. Quant aux quatre autres espèces communément utilisées par l’homme, à savoir Cucurbita pepo, Cucurbita moschata, Cucurbita  ficifolia et Cucurbita  argyrosperma, elles sont supposées avoir été domestiquées en Amérique centrale sans que la certitude de cette origine soit absolue. Vers la fin des années 1980, une grande quantité d’informations a été rassemblée sur l’origine et l’évolution de ces quatre espèces. Les limites taxonomiques et génétiques de Cucurbita pepo et Cucurbita argyrosperma ont été redéfinies et les espèces sauvages qui leur sont apparentées ont été classifiées en catégories intra-spécifiques appropriées. Les conclusions de toutes ces recherches ont jeté un doute sur l’origine centre-américaine de Cucurbita moschata et de Cucurbita ficifolia.

Cucurbita pepo 

Selon les fouilles archéologiques, l’espèce Cucurbita pepo est une des plus vieilles espèces domestiquées. Les traces les plus anciennes ont été découvertes au Mexique dans la vallée d’Oaxaca (8750 avant Jésus-Christ à 700 après Jésus-Christ) et dans les grottes de Ocampo à Tamaulipas (7000 avant Jésus-Christ à 500 avant Jésus-Christ). Sa présence aux Etats-Unis est également très ancienne puisqu’elle remonte à 4000 avant Jésus-Christ dans le Missouri et à 1400 avant Jésus-Christ dans le Mississipi. Il est possible que Cucurbita pepo ait été domestiquée à la fois au Mexique, avec Cucurbita fraternacomme ancêtre sauvage, et dans la région est des Etats-Unis avec Cucurbita texana comme ancêtre sauvage.

Cucurbita argyrosperma 

C’est l’espèce cultivée qui a été le plus l’objet de recherches intensives durant ces dernières années. Selon les découvertes archéologiques les plus récentes, il semblerait que la domestication de Cucurbita argyrosperma, dans le sud du Mexique, date de plus de 7000 années. Le groupe argyrosperma semble le moins spécialisé et le plus primitif alors que le groupe callicarpa est le groupe le plus spécialisé et le plus récent. La taille relativement grande des graines du groupe  argyrosperma suggère que ce groupe fut principalement sélectionné pour les graines. Par contre, la diversité des formes, des couleurs et de la taille des fruits des groupes Stenosperma et Callicarpa suggère que la sélection était orientée à la fois vers l’obtention de graines et de chair. En Amérique du sud, l’espèce Cucurbita argyrosperma,  est cultivée au Pérou et en Argentine. Les variétés qui y sont cultivées sont manifestement une introduction récente du groupe Callicarpa. Quelques variétés de ce groupe sont également présentes aux USA ainsi qu’une variété du groupe argyrosperma commercialisée comme plante d’ornement “Silver Seed Gourd”.

Au Mexique, les trois groupes cultivés de Cucurbita argyrosperma se trouvent chacun dans des zones bien spécifiques du pays à une altitude variant entre 0 et 1800 mètres. Ils prospèrent de préférence dans des climats chauds et secs ou bien avec une saison de pluies bien déterminée.

Cucurbita moschata

Les vestiges de cette espèce que l’on a découverts lors de recherches archéologiques ne permettent pas d’affirmer avec certitude que cette espèce est originaire d’Amérique centrale ou d’Amérique du sud. Les vestiges les plus anciens ont été découverts dans les grottes d’Ocampo, Tamaulipas au nord-ouest de Mexico. Ils sont datés à une période allant de 4900 à 3500 avant Jésus-Christ. On en a également découvert à Huaca Prieta au Pérou (3000 avant Jésus-Christ), au Guatemala  (2000 avant Jésus-Christ à 850 après Jésus-Christ). Cette espèce étant extrêmement variable quant à la morphologie de ses fruits et de ses semences, on ne peut en tirer aucune conclusion quant à la détermination d’un centre d’origine génétique. La diversité génétique de cette espèce est considérable quant à la forme de ses fruits et de ses semences, quant aux cycles de croissance, quant à la résistance à des maladies virales, quant à la capacité de conservation. On peut mentionner l’existence de variétés très résistantes à des virus cultivées par les peuples Mayas ou de variétés aux cycles de croissance très différents cultivées sur la péninsule du Yucatan. Ce sont 2000 souches de Cucurbita moschata qui sont répertoriées par les scientifiques Américains.

Cucurbita ficifolia

Le centre d’origine et de domestication de cette espèce est encore inconnu. Il se situe en Amérique centrale ou en Amérique du sud. Les vestiges les plus anciens ont été découverts au Pérou. Cette espèce se caractérise par une très grande productivité et il est commun de trouver une cinquantaine de fruits sur une plante. Chaque fruit peut contenir jusqu’à 500 graines ou plus.

CONSEILS DE JARDINAGE

Les courges ayant un développement très rapide, il faut veiller à ne pas les semer
en godets trop tôt, dans la saison.

Généralement, il suffit de les semer ainsi de 2 à 3 semaines avant le repiquage (surtout pour les Cucurbita pepo et Cucurbita maxima).
Les Cucurbita moschata peuvent bénéficier d’une semaine, ou deux, de plus en godet car leur croissance est un peu plus lente.

Lorsqu’une courge est semée trop tôt dans la saison, en godet, son système racinaire devient fibreux et lors du repiquage, la plante a beaucoup de peine à reprendre et sa croissance n’est pas harmonieuse.

Le repiquage s’effectue, après les derniers risques de gelées, dans des trous remplis de bon compost et recouverts par la terre retirée du trou.

Dans les régions très chaudes, il faut veiller à ce que la période de mise à fruit ne coïncide pas (dans la mesure du possible) avec des périodes habituelles de très fortes chaleurs. En effet, au‐delà d’une certaine température, les fécondations échouent, et on dit que les fleurs “coulent”.

La distance entre chaque plant varie en fonction des variétés. Il faut compter, en tous sens, 1m pour les variétés buissonnantes, 1m50 pour les variétés semi-coureuses à fort développement.

Ces dernières apprécieront d’être cultivées en hauteur et de pouvoir grimper. Les supports doivent être solidement ancrés car certaines variétés ont des fruits de très grand poids.

 POLLINISATION

Fleur mâle non épanouie

Les fleurs femelles sont tout aussi facilement reconnaissables car à leur base se trouve le futur fruit, en fait l’ovaire, possédant déjà une forme bien définie.

Lorsque la fleur femelle est fécondée, le fruit se développe. Lorsque la fleur femelle n’est pas fécondée, le fruit s’étiole.

Sur une plante de courge, les fleurs mâles apparaissent bien avant les fleurs femelles et elles sont bien plus nombreuses que ces dernières. On peut remarquer également que durant des périodes de très haute température, les fleurs mâles sont prédominantes. Les fleurs mâles possèdent du pollen et du nectar et les fleurs femelles possèdent seulement du nectar.

Elles ont une durée de vie très courte : elles s’épanouissent avant l’aube et se ferment définitivement en milieu de matinée.

La courge est une plante monoïque,
à savoir portant sur le même plant des fleurs mâles et femelles à des endroits différents.

La courge peut être autofécondée : une fleur femelle peut être fertilisé par du pollen provenant d’une fleur mâle de la même plante. Cependant, les fécondations croisées sont prédominantes : la fleur femelle est fertilisée par du pollen provenant de différentes plantes de la même variété ou d’une autre variété.

Ce sont les abeilles qui sont le principal vecteur de ces pollinisations croisées. En fonction des régions et des environnements, la distance d’isolement conseillée entre deux variétés de courges varie de 500 mètres à 1 kilomètre et même parfois plus.

Les fleurs mâles sont facilement reconnaissables car elles apparaissent au-dessus du feuillage au bout de longues tiges.

Fleur femelle non épanouie

Il est essentiel de prendre conscience que les pollinisations croisées ne peuvent se manifester qu’au sein de la même espèce. Il n’y a pas de fécondations croisées et donc d’hybridations naturelles possibles entre les différentes espèces de Cucurbita si ce n’est une probabilité très réduite
impliquant Cucurbita argyrosperma.

En effet, les botanistes Américains se sont aperçus que Cucurbita argyrosperma se caractérisait par différents niveaux de compatibilité et donc d’hybridation potentielle :

– Le plus grand degré de compatibilité se manifeste avec Cucurbita moschata ;
– Un degré moindre de compatibilité se manifeste avec des variétés et des populations sauvages de Cucurbita pepo ainsi que quelques variétés de Cucurbita maxima et des formes de Cucurbita foetidissima ;
– Un degré encore moindre de compatibilité se manifeste avec des espèces sauvages telles que Cucurbita lundellianaCucurbita martinezii, Cucurbita pedatifolia et Cucurbita digitata.
Il faut souligner que l’espèce Cucurbita argyrosperma est, cependant, peu connue et peu cultivée dans les jardins des zones tempérées.

Pour résumer, les hybridations sont avant tout des hybridations inter‐variétales (au sein de chaque espèce) et il n’y pas d’hybridations entre Cucurbita pepo, Cucurbita maxima, Cucurbita moschata et Cucurbita cifolia.

Ainsi, un jardinier peut produire en pollinisation libre ses semences de courges dans son jardin (si ce dernier est isolé de façon satisfaisante du plus proche jardin produisant d’autres courges) à condition de ne cultiver qu’une variété par espèce : par exemple, une courgette (Cucurbita pepo) un potimarron (Cucurbita maxima), un butternut (Cucurbita moschata), une courge de Siam (Cucurbita cifolia).

Il est conseillé de ne pas cultiver de variété de Cucurbita argyrosperma, à proximité de variétés de Cucurbita pepoCucurbita maxima et Cucurbita moschata, lorsque l’on souhaite produire ses propres semences. Par contre, on peut très bien produire des semences de Cucurbita argyrosperma et de Cucurbita cifolia dans le même jardin puisqu’il n’existe aucun risque d’hybridation entre ces deux espèces.

Le jardinier ne peut produire, du moins en pollinisation libre, des semences de courgettes vertes lorsqu’il y a dans le même jardin une autre variété de Cucurbita pepo, par exemple une variété de courgette jaune. En effet, les abeilles vont hybrider ces deux variétés de Cucurbita pepo et l’hybridation ne sera manifeste que la seconde année, lorsque les semences issues de ces deux variétés de courgettes seront mises en culture.

Il est important de comprendre que l’hybridation prend place dans le vrai fruit qu’est la semence. Ce que nous mangeons, c’est la chair du faux-fruit qui est en fait un élargissement de l’ovaire. Les ovules ont été fécondés par du pollen transmis de la fleur mâle à la fleur femelle. Chaque ovule fécondé est devenu une semence. Lorsque l’ovule d’une variété est fécondé par du pollen émanant d’une autre variété (de la même espèce), il génère une semence dont les potentialités sont très différentes.

Pour une production de semences bénéficiant d’une bonne diversité génétique, il est recommandé de cultiver au minimum 6 plantes de chaque variété. L’idéal est d’en cultiver une douzaine ou encore mieux une vingtaine si l’espace dans le jardin le permet.

 POLLINISATION CONTRÔLÉE

Nous allons maintenant évoquer les techniques de “pollinisation contrôlée” permettant à un jardinier de produire des semences de plusieurs variétés de la même espèce dans le même jardin sans tenir compte des distances d’isolement.

La première technique consiste tout simplement à cultiver sous protection d’un voile
toutes les plantes de la même variété.

On peut ainsi confectionner un mini tunnel avec des arceaux recouverts d’une moustiquaire en tulle ou en fine maille métallique. La seule contingence réelle de cette technique est la nécessité d’introduire des insectes pollinisateurs car sans eux, les plantes ne pourront pas êtres fécondés. Des ruchettes de bourdons sont commercialisées par des sociétés spécialisées mais elles représentent évidemment un certain coût. Ce coût peut être partagé par deux ou trois jardiniers dans la mesure où il suffit qu’un mini tunnel soit visité tous les deux ou trois jours par des insectes pollinisateurs. Les bourdons rentrent dans la ruchette durant la nuit et il est donc aisé de les transporter sur un autre site. On peut également optimiser l’usage de telles ruchettes (normalement destinées à polliniser sur de grandes surfaces et pendant plusieurs semaines) en créant un assez long tunnel qui pourra accueillir une variété de chacune des espèces de Cucurbita avec une variété de concombre, une variété de melon, une variété de pastèque, une variété d’aubergine, une variété de gombo. Toutes les semences produites seront pures variétalement.

La seconde technique est celle de la pollinisation manuelle.

Nous avons pu constater que certaines variétés de courges semblaient plus récalcitrantes que d’autres à la pollinisation manuelle. C’est le cas, par exemple, de la variété “Potiron vert olive”. Il reste, cependant, à prouver que cette difficulté soit intrinsèque à la variété et qu’elle ne soit pas plutôt une conséquence d’une certaine inadaptation de ladite variété à tel ou tel environnement.
Lorsqu’en début de saison, on souhaite pratiquer des pollinisations manuelles sur les courges, il faut veiller à ce que l’espacement entre les variétés soit amplement suffisant pour que les tiges ne se mélangent pas et que les fleurs (en particulier les fleurs mâles) soient facilement repérables pour chaque variété.

PRODUCTION DE SEMENCES

Extraction des semences

Lors de la récolte des fruits, il est conseillé d’attendre le plus longtemps possible avant de les ouvrir pour en extraire les semences.

En effet, ces dernières continuent de se former à l’intérieur du fruit. Lorsque l’on attend un mois, ou plus, la qualité et la viabilité des semences est meilleure. À l’ouverture du fruit, les semences sont extraites à la main et l’on peut les laver en en détachant la pulpe. Elles sont ensuite mises à sécher de suite sur un petit tamis dans un endroit sec et ventilé. Les semences de courges prennent un certain nombre de jours à sécher complètement. Un ventilateur peut grandement accélérer le processus.

Les semences sont totalement sèches si elles cassent lorsqu’on tente de les plier. Il est fortement déconseillé de les sécher sur du papier car on ne peut plus ensuite les en détacher.

Les semences de courges ont une durée germinative moyenne de 6 ans.
Elles peuvent, cependant, conserver une faculté germinative jusqu’à 10 années et plus.

Les diverses variétés de Cucurbita pepo contiennent de 5 000 semences à 20 000 semences par kilo ; de 2 500 semences à 5500 semences pour les diverses variétés de Cucurbita maxima et de 5 200 semences à 12 000 semences pour les diverses variétés de Cucurbita moschata.

CRÉATION VARIÉTALE

Bien que les courges soient fondamentalement des plantes allogames,
il semble, cependant, qu’elle se soient adaptées à des conditions d’auto-fécondation.

Certains auteurs en Amérique mettent en avant différentes raisons. La première est le développement assez étendu des Cucurbita qui occasionne souvent une fécondation des fleurs femelles d’une plante par du pollen émanant de fleurs mâles de la même plante. La seconde est la pratique très courante chez les Amérindiens de mélanger dans le jardin les plants de maïs, de courges et de haricots, instaurant ainsi une certaine distance entre les plantes de la même variété.

Quoiqu’il en soit, l’auto-fécondation a été couramment utilisée par les obtenteurs pour créer de nouvelles variétés et il ne semble pas que les Cucurbita soient trop sensibles à ce que l’on appelle la “dépression génétique”.

En fonction de cela, il est donc très facile pour un jardinier de jouer à créer ses propres variétés en croisant deux variétés de la même espèce.

La technique est similaire à celle employée pour la pollinisation manuelle à la différence que les fleurs mâles proviennent de plantes d’une variété différente.

Fleur femelle ligaturée

Ainsi, la veille au soir on peut ligaturer des fleurs femelles de Golden Delicious (en forme de coeur) et des fleurs mâles de la variété Marina di Chioggia  (qui sont deux Cucurbita maxima). Le lendemain, la fécondation s’effectue comme expliquée précédemment.

Il faut bien sûr ne pas oublier d’accrocher une étiquette au pédoncule, de façon lâche, en précisant les noms de la variété “réceptrice” et de la variété “mâle”. Les semences sont récoltées à l’automne et semées l’année suivante.

Lorsque le croisement a été réalisé avec des variétés très “purifiées” (ce qui est souvent le cas des variétés dites à usage professionnel), il va générer des plantes de première génération qui vont être relativement semblables et il n’est pas nécessaire d’en cultiver un grand nombre.

Ce n’est, par contre, pas le cas lorsque les variétés utilisées pour le croisement sont des variétés à usage amateur avec des caractéristiques relativement variables. Le croisement va alors générer des plantes de première génération plus dissemblables et on peut en cultiver un plus grand nombre que dans le cas précédent.

Les plantes de cette première génération vont devoir être systématiquement auto-fécondées. Cela veut dire que les fleurs femelles de chaque plante sont pollinisées manuellement avec des fleurs mâles issues de la même plante.

Le jardinier va sélectionner des fruits en fonction de critères telle que l’obtention d’un coeur de couleur bronze et à l’épiderme verruqueux. Il ne va récolter les semences que du ou des fruits sélectionnés.

Ces semences sont ensuite semées l’année d’après et les plantes qu’elles vont produire sont toutes auto-fécondées. Le jardinier de nouveau ne sélectionne que le ou les fruits en forme de coeur bronze et verruqueux. Ce processus va être répété durant plusieurs années jusqu’à ce que tous les fruits obtenus aient les caractéristiques sélectionnées à partir de la première génération. La variété est ainsi dite “fixée”. Cependant, il est hautement probable que de temps en temps apparaissent des fruits que l’on appelle “hors type” en raison de la présence de gènes qualifiés de “récessifs”. Une nouvelle variété peut également être créée lorsqu’on découvre dans le jardin une courge ne correspondant pas du tout à la variété semée. On peut appeler cela une mutation ou un cadeau des anges. Si le jardinier apprécie la couleur ou la forme ou la saveur ou la grande précocité du fruit hors type, il peut l’utiliser comme base d’un processus de sélection et d’auto-fécondation afin d’obtenir, après quelques années, une variété fixée ne produisant que des fruits similaires au fruit découvert dans le jardin.

ÉROSION GÉNÉTIQUE

Le Seed Savers Exchange aux USA n’a pas de chiffre précis pour l’érosion génétique des courgettes car il a mis en valeur la totalité de l’espèce Cucurbita pepo. Pour cette dernière, des 128 variétés non-hybrides présentées en 1981 dans les catalogues de semences, il ne restait en 2004 que 72 variétés, à savoir une perte de 44 %.

Le catalogue officiel Français du GNIS de 1995 présentait 54 variétés de courgettes dont 46 variétés hybrides F, à savoir 84 %. Le catalogue officiel de 2004 présentait 115 variétés de courgettes dont 106 variétés hybrides F, à savoir 92 %. Sur les 46 variétés hybrides Finscrites en 1995, 18 variétés avaient disparu du catalogue 2004 ce qui signifie qu’en 2004, 78 variétés ont moins de 10 années d’existence.

Le catalogue officiel Français du GNIS de 2011 présentait 95 variétés de courgettes dont 89 variétés hybrides F, à savoir 94 %. Donc, de 1995 à 2011, on est passé de 84 % à 94 % d’hybrides F1 dans les courgettes du catalogue national : une tendance irrésistible vers le tout hybride.

Dans un autre registre, nous avons analysé, sur ce catalogue officiel 2011, la liste des obtenteurs et propriétaires des courgettes, et surtout ce qui se cache derrière.

Limagrain possède, entre autres,  les semenciers suivants : Clause-Tézier, Vilmorin, Harris Moran, Ferry Morse, Hazera Genetics. Monsanto possède, entre autres,  Seminis, donc Asgrow Seeds, Bruinsma, Royal Sluis, Peto seeds. Syngenta possède, entre autres, Sluis and Groot.

Limagrain détient 62 variétés = 70 %

Monsanto détient 9 variétés = 10 %

Hollard Seeds détient 9 variétés = 10 %

Syngenta détient 4 variétés = 4,5 %

Sakata détient 4 variétés = 4,5 %

Le groupe Limagrain contrôle donc 70 % des variétés de courgettes du catalogue Français.

Trois groupes semenciers contrôlent 90 % des variétés de courgettes du catalogue Français.

Cinq groupes semenciers contrôlent 99 % des variétés de courgettes du catalogue Français, dont Monsanto et Syngenta.


L’édition 1925 des Plantes Potagères décrit une trentaine de Cucurbita maxima, quelques Cucurbita moschata et une vingtaine de Cucurbita pepo.

Voici les résultats de l’étude du Seed Savers Exchange aux USA :

Pour Cucurbita pepo, des 128 variétés non-hybrides présentées en 1981 dans les catalogues de semences, il ne reste en 2004 que 72 variétés, à savoir une perte de 44 %.

Pour Cucurbita maxima, des 82 variétés non-hybrides présentées en 1981 dans les catalogues de semences, il ne reste en 2004 que 56 variétés, à savoir une perte de 32 %.

Pour Cucurbita moschata, des 28 variétés non-hybrides présentées en 1981 dans les catalogues de semences, il ne reste en 2004 que 15 variétés, à savoir une perte de 46 %.

Dans la collection nationale du NSSL (banque de semences) de Fort Collins aux USA, il y avait 341 variétés de courges en 1903 et seulement 40 variétés en 1983, ce qui représente une érosion génétique de 88,3%.

En France, la grande majorité des variétés distribuées commercialement est hors-catalogue officiel, ce qui ne nous ne gène pas outre-mesure. En effet, ce catalogue ne reconnaît comme Cucurbita pepo que les courgettes et comme Cucurbita maxima, que quelques variétés de potirons.

Cela signifie que depuis un très grand nombre d’années, toutes les variétés hybrides Fde Cucurbita pepo (hors courgettes) et de Cucurbita maxima sont vendues dans les catalogues professionnels en toute clandestinité! Bienvenue au club de la désobéissance civile semencière ! La liste pour variétés amateurs qui est entrée en vigueur depuis janvier 2000 continue de classer les Cucurbita pepo dans la rubrique courgette. On y perd son latin.

Quant aux courges musquées (dont la Musquée de Provence), elles pouvaient être commercialisées en toute tranquillité puisque la rubrique Cucurbita moschata n’existait pas dans le catalogue officiel. Et bien, certains semenciers ont fait du zèle et cette espèce est maintenant répertoriée dans la liste de variétés soi-disant à usage (très strictement) amateur, liste transformée, dernièrement, par un coup de baguette gouvernementale en liste de variétés sans valeur intrinséque! La bonne blague.

Ce qui n’empêche pas, bien sûr, tous les maraîchers professionnels (et donc non-amateurs) de la cultiver et de la commercialiser sur tous les marchés, ce dont nous sommes fort aises.

Les premières variétés hybrides Font été créées au milieu du siècle passé. Les Japonais ont particulièrement créé des hybrides interspécifiques entre Cucurbita maxima et Cucurbita moschata.

Certains hybrides F1  modernes sont tellement dé-naturés qu’ils en oublient de produire des fleurs mâles. Les maraîchers sont parfois obligés de pulvériser des hormones de croissance qui vont alors promouvoir le développement parthénocarpique des fruits.

A ce rythme de dénaturation, il faudra peut-être créer une nouvelle section agronomique dans le futur (si tant qu’il y ait un futur pour l’agronomie moderne !) : psychanalyse des âmes-groupes des plantes alimentaires pour réparer les dommages collatéraux induits par une perte d’identité.