Artichauts

CLASSIFICATION BOTANIQUE

L’Artichaut, Cynara scolymus, appartient à la  Famille des Asteraceae et à la Tribu des Cynareae. Le genre Cynara comprend 10 espèces connues.

POLLINISATION

Artichaut "Imperial Star"
Artichaut "Imperial Star"

Les fleurs individuelles, regroupées en capitule, de couleur bleue, sont auto-stériles. En effet, les anthères libèrent leur pollen de cinq à sept jours avant que les stigmates ne soient réceptifs. Cependant, la floraison n’étant pas simultanée sur les capitules, il y a toujours des étamines qui libèrent leur pollen et des stigmates qui sont réceptifs. Les abeilles sont très attirées par ces fleurs qui regorgent de pollen.

Afin de conserver la pureté variétale, il est conseillé d’isoler deux variétés d’artichauts d’un kilomètre. Il faut également les isoler de toute variété de cardon (Cynara cardunculus) qui pousserait dans le même jardin. En effet, le cardon s’hybride naturellement avec l’artichaut.

On peut également ensacher chaque capitule dans un sac en papier kraft ou en voile tissé. Il est alors nécessaire, chaque matin, d’ôter le sac et de passer une brosse en poils soyeux sur les fleurs afin que le pollen puisse atteindre les stigmates.

On peut aussi cultiver plusieurs plants d’une même variété sous une cage voilée. Il est alors nécessaire également, chaque matin, se soulever la cage afin de passer une brosse en poils soyeux sur les fleurs pour que le pollen puisse atteindre les stigmates.

Plusieurs variétés d’artichauts porte-graines peuvent être cultivées dans le même jardin sous des tunnels voilés à la condition de pratiquer l’ouverture des voiles par alternance (et bien sûr à condition qu’il n’y ait pas d’autres variétés de cardons ou d’artichauts dans un autre jardin à moins d’un kilomètre).

L’artichaut peut être reproduit de semences ou de boutures, en utilisant les bourgeons végétatifs situés à l’aisselle des feuilles.

PRODUCTION DE SEMENCES

L’artichaut est une plante bisannuelle produisant ses semences durant l’été de la seconde année. Les capitules peuvent être récoltés lorsque de petits plumeaux blancs et duveteux commencent à apparaître. Le séchage des capitules peut être alors poursuivi dans un endroit sec et ventilé.

Les semences d’artichauts ont une durée germinative moyenne de 7 ans. Elles peuvent, cependant, conserver une faculté germinative jusqu’à 9 années. Elles sont de couleur grise avec des parties brunes. Un gramme contient environ 25 semences.

ÉROSION GÉNÉTIQUE

Selon Mr. Claude Foury, auteur du chapitre fort intéressant sur les artichauts (Histoire de Légumes. INRA) :

« La biologie de l’espèce autorise deux modes de reproduction : le semis et le bouturage. Le premier fait apparaître de nouvelles formes pouvant être fixées par le second. La combinaison de ces pratiques aboutit à des populations plus ou moins hétérogènes qui sont des mélanges de clones. Au cours des jets successifs, des mutations somatiques se produisent, avec des fréquences variables, et peut-être sous-estimées, à cause notamment des difficultés de distinction. Si leur phénotype est très proche des individus d’origine, elles risquent fort d’être conservées inconsciemment et contribuent à l’enrichissement du mélange de clones.  Dans le cas contraire, elles peuvent être jugées inopportunes et éliminées… »

Pour sûr, les artichauts sont de volages amoureux : point ne se “fixent” et ils adorent “jouer”. On dirait volontiers qu’ils ont un “coeur d’artichaut” ! De semis ou de bouture, la reproduction de l’artichaut est une aventure.

En France, Vilmorin répertorie une douzaine de variétés en 1925. En 2004, sur le catalogue officiel Français, 13  variétés sont inscrites dont 5 seulement sont des anciennes variétés.

Mr. Foury pense que le développement du semis serait un facteur d’augmentation du nombre de variétés. L’Italie semble encore un berceau “relatif” de diversité de l’artichaut : certaines associations de chefs de cuisine considèrent qu’il y a encore 90 variétés cultivées dans ce pays, certaines étant des variétés strictement de terroir.

Voici quelques passages extraits d’un article de Mr Pierre Pecaut (de l’INRA Montfavet) en 1993 dans Sauve qui peut (une revue interne à l’INRA) et qui mettent en valeur un certain nombre de facteurs d’érosion génétique :

« Le nombre de variétés cultivées est plutôt réduit. En 1974, la collection internationale rassemblée et conservée à l’université de Bari (Italie) comprenait 115 origines ; aujourd’hui elle doit en compter une trentaine de plus. Compte-tenu de quelques synonymes, le nombre de cultivars réellement distincts est un peu inférieur. Parmi eux une vingtaine de cultivars sont à la base de l’essentiel de la production mondiale. Les cultivars les plus cultivés sont d’origine ancienne. Ce sont des clones, ou des agrégats de clones voisins. »

« …La variabilité intravariétale diminue dans la mesure où une sélection clonale favorise l’utilisation d’un seul clone au lieu d’une population.  Ainsi, le clone INRA VP 45 a-t-il souvent pris la place de Violet de Provence en France comme dans d’autres pays méditerranéens. » « En dehors de la collection internationale de Bari, les collections semblent peu nombreuses et peu fournies. Aucun recensement n’a été fait. Une collection doit être installée dans une zone peu gélive. La collection de l’INRA d’Avignon, en partie détruite par le froid en 1985, a pu être reconstituée grâce à un double implanté à cette époque au conservatoire botanique de l’île de Porquerolles. » « L’INRA entretient une collection d’une trentaine de cultivars. Elle va être regroupée à la station de Plougoulm par suite de l’arrêt des travaux sur l’artichaut à la station d’Avignon. Il s’ajoute une trentaine de clones créés par l’INRA : certains sont maintenant inscrits au Catalogue Officiel, ouvert très récemment (Salanquet, Salambo, Castel, etc.), d’autres sont encore en expérimentation, enfin, quelques uns dont l’intérêt ne paraît pas justifier l’inscription au Catalogue sont néanmoins utilisés localement par quelques producteurs. » Sauve qui peut ! Ce ne sont pas les jardiniers amateurs éclairés des USA ( par ailleurs très prolifiques dans certaines espèces potagères) qui vont sauver la situation. L’édition du Seed Savers Yearbook ne mentionne qu’une seule variété proposée par un de ses 8000 membres et le très célèbre ouvrage Cornucopia de Stephen Facciola ne mentionne que 9 variétés d’artichauts dont plusieurs sont d’origine Italienne. Aux USA, le Seed Savers Exchange a mis en valeur qu’il y avait, en 1981, 8 variétés non-hybrides d’artichauts présentées dans les catalogues de semences. Il en restait  5 variétés en 2004.