Avis aux amateurs de l’ “Or rouge” et aux gourmands : il est possible de cultiver du safran en France ! La bouillabaisse, par exemple, cette spécialité typiquement française à base de poissons, légumes, pomme de terre est relevée d’une pincée de safran ! De nombreuses recettes traditionnelles de nos terroirs sont agrémentées de ces fameux pistils rouge-brun (appelés aussi stigmate, la partie de Crocus sativus offrant la célèbre épice). Rien d’étonnant en réalité quand on sait que la France est productrice de safran depuis le XVe siècle ! Sa culture a connu des hauts et des bas pour des raisons humaines et météorologiques.
Mais depuis les années 2000, à l’aide de passionnés et de leurs recherches, de nombreuses safranières (lieu de culture et de récolte du safran) ont vu le jour un peu partout sur le territoire.
Il est désormais possible de trouver du safran de qualité et même local !
Retracer l’histoire du safran en France n’est pas chose aisée. N’étant pas née à cette époque, je m’en remets aux historiens. Et bien qu’ils ne soient pas toujours d’accord, ils se rejoignent sur un point : la culture de l’ “Or rouge” ne date pas d’hier !
La culture du Safran en France
Planter des bulbes de safran Crocus sativus en France n’est pas une hérésie ! Même si les guerres, l’agriculture et parfois le climat en ont perturbé la production.
La France, productrice de Safran depuis le Moyen-Âge
Le safran arrive en France au Moyen-Âge, grâce aux commerçants arabes. Au XVe siècle, la culture de l’ “ Or rouge” était répandue dans le Centre et en particulier dans la région de Pithiviers (Loiret). Cette commune était la bourse mondiale du safran et en fixait le prix. Pendant près de 500 ans, la France a été une des plus importantes productrices de safran au monde.
La culture de l’ “Or rouge” a été mise à mal par plusieurs événements :
- À partir de 1840 l’exode rural en France : la désertification des campagnes diminue les ressources humaines pour la production.
- Vers 1860, le développement des colorants de synthèse, bien moins chers à l’achat.
- Les hivers rigoureux de 1880 et 1881. Les températures étant descendues en dessous de – 18 °C une grande quantité de bulbes a gelé.
- Et enfin les première et seconde guerres mondiales qui donnent le coup de grâce à l’abandon des cultures de safran.
La culture de la fleur de Safran en France
On ne sait pas quand exactement, ni qui particulièrement, mais une chose est sûre : le savoir-faire français dans la culture du safran est indéniable !
Des producteurs de Safran sur tout le territoire
Crocus sativus supporte des hivers doux (les bulbes risquent de geler en dessous de -10 °C) et des étés secs. On retrouve en France, des zones où le safran est cultivé depuis des siècles :
- Le Gâtinais, un ancien comté qui regroupe l’Essonne, l’Yonne et le département du Loiret, dans lequel se concentre la majeure partie de la production du safran.
- Le Quercy, une ancienne province française, qui s’étendait sur le nord du Tarn-et-Garonne, quelques communes de la Dordogne, la Corrèze et l’Aveyron et se cultive majoritairement dans le Lot.
- La Creuse, ce département qui accueille une safranière d’un hectare, est l’exploitation la plus importante de France.
Jardiniers de Bretagne et Provence et d’ailleurs, vous n’êtes pas en reste ! Vous aussi vous pouvez cultiver du safran ! Depuis près de 30 ans, des associations travaillent sur la sauvegarde de bulbes. C’est le cas, par exemple, du Conservatoire Botanique du Safran du Quercy (le Safranério) dont l’objectif principal est la conservation et la multiplication de bulbes de safran issus de cultures traditionnelles locales.
La France : un climat propice à la production de Safran
Il faut environ 150 à 200 fleurs pour obtenir 1 gramme de safran ainsi que des étés chauds et secs et des hivers doux . Et de nombreuses régions en France remplissent tous les critères nécessaires à la culture du safran !
La France : une terre d’asile pour la culture Safran
Quant à la terre, elle doit être riche, meuble et bien drainée. Pour les sols lourds, il suffit de bien les travailler et de les amender en matière organique avant de planter les bulbes. En pot, en jardinière ou en pleine terre, les délicates fleurs mauves s’épanouiront sur une grande majorité du territoire.
En pleine terre, sur un espace de 1 mètre carré, on peut planter jusqu’à 50 bulbes.
Des pistils rouges français pour un Safran de qualité
Quand il s’agit de safran, on en trouve à tous les prix. Et un coût élevé n’est pas toujours gage de qualité quand on sait que le marché du safran n’est pas exempt d’ arnaques.
Le bulbe Crocus sativus étant très fragile, il est nécessaire de se renseigner sur l’origine des produits et de privilégier ceux certifiés en agriculture biologique. L’Iran et les Pays-Bas, les deux plus gros exportateurs de Crocus sativus, distribuent très souvent des bulbes malades et traités. Après des heures de transports, des variations de température, une hygrométrie variable, leur qualité à l’arrivée devient de l’histoire ancienne. Mais pas aussi ancienne que la culture du safran en France !
Il est bien plus simple de s’assurer de la qualité de l’épice, de ses conditions de cultures, de récolte et de séchage quand le safran provient de France.
Acheter du safran, made in France, n’a que des avantages et c’est bien moins fastidieux que d’en retracer son origine historique !