Chapitre 9 de l’ouvrage de Stephen Harrod Buhner : Plant Intelligence and the Imaginal realm.
Traduction et publication par Xochi autorisées par l’auteur.
Afin de comprendre Gaïa, nous devons abandonner le conditionnement mécaniste et cloisonnant qui nous a été imposé par la société depuis notre enfance. En effet, depuis leur tendre enfance, presque tous les Occidentaux (et particulièrement les jeunes scientifiques) sont exposés au concept d’une vie qui aurait émergé sous l’effet des lois aveugles et futiles de la chimie et de la physique et au concept d’un égoïsme qui sous-tendrait le comportement et l’évolution de toutes les plantes et animaux. Le mental d’un enfant se fait totalement emprisonné par ce type d’intellectualité au point que les qualités intuitives et stimulantes du mental soient complètement ignorées. STEPHAN HARDING
Nous avons été éduqués à penser des modèles, à l’exception de ceux en musique, en termes d’affaires fixées. C’est plus facile et plus paresseux de cette manière mais, bien évidemment, c’est du pur non-sens. En vérité, la façon la plus adéquate de penser au modèle qui connecte, c’est de l’imaginer primordialement comme une danse d’éléments interagissant. GREGORY BATESON
J’adore l’observation méticuleuse et féroce de Thoreau. La plupart des artistes débutent, ce qui semble correct, avec l’absorption intérieure, l’introversion et l’investigation de leur monde intérieur et, souvent, s’arrêtent là. D’une grande majorité d’œuvres d’art, nous déduisons que la prochaine phase inclut l’attention qui se dirige vers la vie au-delà de sa maison, au-delà de son mental, au-delà de l’obsession humaine avec cet enchevêtrement gigantesque que nous appelons l’univers. ROBERT BLY
Il est essentiel de comprendre que le monde naturel, duquel nous sommes exprimés en tant que communication écologique unique lorsque nous naissons, n’est pas un espace. C’est, comme Gregory Bateson l’a décrit, un contexte empli de phénomènes interconnectés qui sont des messages transformés ou, comme Buckminster Fuller le conçoit, un scénario. Et comme Fuller ajouta, il est possible de sortir d’un espace, il n’est pas possible de sortir d’un scénario. Répétons-le :
Il est possible de sortir d’un espace,
il n’est pas possible de sortir d’un scénario.
Si vous pouvez vous autoriser à laisser cette signification perceptuelle s’épanouir en votre intérieur et à percevoir, ensuite, le monde environnant au travers de sa lentille, la première chose que vous allez sans doute expérimenter est une légère nausée. Une telle réorientation contredit une croyance fondamentale que tout un chacun d’entre nous absorbe au travers de nos cultures à partir du jour de notre naissance et elle bouleverse le terrain de la réalité en nous. Tout ce que nous percevons, incluant nous-mêmes, subit une altération quant à son sens intrinsèque.
L’une des altérations primordiales est telle que notre expérience intérieure du monde passe d’une orientation statique à une orientation animée. Le monde n’est plus du tout un endroit de non-mouvement stable mais c’est un champ de flux perpétuel. Dès que vous appréhendez que vous vivez dans un scénario, le comportement habituel normal se modifie – automatiquement. Votre manière d’approcher le monde est altérée. Le crayon sur le bureau est maintenant approché comme une partie d’un scénario,
avec reconnaissance et empathie
et non pas comme un objet statique sis sur un autre objet statique, parce que vous seul posséderiez le mouvement.
Dans un scénario, tout est en mouvement, tout le temps. Tout se métamorphose, tout le temps. Dans un scénario, l’évolution n’a pas pris fin. Ce n’est pas un ascenseur qui est arrivé à sa destination – nous – où tout changement s’arrête. L’Évolution – à savoir l’Innovation Gaïenne – n’a pas de fin et n’en aura jamais. Nous sommes juste des acteurs qui passons sur la scène, et non point l’objectif ultime du processus. Ainsi que Michael Crichton le commente dans son ouvrage, Prey :
« La notion, selon laquelle le monde autour de nous est en évolution constante, est une platitude: ce n’est que rarement que nous en appréhendons les pleines implications. Ordinairement, par exemple, nous ne pensons pas qu’une maladie épidémique modifie sa nature au fil de la dissémination de l’épidémie. Nous ne pensons pas plus que l’évolution des plantes ou des animaux puisse se manifester en l’espace de quelques jours ou semaines – alors qu’il en est ainsi. Et, ordinairement, nous n’imaginons pas le monde vert autour de nous comme une scène de guerre chimique constante et sophistiquée, avec des plantes produisant des pesticides en réponse à des attaques, et des insectes développant des résistances. Mais le monde est bien pourtant comme cela.
Si nous pouvions réellement appréhender la nature authentique de la Nature – si nous pouvions réellement comprendre le sens de l’évolution – nous pourrions alors imaginer un monde en lequel chaque espèce vivante de plante, d’insecte et d’animal change à chaque instant en réponse à chaque autre plante, insecte et animal. Des populations entières d’organismes se développent et s’effondrent, évoluent et se métamorphosent. Cette transformation insatiable et perpétuelle, tout autant inexorable et irrésistible que les vagues et les marées, implique un monde en lequel toutes les actions humaines possèdent nécessairement des effets aléatoires. Le système intégral, que nous appelons la biosphère, est à ce point complexe que nous ne pouvons pas connaître par avance les conséquences de quoi que ce soit que nous fassions. (Cette incertitude est caractéristique de tous les systèmes complexes, incluant ceux créés par l’Homme). C’est pourquoi nos efforts passés, même les plus éclairés, ont généré des effets indésirables ».1
L’observation de Crichton « Si nous pouvions réellement appréhender la nature authentique de la Nature – si nous pouvions réellement comprendre le sens de l’évolution – nous pourrions alors imaginer un monde en lequel chaque espèce vivante de plante, d’insecte et d’animal change à chaque instant en réponse à chaque autre plante, insecte et animal. », est cruciale. Nous ne vivons pas dans un monde (et nous n’y avons jamais vécu) où nous serions les acteurs et où le reste de la Nature constituerait un arrière-plan statique. Ainsi que Buckminster Fuller l’exprima une fois :
« Il est étonnant que l’une des contemplations les plus pérennes des êtres humains ait été impliquée dans un concept statique de l’Univers, cette sorte d’Univers qui fut en vogue avec la mécanique classique Newtonienne. Nous ne pouvons pas penser l’Univers comme un tableau statique et fixé – ce que nous tentons de faire, néanmoins, lorsqu’il est demandé où se terminent les frontières de l’Univers. Les humains essayent de trouver un kit d’entité finie. Nous avons une inclination monologique pour la chose, la clé, la pierre d’assise de l’Univers ».2
L’orientation mentale de nous-mêmes – et de tous les autres organismes – comme étant continuellement dans un espace induit une analyse non adéquate du cadre écologique en lequel nous existons et dont nous avons émergé. L’une des pires failles logiques qui en découle est la croyance selon laquelle les organismes s’adaptent à leur environnement en s’insérant dans une niche – comme si l’environnement était un cadre statique extérieur emplis de vides, de niches, que les divers organismes peuvent ensuite occuper. Richard Lewontin commente que :
« Les organismes ne trouvent pas de niches écologiques pré-existantes auxquelles ils s’adaptent mais ils sont dans un processus constant de redéfinir et de remodeler leur environnement. À tout moment, la sélection naturelle opère afin de modifier la composition génétique des populations en réponse à l’environnement fluctuant mais comme cette composition se transforme, elle impulse une transformation concomitante dans l’environnement même. Ainsi, l’environnement et l’organisme sont tous deux des causes et effets dans un processus de co-évolution. Ce processus de co-évolution possède une caractéristique générale… Il est presque toujours topologiquement continu. A savoir que de petits changements dans l’environnement induisent de petits changements dans l’organisme qui, à leur tour, induisent de petits changements dans l’environnement… En bref, l’organisme et l’environnement doivent se suivre mutuellement en continu sinon il y a longtemps que la vie aurait disparu ».3
Ou comme Lovelock le commente : « La vie et l’environnement matériel ont co-évolué intimement à l’image d’une seule entité ».4 En d’autres mots, ce que nous avons c’est
juste attend
un scénario, et non pas un espace statique où les organismes s’insèrent. L’environnement lui-même ne peut pas être considéré, de façon réaliste, comme un espace ; au contraire, il doit être reconnu comme un organisme – un champ vivant –
tout comme la matrice extra-cellulaire
entourant nos cellules
est de nos jours appréhendée comme étant un champ vivant
qui s’adapte lui-même à des changements ou bien qui les initie. Si vous projetez votre regard plus profondément – ce qui n’est pas confortable – il s’avère, pour sûr, qu’il n’existe rien du tout qui puisse être qualifié “d’environnement”. Le vécu intérieur de cette affirmation, la légère nausée qui accompagne son utilisation comme une lentille au travers de laquelle visionner le monde, met bien en exergue la profondeur de l’attachement au paradigme “d’espace” que nous avons intégré. Lewontin développe encore plus avant cette compréhension – en accentuant encore un peu plus le trouble :
« Les propriétés des espèces dessinent la forme du monde extérieur sous-jacent, tout comme lorsque nous saupoudrons de la limaille de fer sur une feuille métallique déposée au-dessus d’un aimant, la limaille adopte une structure qui épouse le champ magnétique sous-jacent. Curieusement, l’étude des organismes est véritablement l’étude de la forme de l’espace environnemental, les organismes eux-mêmes n’étant rien d’autre que le médium passif au travers duquel nous percevons la forme du monde extérieur. Ils sont la limaille de fer du champ environnemental. »5
C’est une manière magnifique d’avoir un aperçu des “messages transformés” de Bateson. Car Bateson ne faisait que dire la même chose. Au travers de cette image, Lewontin fait passer le champ de vision de l’organisme au premier plan à l’arrière-plan comme premier-plan. Il modifie notre focalisation, inconfortablement, car l’on nous enseigne à tous que les organismes vivants constituent les éléments importants (aucun n’étant plus important que les humains). Ils constituent, par définition culturelle, le premier plan. Mais, avec ce changement de perspective, l’arrière-plan devient le premier plan et les organismes, en tant que tels, disparaissent; ils deviennent l’arrière-plan, leur importance se dissipe.
Cette sorte de permutation entre l’arrière-plan et le premier plan est délicieusement capturée par le célèbre dessin de Rubin. Cela crée le même effet de permutation de la perception du premier plan et de l’arrière-plan.
Est-ce le dessin de deux visages humains ou bien d’un vase? Lorsque vous focalisez votre attention sur le dessin, et dès que vous avez perçu les deux images possibles, le point d’attention commence automatiquement à osciller entre les deux perspectives – ce qui ne facilite pas l’appréhension de ce qui est réellement présent, de ce qu’exprime intrinsèquement le dessin. Bien que ce dessin ait pour finalité d’aider les artistes et les designers à capturer plus efficacement des formes tridimensionnelles sur une page bidimensionnelle, ce qu’il fait d’encore mieux, cependant, c’est d’illustrer l’expérience de tenter de découvrir des solutions uniques à des problèmes mondiaux complexes.
Lorsque vous contemplez ce dessin
vous faites l’expérience de pourquoi
des solutions descendantes à des problèmes environnementaux complexes
failliront toujours.
Les réponses uniques n’existent pas. Comme Buckminster Fuller l’exprime…
« Les parents disent à l’enfant qu’il ne peut pas avoir à la fois le soleil et la lune dans le dessin. L’enfant dit que si. L’enfant a la capacité de coordonner la non-simultanéité. Les parents ont perdu cette capacité. L’une de nos grandes limitations est notre tendance à ne regarder que l’image statique, l’unique confrontation. Nous voulons des réponses à une seule image ; nous voulons des images-clés. Mais nous découvrons juste qu’elles ne sont pas disponibles ».6
Ou comme Marie Midgley l’exprime :
« L’univers n’a pas de secret unique. Il ne possède pas même un seul nid de secrets dont une antique étude aurait la clé. Nous pouvons expliquer beaucoup de choses mais selon des voies diverses. Toutes les études sont d’un usage strictement limité ; toutes sont complémentaires, toutes ont besoin les unes des autres ».7
Ou comme Paul Krugman le dit :
« La carte n’est pas le territoire et cela est correct d’utiliser différentes sortes de cartes en fonction de ce que vous cherchez à réaliser : si vous conduisez, une carte routière suffit mais si vous partez en randonnée, une carte topographique est essentielle ».8
La chimie est une carte. La physique, une autre carte. L’écologie, une autre carte. Toutes les cartes sont utiles et aucune n’est essentielle. Il n’existe pas de réponse unique.
Cependant… ce qui est troublant dans le dessin, c’est qu’il confère une expérience réelle de l’importance égale, dans la réalité, du premier plan et de l’arrière-plan, à la fois. Cela contredit directement la programmation de notre logiciel selon lequel seul le premier plan est essentiel et selon lequel les organismes devraient toujours se positionner au centre de la scène dans notre focalisation perceptive. Mais le dessin confère également une expérience de quelque chose de tout aussi essentiel : il n’existe pas d’arrière-plan, il n’existe qu’un premier plan. Ce que nous avons considéré comme étant l’arrière-plan et le premier plan sont, en fait, intrinsèquement la même chose. Et les deux doivent être perçus simultanément – en même temps – d’importance égale si nous souhaitons comprendre la Terre, et nous-mêmes.
C’est l’essence de la perception holistique
et le mental linéaire ne brille pas beaucoup en cela
Tous les organismes sont générés de la matrice écologique de cette planète – ce que nous avons considéré comme étant l’arrière-plan. Ils sont générés à partir des mouvements profonds du système auto-organisé vers le maintien de la stabilisation homéodynamique au travers des multiples niveaux du cadre de réalité qui existe dans ce scénario. Tous les organismes sont, en fait, des formes, ou plus précisément des trans-formes, de l’environnement lui-même. Ils sont à ce point intimement connectés avec le champ dont ils émergent qu’il n’est pas possible de les visualiser, avec une quelconque précision, isolés de ce champ. Les visualiser ainsi engendre immédiatement une dichotomie existentielle et interprétative entre le soi et le monde.
Toutes les actions comportementales réalisées qui sont fondées sur l’expérience erronée selon laquelle les organismes ne constituent pas l’environnement – ou selon laquelle l’environnement est l’arrière-plan tandis que les organismes constituent le premier plan – génèrent des perturbations environnementales qui vont désharmoniser l’homéodynamique du système Gaïen.
Ultimement, lorsque l’on examine attentivement les organismes et l’environnement, il s’avère réellement impossible de trouver le point de démarcation, l’endroit où l’organisme et l’environnement commencent et se terminent. Comme Lewontin le souligne :
« la souplesse de la démarcation entre l’intérieur et l’extérieur constitue une caractéristique universelle de tous les systèmes vivants. »9 Il est extrêmement difficile de localiser le point exact où le moi et le non-moi commencent. Oui, il existe un point de focalisation, un nexus
un nœud
d’être concentré dont une partie est perçue comme une forme physique unique, qui possède une existence réelle. Mais ce que c’est réellement, c’est un message transformé de l’environnement créé pour accomplir des fonctions spécifiques. C’est juste l’endroit où le matériau/message devient le plus dense. Et en tant que tel, il ne peut exister aucune ligne de démarcation définie entre l’organisme et l’environnement car seul l’environnement existe. Ce avec quoi nous sommes réellement impliqués, dans ce scénario que l’on appelle le monde, c’est une complexité infinie de systèmes auto-organisés nichés et emboîtés, chacun d’entre eux un aspect
tout comme nos globules blancs sont de nous
du plus large système auto-organisé que nous appelons Gaïa et qui n’est qu’une partie du plus large système auto-organisé de l’Univers.
C’est cet enchevêtrement immuable entre le premier plan et l’arrière-plan qui a tant effrayé les réductionnistes néo-darwiniens. Dans leur paradigme, les niches existent indépendamment de la vie et la vie s’adapte elle-même à ces niches, en compétition dans une lutte permanente pour la survie. Dans le monde néo-darwinien, la lutte pour la survie et la spécialisation de niche sont les deux seules réalités – en dépit du fait que Darwin lui-même fût beaucoup plus flexible, qu’il réalisât que sa grande intuition n’était juste qu’un commencement et qu’il devrait développer plus de complexité au fur et à mesure que ses implications et la réalité commencaient à être appréhendées. Comme James Lovelock le commente :
« Tout comme la physique Newtonienne s’avéra incomplète au niveau cosmique et particulaire, de même le Darwinisme est incomplet lorsqu’il tente d’expliquer le monde au-delà du phénotype. En particulier, il faillit à percevoir que les organismes font plus que de s’adapter à un monde mort et figé ».10
La reconnaissance selon laquelle la vie façonne l’environnement, qui façonne ensuite la vie, qui façonne ensuite l’environnement, détruit les fondations du système néo-darwinien. Elle commence à détruire tout le concept de cause à effet. L’évolution commence à adopter des caractéristiques quantiques; la pensée linéaire ne constitue plus le fondement. Comme Masanobu Fukuoka l’exprime :
« La Nature est une entité fluide qui se métamorphose de moment en moment. L’humanité est incapable d’appréhender l’essence de quoi que ce soit parce que la forme réelle de la Nature ne laisse pas de point de prise. Les gens se troublent lorsqu’ils sont captifs de théories qui cherchent à geler une Nature fluide… Derrière chaque cause, il existe un nombre incalculable d’autres causes. Toute tentative de retracer ces dernières à leur source ne nous éloigne qu’encore plus de la compréhension de la cause authentique… La Nature ne possède ni début ni fin, ni avant ni après, ni cause ni effet. La Causalité n’existe pas. Lorsqu’il n’existe ni devant ni derrière, ni début ni fin, mais seulement ce qui ressemble à un cercle ou à une sphère, on pourrait dire qu’il existe une unité de cause et d’effet mais on pourrait tout autant affirmer que la causalité n’existe pas ».11
Ou comme Goethe l’exprima :
« Lorsque quelque chose a acquis une forme, elle se métamorphose immédiatement en une autre forme. Si nous souhaitons accéder à une perception vivante de la Nature, nous devons rester aussi vifs et fluides que la Nature et suivre l’exemple qu’Elle donne ».12
L’amplification de l’ouverture des seuils de filtration sensorielle induit un amincissement de la frontière entre le soi et le non-soi. Elle permet à la conscience de se mouvoir d’un sentiment statique d’être dans un espace vers un sentiment d’immersion dans un scénario. Il permet l’immersion au sein de l’arrière-scène métaphysique du monde.
c’est à ce moment, comme Buckminster Fuller l’exprima un jour
qu’il n’y a plus « de Dieu d’occasion »
Cela nous permet de faire l’expérience, directement, qu’il n’existe aucune différence entre le premier plan et l’arrière-plan, que tous les deux constituent la même chose.
Et c’est vers là que nous nous dirigeons car tout cela, jusqu’à maintenant, n’a été que des préliminaires. Juste un traçage de la carte. Juste une histoire au sujet des pianos. Mais ce qui me passionne vraiment, c’est la chanson. Et qui plus est, ce qui me passionne encore plus, c’est de découvrir l’espace où la chanson demeure quand personne ne la chante. Comme Stephen King le dit :
« Là où je suis, il fait encore sombre et pluvieux. Nous avons une belle nuit pour cela. Il y a quelque chose que je veux te montrer, quelque chose que je veux que tu touches. C’est dans une pièce non loin d’ici – en fait, c’est presque aussi proche que la prochaine page. Y allons-nous ? ».13