À la lecture de l’une des Actualités du Réseau Biocoop (l’un de nos non-interlocuteurs préférés dans la problématique de la Bio Piratée!), “En ce moment, c’est la Tomate”, il n’est pas étonnant que l’Industrie Bio se moque éperdument de l’interdiction, pour les maraîchers bios, d’avoir accès à des variétés potagères du Domaine Public non inscrites dans le Catalogue Européen – et ce depuis une trentaine d’années.
Suite à nos différents communiqués, le Réseau Biocoop, vers 18 h, le 29 juillet, a supprimé son Actualité Tomate de son site internet : c’est ce qu’on appelle une “tomate chaude” sur l’étal de la communication durable !! La “Reine de l’été” de Biocoop est en train de se métamorphoser en “l’arène de l’été”. Et nous comprenons fort bien les angoisses métaphysiques de la direction de Biocoop alors que Syngenta vient de se faire racheter, pour 46 milliards de dollars, par la Chine (ChemChina). Voici donc une copie d’écran de cette Actualité supprimée prestement.
La centrale du Réseau Biocoop fait les louanges, dans cette Actualité, de 3 variétés hybrides F1 de tomates: Paola, Cindel et Paronset qui appartiennent respectivement à Limagrain, Enza Zaden et Syngenta/ChemChina. Selon les responsables marketing du Réseau Biocoop, Paola, Cindel et Paronset « sont les trois variétés ayant le goût le plus prononcé et la chair la plus douce et sucrée ! » Au monde ?? Et le Réseau Biocoop de préciser qu’il n’est point la peine de la placer au réfrigérateur, sa “Reine de l’été” : cela s’entend fort bien car toutes les tomates hybrides F1 de type “long life”, de la mafia semencière, se conservent, sans réfrigération, pendant des semaines et sans émettre la moindre velléité de métamorphose organique.
Le Réseau Biocoop précise, de plus, qu’il existe « de nombreuses variétés avec des goûts et des aspects légèrement différents ». Légèrement différents: c’est le moins que l’on puisse dire lorsque l’on connaît la collection de 600 variétés de Tomates proposées par Kokopelli – et dont les semences sont distribuées par Biocoop – avec toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, des saveurs diamétralement opposées, des formes drastiquement différentes et le poids du fruit variant de 20 grammes à 2kg500 !
Devons nous rappeler, à la cellule “bio, équitable et engagée” de communications du Réseau Biocoop, que le groupe Limagrain contrôle la moitié des quelque 400 variétés “légales” de tomates du catalogue Français du GNIS et que cinq groupes semenciers contrôlent quasiment 95 % des ces variétés “légales” de tomates du catalogue Français – trois de ces groupes étant étrangers dont Syngenta/ChemChina et Monsanto/Bayer. Toutes ces tomates sont des hybrides F1 – à 99 %.
De plus, n’est-il pas troublant de voir des Biocoops présenter, sur leur étal, des tomates bios libellées “gustatives” ? Ces tomates “gustatives” sont, en fait, de fausses anciennes variétés – des hybrides F1 commercialisés par Gautier ou Syngenta ou autre – simulant les formes et les couleurs des vraies anciennes variétés mais dont la saveur est, très souvent, réminiscente des matériaux d’emballage fabriqués par la pétrochimie. Ainsi, la société Gautier vend de tels simulacres d’anciennes variétés jusque 55,85 euros HT les 100 graines! Ainsi la société Jouno commercialise des hybrides F1 “gustatifs” aux noms fantaisistes et déposés à l’INPI : leurs variétés de tomates ne sont pas même inscrites au Catalogue Européen des Autorités. Tout va bien : les sociétés commerciales semencières semblent s’inspirer de la désobéissance Kokopellienne et bafouent la législation Française et Européenne, relative à l’inscription des variétés potagères, en toute impunité !! Précisons, une nouvelle fois, que tous ces hybrides F1 de fausses anciennes variétés sont vraisemblablement issus des dizaines de variétés de tomates créées par
A quand l’élimination de tous les hybrides F1, vecteurs de marchés captifs et d’érosion génétique, chez Réseau Biocoop ? N’est-il pas surprenant que nous ayons de plus en plus de Biocoops qui distribuent Kokopelli alors que la centrale est inféodée aux variétés hybrides F1 de la mafia semencière ? Qu’attend le Réseau Biocoop pour dénoncer l’interdiction – dans la récente loi Biodiversité – faite aux maraîchers bios d’utiliser des variétés du Domaine Public non inscrites au Catalogue Européen? Le Réseau Biocoop attend-il que Syngenta crée une association de loi 1901 pour commercialiser des anciennes variétés non inscrites – dans le cadre de la “reconquête” de la Biodiversité ?
Redisons-le haut et fort : si l’Association Kokopelli est devenue un symbole de liberté des semences, c’est parce que l’Association Kokopelli était déjà un symbole de Fertilité de par notre travail – depuis 1991. Ce ne sont ni les attaques juridiques à notre encontre, ni les subséquentes “légalisations de tous poils” de notre travail qui fondent notre mission : c’est la Fertilité pour la survie des Tribus du Futur.
Ce n’est pas une loi “à la reconquête” de la Biodiversité qui va nous permettre d’exister et de distribuer des semences: cela fait 25 ans que nous nous sommes donnés ces droits à nous-mêmes.
Ce n’est pas une loi “à la reconquête” de la Biodiversité qui va valider notre existence et notre mission : ce sont nos existence et mission mêmes qui suscitent chez les technocrates, au service des Autorités, le besoin de créer une loi Biodiversité pour nous “légaliser”.
Nous refusons que l’on brandisse Kokopelli comme une Mascotte de la Biodiversité (pour nous utiliser comme alibi par ceux dont les intentions sont troubles). Et nous refusons, tout autant, que l’on brandisse Kokopelli comme une “grosse association 1901”, pour reprendre l’expression peu élégante de collègues, qui tire ses marrons du feu pendant que les maraîchers bios ne sont pas autorisés à cultiver des variétés non inscrites : nous avons dénoncé cette aberration depuis 1997 et c’est l’une des raisons pour lesquelles nous n’avons jamais cautionné (au contraire de la majorité de nos collègues semenciers bios) cette fiction juridique que constitue le catalogue de variétés amateurs du GNIS – pas plus que nous n’avons cautionné ce catalogue recyclé par le GNIS, pour les besoins de la cause Européenne, en liste de variétés “sans valeur intrinsèque”, une autre fiction juridique.
Nous exigeons que toutes les variétés en pollinisation ouverte du Domaine Public soient libérées de toutes les fictions juridiques et de toutes “les contraintes sanitaires” imposées par un système d’agriculture biocidaire en train de transformer notre belle planète en poubelle cancérigène.
Xochi. Le 27 juillet 2016