Les Angéliques : des Messagères de la Terre pour Réanimer les Terriens

Le genre Angelica, dans la Famille des Apiacées, comprend environ 70 espèces. En France, la plus connue, de ces espèces, est Angelica archangelica… non pas en raison de sa nature de Plante Médicinale Suprême mais, principalement, parce que l’industrie de ses tiges confites (et confinées dans du sucre blanc strictement déminéralisant) est très prospère depuis quelques siècles – surtout dans la région de Niort.

Angelica archangelica : c’est toute une mission, dans l’appellation, car le terme “Angelica” est dérivé du Grec “ἄγγελος”, pour “Angelos” – signifiant le “Messager”. Si les Angéliques sont des Messagères, alors que dire de l’Angélique Archangélique – la Messagère très Messagère ? Ne serait-elle pas, donc, la Messagère Suprême de l’Europe Païenne et Animiste? Ce sont, en effet, les Angéliques, et les Plantes Médicinales, qui vont sauver les animaux humains de la contamination psychique et de la dégénérescence somatique…

Les Angéliques ne sont pas réputées de taxonomie facile, au sein des quelque 70 espèces qui composent le genre Angelica, et lorsque, récemment, les généticiens se sont mêlés – en brandissant des brins d’ADN, pour sacrée preuve à l’appui – de faire du ménage de nomenclature dans ce genre, des espèces d’Angelica se sont, alors, retrouvées chez les Heracleum ou chez les Ostericum, par exemple. C’est le cas d’Angelica anomala, et d’autres Angéliques Tibétaines, qui ont été transférées au genre Ostericum. C’est le cas, également, d’Angelica oncosepala qui serait, en fait, un Heracleum oncosepalum et qui serait identique à Heracleum yunnanense… mais qui aurait été propulsée, récemment, dans le genre Tetrataenium pour devenir Tetrataenium yunnanense.

Il est à noter, également, l’étymologie très évocatrice du genre botanique “Heracleum” qui est dérivée d’Hercules. Témoin le port Herculéen de la Berce du Caucase – Heracleum mantegazzianum – par exemple, qui peut atteindre 5 mètres de hauteur. 

Un certain nombre de Berces “Heracleum” sont, d’ailleurs, inscrites au catalogue des plantes très envahissantes : en sus de la Berce du Caucase, ce sont la Berce de Perse (Heracleum persicum) et la Berce de Sosnowsky (Heracleum sosnowskyi). [54] Les Néo-Darwinistes législateurs, à la solde de Big Pharma, ne peuvent pas imaginer que toutes les plantes, qu’ils légifèrent très invasives, sont, en fait, des Plantes Médicinales Maîtresses que la Terre fait abonder afin de soulager les misères sanitaires de l’Humanité – en croissance exponentielle car nous sommes les témoins d’une fin de civilisation.

Qui plus est, surprise des surprises, les ADNistes ont proclamé que notre Livèche commune, et Européenne, Levisticum officinale, est tellement soeur jumelle avec l’espèce Angelica sinensis, l’une des plantes majeures de la Pharmacopée Chinoise Traditionnelle – déclinée ci-dessous – que nous pouvons les déclarer identiques. Les Livèches appartiennent, normalement, aux genres Levisticum (une espèce) et Ligusticum (une petite cinquantaine d’espèces). Devrons-nous, donc, renommer la Livèche officinale Levisticum sinensis ? Ainsi, aujourd’hui, selon la nouvelle taxonomie phylogénétique, il faudrait inclure Angelica sinensis, Angelica tianmuensis et Angelica peoniifolia dans le même clade que celui incorporant le genre Levisticum.

Les termes botaniques “Ligusticum”, “Levisticum” et “Livèche” viennent, en fait, du Latin “Ligusticum”, qui vient du Grec “Λιγυστικός”,  pour “Ligustikós”, qui signifie “Ligurien / de la Ligurie”. Il existe souvent, en effet, dans nos langues, une équivalence entre le g et le v/w. Mais la beauté de cette anecdote génético-botanique, c’est que le petit peuple – ceux que la France/Finance de la Haute appelle des Gueux – dans sa bonhommie habituelle, et son manque de subjonctifs, a transformé le Grec “Ligustikós” en “Lovage” (en anglais), en “Luvasche” (en Anglo-Normand) , en “Luvache, Loveche” (en Vieux Français). Ces termes évoquent tous la même chose : “Ache de l’Amour” – l’Ache étant l’un des noms du Persil ou de la Livèche. Love/Ache et Live/Ache : ce sont les “Persils de l’Amour et de la Vie”.

Les espèces d’Angéliques réputées médicinales sont les suivantes : Angelica archangelica, Angelica sinensis, Angelica dahurica, Angelica pubescens, Angelica acutiloba, Angelica giga, Angelica keiskei, Angelica atropurpurea, Angelica arguta, Angelica lucida, Angelica breweri, Angelica dawsonii, Angelica genuflexa, Angelica hendersonii, Angelica lineariloba, Angelica pinnata, Angelica anomala, Angelica glabra, Angelica glauca, Angelica grosserata, Angelica tomentosa, Angelica koreana, Angelica polymorpha, Angelica rosaefolia, Angelica tenuisima, Angelica uchiyamai, Angelica decursiva, Angelica sylvestris, Angelica pancicii, Angelica urumiensis, Angelica cincta, Angelica viridiflora, Angelica czernevia, Angelica fallax, Angelica japonica, Angelica cartilagino-marginata.

Ce sont toutes des espèces vivaces à l’exception d’Angelica archangelica et d’Angelica dahurica qui sont bisannuelles ou trisannuelles – tout en sachant que cette dernière, en fonction des écosystèmes, peut également s’avérer vivace. Pour toutes ces Merveilleuses  Angéliques, il est conseillé de semer de suite les semences récoltées  – ou de les conserver au congélateur – car elles n’ont que peu de viabilité.

En France, l’usage médicinal des Angéliques est strictement non autorisé : il est, donc, interdit par la Loi Française – à savoir, par la Mafia Pharmaceutique des Multinationales supranationales. Seul l’usage médicinal des semences d’Angelica archangelica est permis par la législation Française – alors que ce sont ses racines qui recèlent du plan grand potentiel thérapeutique. [53] 

Aujourd’hui, si seulement une trentaine d’espèces d’Angéliques sont considérées comme alimentaires ou médicinales, de par le monde, c’est tout simplement que, pour la quarantaine d’autres, les traditions médicinales antiques ont été oubliées, ou éradiquées, et/ou que les investigations pharmacologiques modernes n’ont pas eu l’opportunité de s’y intéresser. Franchement, sur notre belle planète Terre, quelle espèce botanique ne serait pas, authentiquement, ou alimentaire, ou médicinale, ou shamanique – pour les animaux humains, ou non humains, pour les oiseaux, les grenouilles, les insectes, etc ? 

La Famille des Apiacées se caractérise, d’ailleurs, par un grand nombre d’espèces botaniques, extrêmement médicinales, appartenant aux genres suivants : Angelica, Levisticum, Ligusticum, Heracleum, Peucedanum… sans oublier les Lomatium – dont 23 espèces sont présentées, photographiquement, sur mon site Gaïan Ethnobotany [65] – des Peuples Amérindiens, de l’Amérique du Nord, dont les qualités thérapeutiques souveraines les protégèrent à l’encontre de ce qui fut appelée la “Grippe Espagnole” de 1918/1920 – qui était, en fait, une pneumonie bactérienne. [64]

Angéliques Médicinales d’Europe

Angelica sylvestris

Cette Angélique est appelée Angélique sauvage – ou Angélique des bois. Elle est originaire de l’Europe et de l’Asie centrale. La plante fait entre 60 cm et 2 mètres de hauteur. Ses tiges sont violacées. Ses fleurs sont de couleur blanche ou rose. Ses pétioles font de 10 à 40 cm de longueur. Ses semences font 4 à 5 mm de longueur. [50]

Il fut un temps où elle portait le nom d’Impératoire sauvage avec le nom latin Peucedanum angelicifolium. Aujourd’hui, l’Impératoire, ou Benjoin, porte le nom latin Peucedanum ostruthium. Le nom “Impératoire” vient du latin “imperatorius”, pour impérial, dénotant les qualités médicinales souveraines de cette espèce cousine des Angéliques. L’Impératoire était, également, dénommée “Maître des Maléfices”. Cette espèce médicinale est très active à l’encontre des toux, des troubles digestifs, intestinaux et gastriques, des fièvres, des grippes, des bronchites, de l’asthme, de la perte d’appétit, etc. Elle est, également, considérée comme un tonique. 

Angelica sylvestris a été traditionnellement utilisée – en racines et en semences – pour ses propriétés antispasmodiques, aromatiques, carminatives, diaphorétiques, diurétiques, emménagogues, expectorantes, stimulantes, stomachiques, cardiotoniques, antifongiques, antibactériennes, anti-inflammatoires et toniques. Les jeunes feuilles et les jeunes pousses sont consommées crues ou cuites. Les fleurs sont utilisées pour aromatiser les boissons. Les semences peuvent être utilisées afin d’épicer les plats. On extrait, également, une teinture jaune de cette espèce.

Cette espèce est considérée moins active médicinalement qu’Angelica archangelica. Néanmoins, elle était plantée dans toute l’Europe, dans les monastères, en prévention de la “peste”. Durant la période Ottomane, Angelica sylvestris entrait dans la composition de la “pâte de Mesir” – un complexe aphrodisiaque.

Dans les temps anciens, cette espèce était considérée comme magique de par le fait qu’elle chassait la Peste, neutralisait les poisons et prolongeait la Vie.

En France, elle entre dans la composition d’un remède magique connu depuis le Moyen-Age, “l’Eau de Mélisse” – qui contient la Mélisse, la Lavande, l’Armoise, la Marjolaine, etc.

 

Une étude de 2016 intitulée “Antibacterial and Antioxidant Activity of Traditional Medicinal Plants from the Balkan Peninsula” a mis en exergue ses propriétés anti-bactériennes à l’encontre de Streptococcus pyogenes et de Pseudomonas aeruginosa[46]

Dans la tradition Irlandaise, mâcher ses tiges, avant le petit déjeuner, permettait de promouvoir la miction et d’éliminer les palpitations cardiaques.

Une autre étude de 2016, intitulée “In vitro Antimicrobial Activity of Angelica sylvestris Roots”, a investigué ses propriétés anti-bactériennes à l’encontre de 18 souches bactériennes ou fongiques. Son activité anti-bactérienne était la plus prononcée à l’encontre d’Enterococcus faecium, de Listeria monocytogenes, de  Bacillus subtilis et de Staphylococcus aureus[47]

Angelica sylvestris a voyagé – au fil des âges et des pérégrinations – car elle se retrouve, également, dans les traditions médicinales des Peuples Micmac au Canada qui l’utilisent, principalement, pour les maux de tête et les maux de gorge – selon l’ouvrage, de 1959, “The Malecite Indians With Notes on the Micmacs” et l’ouvrage, de 1979, “Herbal Remedies of the Maritime Indians”.

Angelica archangelica

Cette Angélique est originaire du nord de l’Europe – Norvège, Russie, Finlande, Suède, Danemark, Islande, Groenland… – jusqu’à l’est de la Sibérie et jusqu’aux Himalayas. Angelica archangelica croit jusqu’à 1600 m d’altitude dans les régions montagneuses du nord de l’Europe. Aujourd’hui, elle s’est naturalisée à l’ouest et au sud de son aire d’origine génétique. On la retrouve, par exemple, dans les Pyrénées. 

Angelica archangelica
Angelica archangelica

En Islandais, le terme “Rótarfjall” signifie une “montagne aux racines” et il fait référence à une montagne sur laquelle croissent les Angéliques. En Féroïen, le langage des Iles Féroé, il existe de nombreux vocables afin de désigner les lieux où croissent naturellement les Angéliques : “Hvannabøli”, “Hvannabøkkur”, “Hvannakassi”, “Hvannaland” et “Hvannrók”. En Norvège, il existe plus de 50 noms géographiques commençant par “Kvann”, le nom de l’Angélique.

Dans la Saga de Hervor et du roi Heidrekr [112], du 13ème siècle, la réponse d’une énigme posée par le dieu Odin au roi Heidrekr – évoquant deux trolls féminins, sur la grande montagne, engendrant une progéniture – est la suivante : «Deux grandes Angéliques avec une petite Angélique (Hvannarkálfr) au milieu d’elles».

Sa dénomination “angélique” n’apparait que dans les langues du centre et du sud de l’Europe : “Angélique”, “Angelica”, “Engelwurz” (en Allemand), “Engelwortel” (en Hollandais) – et, également, en Finlandais, “Väinönputki”.

La première source, mentionnant “Angelica”, se trouve dans l’ouvrage  “Pandectae medicinae” de Matthaeus Silvaticus – vers l’an 1300. La première mention “Angelica”, dans le “Oxford English Dictionary”, date de l’édition de 1578. La première mention “archangelica” se trouve dans le “Plantarum seu stirpium historia”, publié, en 1576, par Matthias de l’Obel. La première illustration botanique d’une Angélique date de l’édition, de 1537, de l’ouvrage “Herbarum vivae eicones” d’Otto Brunfels.

Dans les langues Scandinaves, Angelica archangelica est dénommée selon des variations de “Hvönn” et de “Hvanne” – ses noms en vieux Norvégien : “Hvonn”, “Kvan”, “Kvann”, “Kvanne”. Il en de même pour la langue, non Scandinave, des Inuits qui la dénomment “Kuannit”.

Les plus antiques descriptions historiques d’Angelica archangelica se retrouvent, au 11ème siècle, dans les ouvrages de loi en Vieux Norrois et dans les Sagas Islandaises – telle que la Saga Fóstbræðra, la Saga des Frères Jurés, Thorgeir et Thormod.

Dans la Saga du roi Olaf Tryggvason (963-1000), le roi offrit un bouquet d’Angelica archangelica à son épouse, la reine Thyré, qui était en larmes, et qui le rejeta… car leur union n’était pas harmonieuse. Angelica archangelica était, alors, un symbole de fertilité. A Voss, en Norvège, les mariages, en procession à cheval, jusqu’en 1880, étaient invariablement accompagnés d’énormes bouquets d’Angélique – dont les plus beaux étaient portés par la mariée.

Selon Madame de Sévigné (1626-1696), «Son bon goût ne rappelle en rien dont on se souvienne et il ne ressemble à aucun autre goût que le sien».

Durant la première année de croissance, et parfois la seconde, Angelica archangelica produit une rosette de feuilles, de 30 à 70 cm de longueur, dont les pétioles sont tubulaires et creux. C’est alors qu’elle va accumuler des nutriments et des substances médicinales dans son épaisse racine pivot.

Le Vieux Norois est très sophistiqué, quant à ses dénominations de la plante, en fonction de ses parties botaniques : “Hvannnjóli” pour la tige fleurie ; “Hvannkalfr” (un veau d’Angélique) pour un rejet émergeant de la racine d’une vieille plante ; “Hvannjólatrumbu” pour un segment tubulaire de la plante ; “Skjerd” pour les jeunes plants avec trois feuilles. Dans cette langue “Hvannagarðr” désigne l’Angélique des jardins tandis que “Sløke” désigne l’Angélique des bois, Angelica sylvestris.

Durant la seconde année de croissance, et parfois la troisième, Angelica archangelica produit une tige florale principale, de couleur verte ou violacée, qui peut dépasser les deux mètres de hauteur. Les ombelles de fleurs font, alors, de 10 à 15 cm de diamètre et sont de couleur blanche ou jaune-verdâtre. Une fois ses semences produites, la plante s’étiole et meurt.

Comment distinguer aisément Angelica archangelica d’une espèce très proche, et commune dans toute l’Europe, à savoir l’Angélique des bois, Angelica sylvestris [50] ? Elles se différencient, entre autres caractères botaniques, par leurs inflorescences. Angelica sylvestris possède des ombelles beaucoup plus aplaties et, surtout, ses rayons centraux sont plus courts que ses rayons latéraux – au contraire de ceux d’Angelica archangelica qui sont, quasiment, de longueur égale. 

Selon la nomenclature botanique, il en existe deux sous-espèces : Angelica archangelica ssp. archangelica et Angelica archangelica ssp. littoralis. La première possède des semences plus grosses (7/8 mm versus 5/6 mm de longueur) et ses feuilles terminales sont profondément trilobées au contraire de la seconde. De plus, la saveur d’Angelica archangelica ssp. littoralis est beaucoup plus amère et elle est considérée comme moins comestible. Selon certains botanistes, la sous espèce Angelica archangelica ssp. archangelica se subdivise, elle-même, en trois écotypes principaux : Angelica archangelica ssp. archangelica var. archangelica, Angelica archangelica ssp. archangelica var. decurrens et Angelica archangelica ssp. archangelica var. sativa.

Il en existe même un cultivar, originaire du comté de Hordaland en Norvège, qui est dénommé “Vossakvann” – et dont la première description historique date de 1928. Cette variété traditionnelle a été, récemment, incorporée dans l’Arche de la Fondation Slow Food car elle est en voie d’extinction. [48] Elle contient 50 % de plus de sucre que sa cousine sauvage et les tiges de ses feuilles sont parfois pleines au lieu d’être creuses. En 1951, le botaniste Faegri proposa de dénommer cette antique sélection “Angelica archangelica ssp. maiorum”.

En 2011, Göransson, et ses collaborateurs, réalisèrent une étude portant sur les relations génétiques entre 6 populations d’Angelica archangelica. La variété Vossakvann fut comparée aves des populations d’origine Finlandaise, Norvégienne, Islandaise et Suédoise. Il fut démontré que cette variété Vossakvann était génétiquement très proche des populations Islandaises – ce qui prouverait qu’elle fut emmenée de l’ouest de la Norvège vers l’Islande.

Le Centre de Ressources Génétiques Nordiques de Norvège a réalisé différentes missions de collecte de plantes médicinales et aromatiques au Groenland, en Islande et dans les Iles Féroé. Ils ont découvert quatre écotypes issus d’antiques lieux de production – et, peut-être, même, de sélection agronomique d’Angelica archangelica.

En 2007, au Groenland, ils trouvèrent un champ très abondant en Angelica archangelica à Brattalid, près de Narsarsuaq – à savoir, sur l’emplacement même de la ferme établie en 985 par le Viking Eric le Rouge. 

Selon les traditions Norvégiennes, il se pourrait qu’Angelica archangelica soit la première plante cultivée dans les régions nordiques de l’Europe.

Même si Angelica archangelica constituait, dans les pays nordiques, un aliment très bienvenu durant les périodes de famine engendrées par les Grands Minima Solaires – et les périodes de Refroidissement Atmosphérique Global afférentes – elle était, avant tout, une plante alimentaire essentielle dans le menu quotidien des Peuples au nord de l’Europe. Elle était consommée, pour le plaisir, tout comme des pommes, des poires ou des noisettes… 

… lorsque ces aliments étaient disponibles. En effet, chez le Peuple Sami, de Norvège, par exemple, les tiges étaient consommées crues, cuites dans le lait ou braisées sur les cendres. Les inflorescences non épanouies, et encore dans leurs fourreaux feuillés, étaient hachées et cuites dans du lait de rennes : cette bouillie était conservée dans un estomac de rennes pour les provisions hivernales.

Au Musée des Heiberg Collections, à Sogn en Norvège, il existe une série de six pipes en fer forgé dont l’usage était de fumer des racines d’Angélique – tout comme du tabac.

Ce serait aussi l’unique plante, originaire du nord de l’Europe, qui ait été incorporée dans l’horticulture et dans le commerce mondial de plantes médicinales et alimentaires. Cette espèce fut amplement disséminée au travers de l’Europe durant l’époque des Vikings, à savoir durant le cycle de Réchauffement Climatique Global qui se manifesta entre 900 et 1250 – lorsque le “Grünland” était vert… et lorsque les Vikings étaient les maîtres incontestés du nord de l’Europe. Son usage jardinier, agricole, et social, est consigné, par exemple, dans les antiques lois Norvégiennes du 11ème siècle – telles que les Lois de Gulathing.

En Norvège, les jardins d’Angélique étaient cultivés au sud des demeures et les Angéliques y étaient fertilisées avec des cendres et des charbons de bois. Selon les lois antiques de ce pays, toute personne prise en flagrant délit de vol d’Angélique, dans des jardins, perdait ses droits civiques. En Féroïen, par exemple, il existe des vocables spécifiques afin de désigner le vol d’angélique et le voleur d’angélique : “Hvannastuldur” et “Hvannatjóv”.

Au début, ces antiques lois Norvégiennes ne concernaient que deux types de jardins, les jardins d’Angéliques et les jardins de Poireaux. Elles incorporèrent, ensuite, les jardins de Kale, à savoir de choux frisés – dont il existe deux types : les choux frisés Européens (Brassica oleracea) et les choux frisés Sibériens (Brassica napus ssp. pabularia) [49] Subséquemment, elles incorporèrent les jardins de pommiers, de navets, de pois et de fèves…

Angelica archangelica a été, traditionnellement, utilisée pour le manque d’appétit, l’anémie, les indigestions, l’arthrite, la bronchite, l’athérosclérose, les infections urinaires, les grippes, les refroidissements, l’asthme, les problèmes circulatoires, l’hypertension, les coliques, les gaz intestinaux, les brûlures d’estomac, la dysenterie, les pathologies rhumatismales, la goutte, les dermatomycoses, l’acné, les maux de gorge, les toux, les aphtes, la pleurésie, la fièvre typhoïde, le choléra, les ulcères, les menstruations douloureuses, l’aménorrhée, l’expulsion du placenta. Ce sont les racines qui constituent la partie la plus médicinale de la plante. 

Angelica archangelica et Angelica sylvestris furent des plantes médicinales et magiques très privilégiées par de célèbres thérapeutes durant le Moyen-Age : Hildegarde de Bingen (1098-1179), Paracelse (1493-1541), Nicholas Culpeper (1616-1654). Selon Culpeper, l’Angélique était une plante Solaire – et donc sous la signature du Lion – et souveraine à l’encontre de toutes les pathologies dites “Saturniennes”, à savoir les rhumatismes, l’arthrite, les pathologies circulatoires… Dans l’Angleterre du 17 ème siècle, l’Angélique archangélique était à ce point commune, dans les jardins, que Culpeper ne se donna pas même la peine de la décrire dans son traité médicinal, de 1653, “The Complete Herbal”.

Le botaniste Danois, Henrik Harpestræng, (décédé en avril 1244), recommanda les propriétés médicinales de l’Angelica archangelica dans un ouvrage, de 150 chapitres, décrivant des plantes médicinales. Cet ouvrage reprenait, en partie, les ouvrages médicinaux d’Odo Magdunensis, “De viribus herbarum”,et de Constantinus Africanus, “De gradibus liber”. Il est d’ailleurs possible qu’Henrik Harpestræng soit l’auteur d’un traité, “Melleus liquor physicae artis”, qui a survécu sous le nom de “Alexander Hispanus”– et que l’on trouve dans le Codex Ms. 8769 de la Bibliothèque Nationale de Madrid – qui prône l’usage de l’Angélique archangélique.

Durant la Grande Peste de 1665 à Londres, le Collège des Médecins de Londres promulgua un complexe médicinal officiel dénommé “The King’s Majesty’s Excellent Recipe for the Plague” qui était composé d’Angelica archangelica, de Noix de Muscade et de mélasse. Ce mélange était préparé en le chauffant et donné aux malades deux fois par jour.

Des recherches pharmacologiques modernes ont mis en exergue ses propriétés hépatoprotectrices [52], ses propriétés anti-tumorales dans le cas du cancer du sein [55], ses propriétés anxiolytiques [56]  [57]  [58], ses propriétés anti-épileptiques [59]. Elles ont, également, mis en lumière les propriétés anti-tumorales de ses feuilles [60] et de ses semences. [61]  [62]

Selon le “Dictionnaire botanique et pharmaceutique” de 1716 : Angelica archangelica est «stomacale, cordiale, céphalique, apéritive, sudorifique, vulnéraire. Elle résiste au venin. On l’emploie pour la peste, pour les fièvres malignes, pour la morsure du chien enragé, à laquelle on l’applique en cataplasme. On en avale un dragme contre la peste, qui chasse le venin par la sueur.»

John Parkinson (1567-1650), dans son ouvrage de 1629, “Paradise in Sole”, place Angelica archangelica au premier rang des plantes médicinales en usage en Angleterre. Il évoque ses propriétés thérapeutiques pour se protéger des maladies infectieuses et contagieuses. Il en est de même pour le botaniste Anglais, John Gerard (1545–1612), auteur de l’ouvrage “Herball” de 1484 pages, qui la prescrit à l’encontre des poisons, de la Peste et de toutes les infections propagées par “l’air mauvais et corrompu” – le “mal aria”. Il conseille d’en mâcher un morceau de racine afin de chasser l’air pestilentiel.

Angelica archangelica entre dans la composition de nombreux toniques, et liqueurs, et ce sont ses semences, ou ses tiges, qui sont alors utilisées. Il s’agit, par exemple, du Vermouth, de la Chartreuse, du Bénédictin…

N’est-il pas amusant de voir que ce sont les moines, et les moinesses, des ordres religieux Catholiques – assujettis aux voeux de célibat et des chasteté – qui aient développé les expertises de la confection de toniques, à savoir d’aphrodisiaques, à partir d’une pléthore de plantes médicinales dont Angelica archangelica ?

La composition de l’huile essentielle d’Angelica archangelica peut, grandement, varier en fonction de ses écotypes. Voici certains des composants les plus caractéristiques de cette espèce : α-pinène, camphrène, myrcène, limonène, bornéol, carvone, caryophillène, α-phéllandrène, b-phéllandrène, δ-3-carène, bicyclogermacrène, dillapiole, nothoapiole, ligustilide, butylidène phthalide, γ-terpinène, p-cymène, 

Une étude de 2014 intitulée “Essential Oil Composition and Antimicrobial Activity of Angelica archangelica” a mis en exergue les capacités anti-bactériennes, de son huile essentielle, à l’encontre de Clostridium difficile, Clostridium perfringens, Enterococcus faecalis, Eubacterium limosum, Peptostreptococcus anaerobius et Candida albicans. [63] Une étude de 2017 intitulée “Chemical Composition and Antibacterial Activity of Angelica Archangelica Root Essential Oil” a mis en exergue ses capacités anti-bactériennes à l’encontre de Staphylococcus aureus et Escherichia coli. Dans ces deux études, il s’agit de l’huile essentielle extraite des racines.

D’autres études ont mis en exergue ses capacités anti-microbiennes à l’encontre de Botrytis cinerea, Alternaria solani et diverses espèces de Fusarium. [71]

Angéliques Médicinales d’Asie

Angelica sinensis

Cette espèce d’Angélique croit dans les régions montagneuses de Chine, du Japon et de Corée (jusqu’à 3000 m d’altitude) – et dans les endroits frais et ombragés. C’est une espèce vivace dont les plantes font entre 40 cm et 1 mètre de hauteur. Les tiges principales sont côtelées et de couleur vert-violet. Les pétales des fleurs sont généralement blancs mais parfois violet-rouge. Les pédoncules font de 8 à 20 cm et peuvent être légèrement pubescents. Les semences sont suborbiculaires ou éllipsoïdes et elles font 4/6 mm de longueur et 3/4 mm de largeur. La plante fleurit de juin à juillet et fructifie de juillet à septembre.

La Pharmacopée Traditionnelle Chinoise comprend plus de 70 complexes de plantes médicinales incluant Angelica sinensis. Elle est surtout produite dans le Gansu, au nord-ouest de la Chine – à raison de plus de 6000 tonnes représentant 70 % de la production nationale – et dans le Yunnan. La Pharmacopée Traditionnelle Japonaise comprend 56 complexes de plantes médicinales incluant “Dang Gui” – à savoir Angelica sinensis ou son substitut Angelica acutiloba.

Angelica sinensis était disponible en pharmacie, en Europe, sous le nom Eumenol – entre 1899 et 1946. Elle était plus particulièrement distribuée en Europe continentale, Allemagne, Pologne, Suède, Tchécoslovaquie… Elle y était prescrite comme emménagogue dans l’aménorrhée et la dysménorrhée – en particulier lorsque cette dernière était d’origine nerveuse. La première monographie médicinale Européenne, sur Angelica sinensis, fut publiée, en Bavière, par le Dr. Arthur Mueller, en 1899. Elle fut mentionnée, comme emménagogue, dans la Revue Médicale de Varsovie en 1930/1931.

En Chine, elle est appelée “Dang Gui”, ou “Dong Quai”, et elle fut déjà mentionnée comme “remède de femme” dans le Traité dénommé “Shen-nung Pen-ts’ao Ching” – le “Traité de Plantes Médicinales du Laboureur Céleste”. Ce Traité est attribué à, ou inspiré de, Shen Nung qui est considéré comme l’initiateur de la Médecine Traditionnelle Chinoise – et qui aurait vécu vers 2700 avant EC.

L’usage de l’Angelica sinensis est très précis et explicite, dans la Médecine Traditionnelle Chinoise : il varie, en effet, en fonction des parties de la racine utilisée. La racine entière (Quan Danggui) est utilisée pour activer, nourrir et harmoniser le sang ; la tête de la racine (Danngui Tou) est utilisée pour activer le sang et stopper les hémorragies ; la partie médiane de la racine (Danggui Shen) est utilisée pour nourrir le sang ; la queue de la racine (Danggui Wei) est la plus efficace pour activer le sang et éliminer les stases sanguines ; les radicelles (Danggui Xu) sont utilisées pour activer le sang et libérer les vaisseaux sanguins. 

Angelica sinensis est traditionnellement ajoutée aux soupes afin de fortifier holistiquement l’organisme.

Angelica sinensis est également appelé le Ginseng de la Femme, depuis l’aube des temps Chinois, car sa racine est prescrite pour l’harmonie du système de reproduction féminine – à savoir l’anémie due à des règles abondantes, les troubles menstruels, les douleurs menstruelles, l’aménorrhée, le rétablissement suite à une fausse couche ou à un avortement, les symptômes liés à la ménopause (bouffées de chaleurs, sécheresse vaginale, insomnies), les cancers du sein, la baisse de libido, les déséquilibres utérins, etc. Elle est, cependant, déconseillée pour les femmes enceintes. 

Aviva Romm, dans son ouvrage “Botanical Medicine for Women’s Health” propose, pour l’harmonisation des cycles menstruels, un complexe de Teintures-Mères alcooliques composé d’Angelica sinensis, de Leonurus cardiaca (Agripaume), de Paeonia lactiflora (Pivoine de Chine), d’Actaea racemosa (Black Cohosh) et de Zingiber officinalis (Gingembre) – avec comme posologie deux fois 5 ml par jour. 

Selon une étude publiée par le revue Cochrane, en 2007, [2] Angelica sinensis fait partie – avec Panax ginseng et Astragalus membranaceus – des trois espèces médicinales essentielles, prescrites par la Médecine Traditionnelle Chinoise, afin de soulager tous les effets collatéraux délétères d’une chimiothérapie dans le cas de cancers du sein. Angelica sinensis, avec Panax ginseng, entrent dans la composition des complexes de plantes médicinales les plus fréquemment prescrits à Taiwan pour soigner les cancers du sein. [3]

Le complexe médicinal le plus fréquemment prescrit à Taiwan, pour les cancers du sein, est le “Jia Wei Xiao Yao San”. En sus de l’Angelica sinensis, ce complexe comprend : Glycyrrhiza glabra, Bupleurum chinensis, Paeonia Alba, Gardenia fructus, Zingiber officinale, Mentha arvensis et Atractylodis Macrocephalae – ainsi que le champignon Wolfiporia extensa (Pachyme ou Fu Ling).

Une étude pharmacologique récente publiée en 2019, et intitulée “Is Danggui Safe to be Taken by Breast Cancer Patients ?—A Skepticism Finally Answered by Comprehensive Preclinical Evidence”, [4] a validé l’utilisation, sans dangers, d’Angelica sinensis, pour le traitement des cancers du sein, car des doutes subsistaient, depuis une dizaine d’années, chez certains praticiens, quant à l’utilisation de phytoestrogènes ou de compléments médicinaux oestrogéniques.

Angelica sinensis n’est pas réellement un oestrogène mais, plutôt, une plante oestrogénique dans la mesure où l’acide férulique (l’un de ses principaux constituants) occupent certains des mêmes sites récepteurs que l’oestrogène sur les membranes extérieures des cellules du sein et de l’utérus.

Angelica sinensis entre, également, dans la composition d’une crème, à usage masculin, pour prévenir l’éjaculation précoce qui contient Panax ginseng, Cistanches deserticola, Zanthoxylum sp., Syzygium aromaticum (Clou de Girofle), Asiasarum heterotropoides (en racine), Cinnamomum sp. (Cannelle)… et du venin de crapaud. 

De façon plus générale, Angelica sinensis a été utilisée, en racines, par la Médecine Traditionnelle Chinoise pour fortifier le sang, promouvoir la circulation sanguine, pour la toux et la toux dyspnée, pour les douleurs, pour l’hépatite chronique, pour la cirrhose du foie, pour l’arthralgie, pour la déshydratation, pour le lumbago, pour les maux de tête, pour les douleurs abdominales, pour les coliques, pour la parésie, pour la fatigue générale, pour la bronchite chronique, pour les problèmes rénaux, pour les allergies, pour l’asthme – et comme harmonisant général du système de recouvrement de la santé humaine.

La Médecine Traditionnelle Chinoise considère Angelica sinensis comme une plante Yin. Elle aide le corps à focaliser des énergies qui, sinon, seraient mal dirigées. Elle se caractérise par les saveurs sucrée et acide et par sa nature chaude. En tant que plante sucrée, elle confère une mesure de douceur aux émotions et aux épisodes de la vie. En tant que plante acide, elle active les sens non pas sur un mode bouleversant mais harmonisant. En tant que plante chaleureuse, elle permet de faire circuler le sang et les énergies en cas de stase et elle redirige le Qi vers le coeur et le cerveau. Angelica sinensis oeuvre en affinité avec les méridiens de la rate, du foie et du coeur.

Selon l’édition de 1963 de la “Pharmacopée de la République populaire de Chine”, Angelica sinensis a été utilisée, traditionnellement, pour l’anémie (avec vertiges et palpitations), pour la constipation, pour les troubles menstruels, pour les furoncles, pour les blessures traumatiques [18], pour l’enrichissement et l’activation du sang – avec une posologie de 4,5 à 9 grammes de racines quotidiennement.

L’une des préparations traditionnelles les plus réputées, en Chine, contient Angelica sinensis et Ligusticum chuanxiong. Elle est prescrite pour l’hypertension, pour l’athérosclérose et pour les pathologies cardio-vasculaires et cérébro-vasculaires.

Des recherches pharmacologiques ont mis en exergue ses propriétés anti-oxydantes [5], anti-inflammatoires, anti-hypertensives, anti-athérosclérotiques, anti-constipantes, anti-Alzheimer, anti-cancéreuses, anti-ostéoporotiques [24], anti-anxiétés, anti-dépressives  [28], ainsi qu’anti-plaquettaires.

Elle est, aussi, utilisée pour traiter la thromboangéite oblitérante (la maladie de Buerger) et l’aortite constrictive – avec une autre espèce médicinale Chinoise maîtresse, Salvia miltiorrhiza. Les autres plantes médicinales suggérées pour cette pathologie sont, également, Ginkgo biloba, Echinacea angustifolia, Crataegus sp. (Aubépine), Allium sativum (Ail) et Centella asiatica (Gotu Kola).

Selon les analyses en chromatographie publiées, en 1998, par l’équipe de Sybille Zcshocke, la composition chimique d’Angelica sinensis est quasiment identique à celle de l’espèce nord-américaine Ligusticum porteri (Osha) et à celle des espèces Eurasiennes Levisticum officinalis et Ligusticum chuanxiong (Ligusticum wallichii) – toutes espèces appartenant à la Famille des Apiacées. [1] Angelica sinensis se caractérise par plus de 70 composés identifiés et isolés – en particulier l’acide férulique. 

Angelica sinensis est, également, très efficace dans le traitement de troubles mentaux – dont la dépression. [6] En effet, selon les fondements de la Médecine Traditionnelle Chinoise, les pathologies de dépression mentale peuvent être soulagées par des plantes médicinales fortifiant le système sanguin. [7] Les complexes dédiés à ces pathologies neurologiques, et intégrant Angelica sinensis, sont, par exemple, le “Jia Wei Xiao Yao San” [8] (décliné ci-dessus) et le “Danggui Shaoyao San”. Ce dernier complexe – appelé “Toki-shakuyaku-san” au Japon et “Dangguijakyak-san” en Corée – contient, également, les plantes médicinales Ligusticum chuanxiong, Paeonia lactiflora, Alisma orientalis, Atractylodes macrocephala ainsi que le champignon Wolfiporia extensa (Pachyme ou Fu Ling). “Danggui Shaoyao San” est, présentement, étudié comme complexe médicinal prometteur pour la maladie dite d’Alzheimer ainsi que pour la maladie dite de Parkinson. [9]  [10]  [11]

Angelica sinensis possède une activité microbienne prouvée à l’encontre de Staphylococcus aureus, Staphylococcus chromogenes et Streptococcus uberis. Elle possède, également, une activité protectrice, et insecticide, à l’encontre du moustique Aedes aegypti.

Son huile essentielle contient, en fonction des écotypes : β-cadinène, cis-β-ocimène, carvacrol, angélicone, furfural, butylidène phthalide, 3-N-butylidene phthalide, di-iso-octyl phthalate… – et surtout Z-ligustilide qui peut constituer jusqu’à 78 % de l’huile essentielle dans certains écotypes, et en particulier ceux cultivés dans le Gansu, à savoir de 1 à 1,5 % du poids total de la plante.

Z-ligustilide est un phthalide que l’on retrouve, également, dans l’huile essentielle du Persil et de la Livèche. Il possède des propriétés médicinales neuro-protectrices, anti-thrombotiques, antalgiques, anti-inflammatoires, antispasmodiques et détoxiquantes du foie. [66]  [67]  [68]  [70]

Angelica dahurica

Cette espèce d’Angélique croit dans le nord-est de la Chine, en Mongolie, en Corée, en Sibérie, en Mongolie et dans l’est de la Russie. 

Il en existe deux écotypes principaux. Angelica dahurica ssp. dahurica et Angelica dahurica ssp. formosana. La première est appelée Chuan Bai Zhi et ses racines possèdent des anneaux circulaires. La seconde est appelée Hang Bai Zhi et ses racines possèdent des anneaux circulaires et des anneaux plus rectangulaires. Le dosage quotidien est entre 3 et 10 grammes. 

Dans la Médecine Traditionnelle Chinoise, la racine d’Angelica dahurica entre dans la composition d’environ 200 complexes médicinaux. 

Angelica dahurica
Angelica dahurica
Angelica dahurica
Coccinelle sur Angelica dahurica
Angelica dahurica
Graphosome rayé sur Angelica dahurica

C’est une espèce bisannuelle, ou trisannuelle, et les plantes peuvent atteindre 2 mètres de hauteur en fin de phase de floraison. Les ombelles de fleurs blanches font entre 20 et 30 cm de diamètre. Ses racines font 10 à 20 cm de longueur et de 2 à 3 cm d’épaisseur. Ses semences préfèrent germer à la lumière. La floraison et la fructification se manifestent, normalement, de juillet à septembre… mais cela peut varier en fonction des écosystèmes.

En effet, en 2020, dans l’Ariège, la récolte des semences était déjà bien avancée durant la dernière semaine du mois de mai sur des plantes bisannuelles croissant en plein soleil et sans ombrage. Les ombelles de graines de cette Angélique sont, d’ailleurs, très visitées par les punaises-arlequin – de l’espèce Graphosoma lineatum.  

En Chine, elle est dénommée “Bai Zhi” et son usage est pluri-millénaire. Selon le “Traité de Plantes Médicinales du Laboureur Céleste”, cette plante médicinale est cosmétique, par excellence, car elle possède des propriétés éclaircissantes, humidifiantes et purificatrices de l’épiderme.

Elle entre dans la composition du célèbre complexe cosmétique dénommé “Yu-Rong-San”, une recette royale secrète concoctée pour la Princesse Cixi de la dynastie Qing. Ce complexe anti-vieillesse et anti-rides a pour fonction d’activer le métabolisme, d’améliorer la circulation sanguine, de promouvoir l’élasticité et l’éclaircissement de la peau en en éliminant les imperfections. Cette recette comprend, en sus d’Angelica dahurica, les plantes médicinales suivantes: Gleditsia sinensis, Cimicifuga heracleifolia, Broussonetia Papyrifera, Nardostachys Jatamanse, Kaempferia rotunda (Galanga camphré), Amomum villosum, Trichosanthes kirilowii, Bletilla striata, Phaseolus radiatus – et du riz glutineux.

Selon les usages traditionnels Chinois, elle est, également, prescrite pour la névralgie supraorbitaire, les refroidissements, les maux de tête, les douleurs dentaires, les rhumatismes, les démangeaisons cutanées, les sinusites, les diarrhées prolongées, l’hématochézie, la leucorrhée, le psoriasis, la gale, les blessures purulentes, les morsures de serpents et les pathologies vasculaires. 

Dans la Médecine Traditionnelle Chinoise, une poudre confectionnée à partir d’Angelica dahurica et de camphre de Borneo (la sève extraite de l’arbre camphrier Dryobalanops aromatica) est utilisée pour soulager, en inhalations nasales, les maux de tête, les maux de dents et les névralgies trigéminales. 

Angelica dahurica est souveraine pour traiter les blessures, les plaies purulentes et les abcès. Avant la formation de pus, elle peut être associée à Trichosanthes kirilowii et à Lonicera japonica. Après la formation de pus, elle peut être associée à Angelica sinensis, Astragalus membranaceus et Panax ginseng.

Angelica dahurica entre dans la composition de baumes et crèmes, pour traiter les brûlures, incluant également : Scutellaria baicalensis, Sanguisorba Officinalis, Astragalus membranaceus, Rheum palmatum.

Des investigations récentes ont mis en exergue ses propriétés antipyrétiques, anti-bactériennes [12], vulnéraires, inhibitrices de l’acétylcholinestérase, anti-asthmatiques [13], anti-inflammatoires [20], anti-tumeurs [14], anti-acné, hypotensives, analgésiques, anti-obésité [19], anti-Alzheimer [22], anti-oxydantes [23], anti-cancers [25], anti-allergiques [27]… De plus, l’un de ses furanocoumarins, l’impératorine, a démontré des propriétés anti-cancers, anti-oxydantes, anti-dépressives [26], hépatoprotectrices, anti-nociceptives, anti-convulsives, anti-hypertensives et vasodilatatrices. [15]  [16]Un autre de ses furanocoumarins, l’isoimpératorine, a démontré des propriétés anti-inflammatoires, anti-microbiennes et anti-allergiques.

Un complexe médicinal contenant Angelica dahurica, Lonicera japonica et Scutellaria baicalensis est bénéfique pour soigner les gingivites et les ulcères de bouche. 

Dans la Médecine Traditionnelle Thaïlandaise, le complexe médicinal dénommé “Phikud Navakot” est, très communément, utilisé pour soigner les pathologies cardiovasculaires et cérébro-vasculaires – ainsi que les vertiges, les étourdissements.… Ce complexe, aux propriétés anti-oxydantes, est constitué des espèces médicinales suivantes : Angelica dahurica, Angelica sinensis, Artemisia annua, Ligusticum sinense, Picrorhiza kurroa, Saussurea lappa, Atractylodes lancea, Anacyclus pyrethrum et Terminalia chebula.

Ses propriétés anti-bactériennes sont actives à l’encontre de Staphylococcus aureus [17]  [21], Escherichia coli, Shigella dysenteriae, Proteus vulgaris, Salmonella typhi, Pseudomonas aeruginosa, Vibrio cholerae, Staphylococcus chromogenes, Streptococcus uberis et Mycobacterium tuberculosis ssp. hominis.

Dans la Médecine Traditionnelle Chinoise, Angelica dahurica est utilisée pour éliminer la stagnation du Qi, pour traiter les stases sanguines et pour activer le flux circulatoire. Angelica dahurica est de saveur acide et de nature chaude. Elle oeuvre en affinité avec les méridiens des poumons, du gros intestin et de l’estomac. Angelica dahurica est traditionnellement ajoutée aux soupes afin de fortifier holistiquement l’organisme.

Son huile essentielle contient, en fonction des écotypes : élémène, acide hexadécanoique, α-pinene, sabinène, myrcène, dodécanol, terpinéne-4-ol, dodécyl alcool, 1-pentadécanol.

Angelica dahurica possède, également, une activité protectrice, et insecticide, à l’encontre d’Aedes aegypti et de Stephanitis pyrioides.

Angelica keiskei

Cette espèce d’Angélique est originaire des iles méridionales Japonaises, telle que l’île de Hachijō-jima, et elle y prospère sur les sols volcaniques au climat sub-tropical. De nos jours, elle est, également, cultivée dans diverses régions du Japon. Les plantes peuvent atteindre deux mètres de hauteur. Cette espèce préfère un climat chaud même si elle tolère des températures très basses durant l’hiver – jusqu’à -8°C. Sa floraison s’étage de mai à octobre, en fonction des écosystèmes, et peut se manifester durant la seconde ou la troisième année de croissance. 

Son nom latin “Angelica keiskei” rend hommage au médecin et biologiste Japonais, Keisuke Ito (1803-1901) auteur de 17 ouvrages médicaux et initiateur, en 1852, de modalités de vaccinations à l’encontre de la variole.

Elle est, communément, dénommée “Ashitaba” au Japon et “Myeong-Il Yeob” en Corée – ce qui signifie, dans les deux langues, “feuille de demain” car toute feuille cueillie est très rapidement remplacée par une autre jeune feuille, dès le matin suivant. Cette forte amplitude de régénération constitue, également, l’un des fondements de son activité thérapeutique car elle est réputée être une plante médicinale maîtresse conférant santé et longévité de vie aux habitants des iles. Elle soulage la fatigue chronique, fortifie la libido et accroit la production spermatique. C’est, également, un tonique de la peau.

Il en existe deux types : l’un à tiges vertes et un autre à tiges rouges. L’intégralité de la plante – racines, feuilles et tiges – est utilisée tant alimentairement que médicinalement. [96] 

Au Japon, Angelica keiskei entre dans la composition des soba, de la tempura, du shochu, de thés, de jus frais ou de crèmes glacées. Ses feuilles sont consommées cuites ou crues. Ses racines sont consommées cuites ou conservées au vinaigre.

Cette espèce est réputée soigner les cancers, les ulcères, les diabètes, les glaucomes, les problèmes cardiaques, les pathologies mentales telles que la maladie d’Alzheimer, les problèmes digestifs, la goutte, la constipation, l’eczéma, l’hypertension, les infections, les blessures, les problèmes hépatiques, les rhumatismes, le rhume de foin, les empoisonnements alimentaires, la dysurie, la dyschézie, l’asthme et l’insuffisance de lait maternel.

Durant l’époque d’Edo, sa sève était utilisée, en applications externes, pour traiter la variole. C’est ainsi que le botaniste et philosophe néoconfucianiste, Kaibara Ekken, (1630-1714), dans son ouvrage de botanique de 1709, “Yamato honzō”, la dénomma “Ashitagusa” – ce qui signifie “puissant tonique”.

Des investigations pharmacologiques récentes ont mis en exergue ses capacités anti-diabétiques [35]  [45], anti-thrombotiques [89]  [90], anti-obésité [33]  [34], anti-bactériennes, anti-tumorales, anti-oxydantes, anti-inflammatoires [88], chimiopréventives, anti-ostéoporotiques, anti-hyperlipidémiques, anti-tuberculose [30], cosmétiques, anti-allergiques, hépatoprotectrices [92], neuro-protectices et à l’encontre du syndrome métabolique [97]. 

Toute la plante peut être consommée fraiche mais on peut également sécher ses feuilles et ses tiges et les réduire, ensuite, en poudre pour un usage ultérieur. Elle contient beaucoup de fer, de calcium, de potassium, de manganèse, de protéines ainsi que les vitamines A, C, K et B – B1, B2, B6 et un peu de B12.

A maturité, les plantes contiennent des chalcones à hauteur de 320 mg pour 100 grammes d’Ashitaba : en particulier, xanthoangelol, 4-hydroxyderricin et 4,4’-dimethoxychalcone. Une étude publiée en 2011 a démontré les capacités anti-bactériennes – à l’encontre de bactéries Gram-positives – des chalcones d’Ashitaba: xanthoangelol, xanthoangelol F, xanthoangelol H, deoxyxanthoangelol H, isobavachalcone et deoxydihydroxanthoangelol H. [29]

Les bactéries Gram-positives à l’encontre desquelles Ashitaba est active sont les suivantes: Bacillus subtilis,  Bacillus cereus, Staphylococcus aureus, Staphylococcus epidermidis, Micrococcus luteus, Escherichia coli, Proteus mirabilis, Pseudomonas fluorescens. Ses chalcones sont, également, actifs à l’encontre des pathogènes végétaux Agrobacterium tumefaciens, Pseudomonas syringae pv. phaseolicola,  Pseudomonas syringae pv. tabaci et Pseudomonas stutzeri.

Ashitaba contient des flavonoïdes, des coumarins, des composés phénoliques, des diterpènes, des triterpènes et des sesquiterpènes.

Des investigations réalisées par le Dr. Yoshihiko Inamori, de l’Université d’Osaka, ont mis en exergue les capacités antibactériennes des chalcones xanthoangelol et 4-hydroxyderricin à l’encontre de Straphylococcus aureus et de Staphylococcus epidermidis. [31] Selon les recherches réalisées par le Dr. Naoru Fujita, de l’Université d’Osaka,  le xanthoangelol possède des capacités anti-coagulantes et, en synergie avec le 4-hydroxyderricin, est très efficace dans la prévention et le traitement de l’hypertension artérielle et des troubles cardiaques. 

Des recherches réalisées par le Dr. Okuyama, de l’Université de Tokyo Meiji, ont mis en exergue, en 1991, les fortes capacités anti-oxydantes et anti-cancer des chalcones présents dans Ashitaba. [32] Il en est de même pour l’étude, de 2003, du Professeur Toshihiro Akihisa, intitulée “Chalcones, coumarins, and flavanones from the exudate of Angelica keiskei and their chemopreventive effects”. [91] L’étude de 2008, du ProfesseurShinsaku Takaoka, a mis en exergue l’activité de ses chalcones à l’encontre du cancer de l’estomac. [93]

Des recherches réalisées par le groupe pharmaceutique, Takara Shuzo Company, ont démontré que les chalcones d’Ashitaba permettaient de prévenir la maladie d’Alzheimer, ainsi que les troubles nerveux induits par les diabètes, en favorisant la production des facteurs de croissance nerveuse (NGF) dans le cerveau –qui sont des polypeptides, de la famille des neurotrophines, jouant un rôle important dans le développement et la croissance des cellules nerveuses.

Une étude de juin 2019, intitulée “Nanoethosomal gel from Ashitaba leaves for burn treatment”, a mis en exergue ses capacités de guérison dans le cas de brûlures. [94]

Angelica pubescens

Cette espèce d’Angélique est originaire de Chine et du Japon. Certaines plantes peuvent atteindre, à la floraison, près de 4 mètres de hauteur. Elle est dénommée “Xiang Du Huo”, dans la Médecine Traditionnelle Chinoise, et “Shishiudo” dans la Médecine Traditionnelle Japonaise. En fonction des écotypes, les feuilles peuvent être plus ou moins pubescentes. Les racines font de 10 à 30 cm de longueur et de 1,5 à 3 cm de diamètre. 

Angelica pubescens oeuvre en affinité avec les méridiens des reins et de la vessie. Elle est de saveur amère et acide et de nature légèrement chaude. Le dosage recommandé est de 3 à 6 grammes en décoction. 

Dans la Médecine Traditionnelle Chinoise, elle a été utilisée pour les arthralgies, les douleurs des genoux et du bassin, les maux de tête, les maux de dents, les brûlures de peau [42].

Des extraits alcooliques des racines d’Angelica pubescens ont démontré une activité nématocide à l’encontre du nématode du pin, Bursaphelenchus xylophilus. [41]

Elle contient divers furanocoumarins : columbianétine, isoimpératorine, bergaptène, xanthotoxine, angélol (D, G, B), acide γ-aminobutyrique…

Angelica pubescens est le sujet d’un brevet Européen (CN1656958) portant sur la fabrication de papier, élaboré à partir de cette espèce, afin de traiter la rosacée et l’acné et d’éliminer les bactéries et autres mites. 

Son huile essentielle contient plus de 90 composés, en fonction des écotypes, dont : érémophilène, thymol, α-cédrène, humulène, β-cédrène, p-crésol, α-longipinène, sylvestrène, nérolidol, p-cymène, osthole, eugénole, α-bisabolole, etc.

Angelica pubescens possède une activité microbienne à l’encontre de Colletotrichum acutatum, Colletotrichum fragariae et Colletotrichum gloeosporioides, 

Angelica pubescens possède, également, une activité protectrice, et insecticide, à l’encontre d’Aedes aegypti et de Stephanitis pyrioides.

De récentes investigations pharmacologiques ont mis en exergue ses propriétés anti-inflammatoires [40], analgésiques [43], sédatives, anti-tumorales, hypotensives, anti-oxydantes, vasodilatatrices [44], anti-plaquettaires, neuro-protectrices.

Le complexe dénommé “Du Huo Ji Sheng Wan” – et présenté, en l’an 652, dans le Traité Bei Ji Qian Jin Yao Fang – est prescrit pour soigner les pathologies rhumatismales chroniques aggravées par le froid, la sciatique, l’arthrite, et pour fortifier la rate et la circulation sanguine. Il contient, également, en sus d’Angelica pubescens, les plantes médicinales suivantes : Angelica sinensis, Ligusticum wallichi, Glycyrrhiza uralensis, Rehmannia glutinosa, Cinnamomum cassia, Codonopsis pilosula, Paeonia lactiflora, Achyranthes bidentata, Eucommia ulmoides, Broussonetia papyrifera, Saposhnikovia divaricata, Gentiana macrophylla, Asarum splendens ainsi que le champignon médicinal Wolfiporia extensa.

Angelica acutiloba

Cette espèce d’Angélique est originaire du Japon. Elle est maintenant cultivée en Indonésie, en Corée, en Chine… Il en existe diverses sous espèces : Angelica acutiloba ssp. acutiloba – dénommée “Toki” ; Angelica acutiloba ssp. sugiyamae – dénommée “Hokkai Toki” ; Angelica acutiloba ssp. iwatensis dénommée “Miyama Toki” ; Angelica acutiloba ssp. tsukubana. Les plantes font de 30 cm à 1 mètre de hauteur.

Dans la Médecine Traditionnelle du Japon – Kampo – Angelica acutiloba est utilisée comme substitut d’Angelica sinensis. Dans cette médecine, cette espèce a été principalement utilisée pour traiter les pathologies de la sphère gynécologique. Elle possède également des propriétés analgésiques, cardiotoniques et hématiniques. 

Des investigations pharmacologiques récentes ont mis en exergue ses capacités anti-inflammatoires [72] (dans ses racines mais, également, dans ses parties aériennes), anti-allergiques, anti-vieillesse [74], anti-oxydantes [75].  

L’activité insecticide d’Angelica acutiloba a été investiguée, à l’encontre de la mouche Drosophila melanogaster et comparée à celle de la roténone. [73]

Son huile essentielle contient, en fonction des écotypes : γ-terpinène, p-cymène, β-myrcène, cis-β-ocimène, alloocimène, 3-N-butyl phthalide, butylidène phthalide, furfural, butylidène dihydro-phthalide, ligustilide, nonane, α-pinène… 

Angelica Acutiloba
Angelica acutiloba
Angelica acutiloba
Angelica acutiloba
Angelica acutiloba
Angelica acutiloba

Angelica gigas

Angelica gigas est, également, appelée l’Angélique de Corée et ses fleurs sont de couleur rouge-pourpre.  Ses plantes font environ 2 mètres de hauteur.

Angelica gigas entre dans la composition de la boisson traditionnelle Coréenne, dénommée “Ssanghwacha”, en compagnie de Paeonia lactiflora, Rehmanniae glutinosa, Cnidium officinale, Astragalus membranaceus, Cinnamomum sp. et Glycyrrhiza uralensis.

Dans la Médecine Traditionnelle Coréenne, Angelica gigas a été utilisée pour traiter les troubles de la sphère gynécologique, les pathologies du système circulatoire, les infections, les névralgies, les refroidissements, l’arthrite et comme tonique, analgésique et sédative. 

Le complexe médicinal dénommé “Bozhougyiqi-Tang” contient, en sus d’Angelica gigas, les espèces suivantes : Panax ginseng, Astragalus membranaceus, Bupleurum falcatum, Citrus unshiu, Glycyrrhiza uralensis, Atractylodes japonica, Zingiber officinale, Zizyphus jujube, Cimicifuga heracleifolia. Il est prescrit pour la tuberculose, pour les troubles digestifs, pour les protection de la peau, pour les troubles de la mémoire. Il possède des propriétés anti-cancéreuses, anti-allergiques, anti-inflammatoires, neuro-protectrices. [86]

Des investigations pharmacologiques récentes ont mis en exergue ses capacités anti-bactériennes, anti-inflammatoires [83], inhibitrices de l’acétylcholinestérase, neuro-protectrices, anti-oxydantes, anti-tumorales, anti-leucémiques, anti-obésité, anti-diabétiques, anxiolytiques [85], anti-androgéniques et anti-cancéreuses – en particulier à l’encontre des cancers de la prostate, de la vessie, du colon, des poumons du sein. [76] [79]  [80]  [81]  [82]  [84]  [87]

Kandhasamy Sowndhararajan, et son équipe ont mis en exergue, dans deux études, les capacités neuro-protectrices d’Angelica gigas. Ils ont émis la conclusion que cette plante médicinale peut favoriser la mémoire et l’apprentissage des langues dans la mesure où l’inhalation de son huile essentielle démontre, lors d’un électroencéphalogramme, un accroissement des ondes bêta dans les lobes temporal et pariétal gauches. [77]  [78] Cette espèce médicinale est, également, bénéfique pour décrocher de l’addiction à la nicotine. 

Dans la Médecine Coréenne, le complexe neuro-protecteur ESP-102 contient Angelica gigas, Saururus chinensis, et Schisandra chinensis.

Les coumarines que l’on y trouve sont, principalement, la décursine, le décursinole, le décursinole angelate et la nodakénine. 

Son huile essentielle contient, en fonction des écotypes, plus d’une centaine de composés : nonane, α-pinène, germacrène, β-phellandrène, myrcène, γ-terpinène, ligustilide, camphène, δ-limonène, décursine, décursinole angelate, lomatine, marmésine, 2,4,6-triméthyl heptane, α-limonène, β-eudesmol, γ-eudesmol, vervenol, α-murrolène, sphatulénol, acide dodécanoïque, isobutylidène phthalide.

Angelica gigas est active à l’encontre des larves du moustique Aedes aegypti. Elle possède, également, une activité nématocide.

Angelica decursiva

Angelica decursiva est originaire de Chine, du Japon et de Corée. Elle y est dénommée respectivement “Zi-Hue Qian-Hu”, “Zenko” et “Jahwajeonho”. Les plantes font 1m50 de hauteur. Elle fait partie de la Pharmacopée Chinoise officielle. 

Cette espèce a été traditionnellement utilisée pour la toux, les refroidissements, les maux de tête, l’asthme, les pathologies respiratoires, l’hypertension, les hémorragies, les douleurs, les fièvres, l’arthrite. Elle est, également, utilisée dans l’alimentation et dans la confection de liqueurs. 

Les investigations pharmacologiques récentes ont mis en exergue ses propriétés anti-diabétiques [99] [102], antiseptiques, anti-inflammatoires [101], anti-cancéreuses [103] [104]  [105], anti-spasmodiques, anti-oxydantes [106], anthelminthiques, anti-hypertensives [100], stomachiques,  simulatrices et ses capacités de neuro-protection à l’encontre des attaques cérébrales et de la Maladie d’Alzheimer [102]. 

Angelica decursiva est une source riche en dérivés de coumarines : furanocoumarine, psoralène, dihydropsoralène, angélicine, dihydroangélicine, pyranocoumarine, dihydroxanthylétine, dihydroséséline.[98]

Angelica glauca

Angelica glauca est originaire du nord-ouest des Himalayas. Elle y croit jusqu’à une altitude de 3800 mètres. La plante peut atteindre 4 mètres de hauteur. Elle est considérée comme une espèce médicinale en danger de par le fait qu’elle ait été récoltée sans discriminations – et en raison de la déforestation intensive. 

Angelica glauca est dénommée “Chorak”, “Choraka”, “Choru” et “Gandhrayan”. Dans la Médecine Ayurvédique, elle est utilisée en huile ou en poudres – à raison de 3 à 5 grammes quotidiennement. Elle entre dans la composition d’un certain nombre de complexes Ayurvédiques.

Angelica glauca entre dans la composition du complexe Ayurvédique dénommé “Mahapaishachika Ghritham” qui est utilisé pour améliorer la mémoire et pour traiter l’épilepsie et les psychoses. Ce complexe contient, également, plus d’une vingtaine d’espèces dont : Nardostachys jatamamsi, Terminalia chebula, Desmodium gangeticum, Ocimum tenuiflorum, Acorus calamus, Gentiana kurroo, Tinospora cordifolia, etc.

Angelica glauca entre dans la composition du complexe Ayurvédique dénommé “Sahacharadi Taila” qui est utilisé pour traiter les rhinites, les sinusites, les troubles gynécologiques, les convulsions, les psychoses, les tremblements, les problèmes musculaires, etc. Ce complexe contient, également, plus d’une trentaine d’espèces dont : Strobilanthes ciliates, Desmodium gangeticum, Hibiscus cannabinus, Sesamum indicum, Valeriana wallichi, Anethum sowa, Cedrus deodara, Aquilaria agallocha, Santalum album, Solanum indicum, Asparagus racemosus, Tribulus terrestris, Elletaria cardamomum, etc.

Traditionnellement, Angelica glauca est utilisée pour ses propriétés tonicardiaques, diaphorétiques, carminatives, expectorantes, vulnéraires, emménagogues, circulatoires, cholécystokinétiques, aphrodisiaques, anti-spasmodiques, hépato-protectrices. Elle est également utilisée pour traiter la constipation, la dysenterie, les vomissements, le manque d’appétit, les fièvres ; pour expulser le placenta après la naissance ; pour soigner l’épilepsie, l’asthme, les maladies de la peau, les maux de tête, les maladies infantiles, les rhinites, les aphtes; pour soulager les douleurs, l’arthrite, l’hypertension, l’acné et les démangeaisons; pour purifier le sang; pour éliminer les poisons; pour traiter les maladies mentales; pour réguler la vessie. Ses racines sont, également, consommées comme condiment.

Son activité anti-bactérienne et anti-fongique a été validée à l’encontre de Klebsiella pneumonia, Xanthomonas campestris, Staphylococcus aureus, Bacillus subtilis, Escherichia coli, Pasteurella multocida, Candida albicans, Microsporum canis, Aspergillus flavus, Fusarium solani. [107]

En fonction des écotypes, son huile essentielle contient : Z-ligustilide, Z-butylidène phthalide, E-butylidène phthalide, α-phéllandrène, β-pinène, trans-carvéol, β-caryophyllène, thujène, γ-terpinène,  nérolidol, β-bisabolène. [108]  [109]  [110]  [111]

Dans le nord-ouest des Himalayas, Angelica glauca est utilisée pour chasser les serpents et les insectes et elle entre, également, dans la composition d’encens. 

Dans la Médecine Tibétaine, Angelica glauca – dénommée “Lca ba / ལྕ་བ” – entre dans la composition d’un complexe avec Polygonatum biflorum, Tribulus terrestris, Mirabilis himalaica, Asparagus racemosus pour soigner l’arthrite, la paralysie, les troubles rénaux, les troubles circulatoires.

Angéliques Médicinales d’Amérique du Nord

Angelica arguta

Cette Angélique – dénommée Angélique de Lyall – croit plus spécialement dans les forêts de conifères de l’Amérique du nord. Les plantes peuvent atteindre deux mètres de hauteur. 

Ses jeunes feuilles et tiges étaient consommées par le Peuple Shuswap au sud du Canada – selon l’ouvrage, de 1953, “Shuswap Indian Ethnobotany”. 

Angelica atropurpurea

Cette Angélique est originaire de l’est des USA et du Canada et préfère les lieux frais et ombragés. Les plantes peuvent atteindre deux mètres, et plus, de hauteur. Leurs tiges sont violacées. 

Angelica atropurpurea
Angelica atropurpurea

Cette espèce était alimentaire et médicinale chez les Peuples Cherokee, Delaware, Iroquois, Oklahoma et Menominee de l’Amérique du nord – selon l’ouvrage, de 1975 , “Cherokee Plants and Their Uses — A 400 Year History” ; selon l’ouvrage, de 1972, “Folk Medicine of the Delaware and Related Algonkian Indians”; selon l’ouvrage, de 1923, “Ethnobotany of the Menomini Indians”.

Les racines d’Angelica atropurpurea ont été traditionnellement utilisées, par les Peuples Amérindiens, pour traiter les problèmes menstruels, les coliques abdominales, les refroidissements, les fièvres, les aphtes, les maux de tête, les rhumatismes, les fractures et les douleurs (en cataplasme), les gelures (en bains), les pneumonies.

Les Delaware et les Oklahoma utilisaient, également, ses graines en mélange avec du tabac pour fumer – selon l’ouvrage, de 1942, “A Study of Delaware Indian Medicine Practice and Folk Beliefs”. Les Iroquois la considéraient, également, comme une plante shamanique de protection, d’éviction des fantômes et de punition des psychopathes – selon l’ouvrage, de 1977, “Iroquois Medical Botany”.

Angelica breweri

Cette Angélique est originaire de la partie ouest des USA. Les plantes font entre 1 et 2 mètres de hauteur.

Cette espèce était médicinale chez les Peuples Miwok, Shoshoni, Washo et Paiute – selon l’ouvrage de 1933 “Miwok Material Culture” et selon l’ouvrage de 1941 “Medicinal Uses of Plants by Indian Tribes of Nevada”.

Les racines d’Angelica breweri ont été traditionnellement utilisées, par les Peuples Amérindiens, pour traiter les maux de tête, les refroidissements, les pneumonies, la toux, les maux de gorge, les pathologies rénales, les blessures (en cataplasme), les douleurs rhumatismales (en cataplasme), la coqueluche, la tuberculose, les maladies vénériennes, les grippes et les bronchites.

Les Shoshoni avaient, également, recours à une fumigation des racines pour calmer les chevaux indociles.

Angelica dawsonii

Cette Angélique est originaire du Montana aux USA. Les plantes font 70 cm de hauteur et leurs fleurs sont jaunes. 

Cette espèce était médicinale chez le Peuple Blackfoot selon l’ouvrage de 1974, “Ethnobotany of the Blackfoot Indians”.

Les racines d’Angelica dawsonii ont été traditionnellement utilisées, par les Peuples Amérindiens, pour traiter les éruptions cutanées, les pneumonies, les mycoses de pied, les pathologies intestinales, les gonflements des oreillons, les douleurs de l’aine, les infections. 

Chez le Peuple Blackfoot, l’Angelica dawsonii était, plus particulièrement, utilisée comme plante shamanique et magique. La racine était tenue dans la bouche d’un cavalier pour lancer un sort afin que les autres chevaux ne passent pas ou dans la bouche d’un joueur afin de rendre les autres joueurs paresseux dans des jeux collectifs. Durant des cérémonies, les racines étaient utilisées pour conférer longue vie et chance ou pour l’acquisition de pouvoirs individuels et collectifs. Certains clans y avaient, également, recours lors de rituels secrets de fertilité, de malédiction, ou lors de séances de peinture de corps ou de coiffures.

Angelica genuflexa

Cette Angélique est originaire de l’ouest de l’Amérique du nord, de la Californie au sud jusqu’à l’Alaska au nord. Les plantes peuvent atteindre deux mètres de hauteur. 

Les racines d’Angelica genuflexa ont été traditionnellement utilisées, par les Peuples Amérindiens, pour les maux de tête, pour les yeux fragiles, pour éliminer les odeurs corporelles, pour les infections, pour les blessures et comme purgatif.

Cette espèce était médicinale et alimentaire chez les Peuples Bella Coola, Gitksan, Haisla, Hanaksiala et Nitinaht selon l’ouvrage de 1929 “Materia Medica of the Bella Coola and Neighboring Tribes of British Columbia” ; selon l’ouvrage de 1973 “The Ethnobotany of the Bella Coola Indians of British Columbia” ; selon l’ouvrage de 1993 “Upper North Wakashan and Southern Tsimshian Ethnobotany” ; selon l’ouvrage de 1983 “Ethnobotany of the Nitinaht Indians of Vancouver Island”.

Cette espèce contient les furocoumarins suivants : impératorine, isoimperatorin, pabulénole, osthol, isooxypeucedanine, bergaptène, isobergaptène, pimpinelline, génufline et génuflinine. [36] Elle est mentionnée dans l’étude de 2018 intitulée “A Review of Medicinal Herbs Capable of Preventing Blood Coagulation and Platelet Aggregation” [37] dont l’objectif était d’analyser les capacités d’inhibition de la coagulation du sang et de l’agrégation plaquettaire chez Angelica genuflexa [38] et une vingtaine de plantes médicinales – dont Angelica pubescens, Urtica dioica, Glycyrrhiza glabra, Allium sativum, Ginkgo biloba, Cinnamomum cassia…

Les racines d’Angelica genuflexa étaient utilisées traditionnellement, également, pour confectionner des sifflets, des pailles à boire, ou des tubes permettant de respirer sous l’eau, ainsi que pour collecter la poix de l’Epicéa de Sitka (Picea sitchensis) – une espèce très médicinale – à usage de colle ou de substance pour colmater.

Angelica lucida

Cette Angélique est originaire de la région est et de la région ouest de l’Amérique du nord – et de l’est de la Russie. C’est une Angélique qui croit dans les prairies, les forêts et les régions côtières. Dans son écosystème, elle peut être aisément confondue avec une Livèche, Ligusticum scothicum. Ses fleurs sont de couleur blanche ou vert-brun. 

Cette espèce était médicinale et alimentaire chez les Peuples Aleut, Kuskokwagmiut, Kwakiutl, Dena’ina, Makah, Bella Coola et Eskimos selon l’ouvrage de 1953 “Edible and Poisonous Plants of Alaska” ; selon l’ouvrage de 1953 “Botanical and Ethnobotanical Studies in the Aleutian Islands II” ; selon l’ouvrage de 1973 “Arctic Pharmacognosia” ; selon l’ouvrage de 1980 “Ethnobotany of The Eskimos of Nelson Island” ; selon l’ouvrage de 1939 “Plants Used by the Eskimo of the Northern Bering Sea and Arctic Regions of Alaska” ; etc.

Les racines d’Angelica lucida ont été traditionnellement utilisées, par les Peuples Amérindiens, pour les douleurs, pour les refroidissements, pour les maux de gorge, pour les malaises, pour la faiblesse et en tant que tonique général et analgésique.

Chez les Eskimos, la fumée des racines grillées était inhalée afin de prévenir le mal de mer. Les tiges creuses en étaient utilisées afin de confectionner des pipes. Les jeunes feuilles et les tiges pelées étaient conservées dans des récipients avec de l’huile de phoque. La fumée des tiges était utilisée pour purifier l’intérieur et les abords des logis. Chez les Kwakiutl, cette angélique était accrochée à l’hameçon durant la pêche au flétan – pour la bonne chance. 

Angelica lucida se caractérise par les coumarins suivants – dans ses semences : impératorine, isoimpératorine, héraclénole, hydrate d’oxypeucédanine et héraclénine. Une étude de 2009 intitulée “Coumarins from Angelica Lucida – Antibacterial Activities” [39] a mis en exergue ses propriétés anti-microbiennes, modérément actives, à l’encontre de 6 bactéries Gram-positives ou Gram-négatives : Staphylococcus aureus, Staphylococcus epidermidis, Escherichia coli, Enterobacter cloacae, Klebsiella pneumoniae et Pseudomonas aeruginosa. 

Angelica tomentosa

Cette Angélique est originaire de la Californie et du sud de l’Oregon. Elle peut atteindre 1m50 de hauteur. Les fleurs sont de couleur blanche ou jaune. 

Cette espèce était médicinale et alimentaire chez les Peuples Pomo, Karok, Kashaya et Yana selon l’ouvrage, de 1943, “Notes on the Culture of the Yana” ; selon l’ouvrage, de 1980, “Kashaya Pomo Plants” ; selon l’ouvrage, de 1952, “Karok Ethnobotany”. 

Chez ces peuples, Angelica tomentosa était utilisée médicinalement pour les refroidissements, pour les blessures, pour les maux d’estomac, pour les maux de gorge, pour harmoniser les menstrues, pour les maux de tête, pour les diarrhées. Angelica tomentosa était, également, utilisée pour la protection, pour la purification à la suite de funérailles et pour des rituels shamarniques.