Pas de bol : les riz chimériques sont de retour !

Avertissement. Dans ce présent article, plutôt que le terme “OGM”, j’adopte le terme “chimère” (87) amplement utilisé, depuis de très nombreuses années, par Jean-Pierre Berlan, ancien directeur de recherches à l’INRA, et par Richard Lewontin, professeur de génétique à l’Université de Harvard; et j’ai recours, également, aux néologismes qui en découlent naturellement: “chimérique” (au lieu de transgénique), “chimériste” et “chimérisation”. Tout comme j’ai osé le terme “nécro-carburant”, au printemps 2007 (88), dans ce même esprit d’authenticité sémantique,  j’utilise actuellement les termes “nécro-technologie” (au lieu de bio-technologie), “nécro-technologique”, “nécro-techs”, “nécrofortifié”, etc, afin de tenter de limiter, autant que faire se peut, la corruption du langage agricole évoquée par Jean-Pierre.

« Les mots contribuent à définir la réalité. Lorsque des intérêts considérables sont en jeu, ils sont rarement neutres et objectifs. Ils créent plutôt la confusion, égarent la réflexion, empêchent de penser la réalité. Les utiliser sans les passer au feu de la critique, c’est faire preuve du même discernement que les lévriers lancés à la poursuite d’un leurre en peau de lapin. Les organismes génétiquement modifiés ou OGM illustrent cette corruption du langage : ce sont, en réalité, des clones chimériques brevetés (CCB). Un clone – à distinguer d’un individu ou d’une plante clonée – est une population d’organismes génétiquement identiques. Les “variétés” modernes de blé, d’orge, de colza, de maïs, de tomates, etc., sont constituées de plantes (ou de génotypes) identiques ou presque. Ce sont des clones ». Jean-Pierre Berlan.

Fin octobre 2014, 1500 délégués de 69 pays se retrouvent à Bangkok, en Thaïlande, pour le 4 ème Congrès International du Riz, sous l’égide de l’IRRI (International Rice Research Institute). Le ton est donné par l’un des conférenciers, Mark Lynas, qui intitule son intervention en plénière, “C’est le 21ème siècle : où est mon riz transgénique ?” Mark Lynas est un obsédé du réchauffement climatique anthropique qui, pour cause de refroidissement avéré, s’est recyclé dans un sujet authentiquement brûlant : la promotion des chimères génétiques. Pantin pitoyable des multinationales des nécro-technologies, Mark Lynas, très médiatisé, se présente comme un militant anti-OGM de la première heure qui s’est converti lorsqu’il a découvert la Science !! Depuis lors, Mark Lynas est parti en croisade, en de nombreux pays d’Afrique, pour y colporter la bonne nouvelle scientifique de la Transgenèse et y prosélyter ce nouveau fanatisme trans-naturel de la Chimère au sein des Peuples Africains – dont certains vouent encore un culte primitif à la Mère – et dont l’état de Nature est tel qu’ils ont réussi à survivre pendant des dizaines de milliers d’années, au moins, sans chimères génétiques, sans pesticides et sans fertilisants de synthèse, sur un continent sujet à des cycles récurrents de sécheresses, d’inondations, de verdissements et de déverdissements. Un exploit qui constitue, d’ailleurs, un profond mystère pour la Science Occidentale.

Faisant table rase des risettes, des boulettes et des ritournelles qui prévalent, depuis moult années, dans la communication concernant les riz chimériques – en fait, depuis le lancement par Syngenta, en l’an 2000, de son “golden rice/riz doré” breveté et tant ridiculisé –  le message fort et péremptoire de ce 4 ème Congrès International des Rizi-Nécrotechs est le suivant : les riz chimériques sont de retour et nous allons vous les semer à la bolée!

Mais que les masses non illuminées par la Grâce de la Science Rédemptrice se rassurent : ce sont des riz chimériques de seconde génération, 2.0, qui vont être les flambeaux de l’émergence (vers 2030) d’une future Révolution Verte 3.0 – selon les expressions mêmes (5) des chiméristes de l’IRRI, le grand temple du charlatanisme rizicole depuis sa création en 1960, aux Philippines, par les Fondations eugénistes Rockefeller et Ford.

Contamination par les riz chimériques de première génération

En effet, pour ce qui concerne les riz chimériques de première génération, il n’est point question de retour… puisqu’ils ont toujours été présents dans certains aliments… sans jamais avoir été cultivés ! Ce sont les riz miraculeux de la science chimérique qui se manifestent “ex nihilo”, dans une partie de la chaîne alimentaire, depuis plus de dix années. Ce qui fait dire à leurs ardents prosélytes : « Hors TransGenèse, point de Salut ». Par exemple, de 1997 à 2013, un tiers des contaminations, par des chimères génétiques, “découvertes” dans des produits alimentaires (dans 63 pays) concernent le riz. Selon l’étude publiée récemment (1) dans l’International Journal of Food Contamination, la majorité de ces incidents de contamination sont dus au riz LLRICE de Bayer et au riz Chinois BT63. Quant à la source de contamination pour la minorité de ces incidents, elle concerne des riz Basmati en provenance de l’Inde et du Pakistan.

Selon l’ISAAA (International Service for the Acquisition of Agri-Biotech Applications), les autorisations concernant des “événements de transformation” pour les riz chimériques sont au nombre de 7 sur la planète (2) :trois aux USA pour les riz de Bayer résistants à l’herbicide Liberty Link (le glufosinate), deux en Chine pour des riz BT (Bacillus thuringiensis), un en Iran (Bacillus thuringiensis plus résistance à l’antibiotique hygromycine B) et un au Japon (gènes de Cryptomeria japonica et d’Escherichia coli) induisant une tolérance aux allergies provoquées par le pollen de cèdre.

Aux USA, les riz de Bayer, résistants au glufosinate, autorisés dès 2000, n’ont jamais été cultivés commercialement – du moins officiellement. Et pourtant, en 2006, par exemple, des contaminations par ces riz ont été découvertes dans 28 pays du monde. Selon l’étude sus-citée, le dernier cas enregistré de contamination daterait de 2011. Ce qui, selon la newsletter Keycode Bayer (3), est loin d’être exact car, en avril 2013, 23 000 tonnes de riz en provenance des USA furent saisies par les Autorités Turques: les analyses effectuées par l’Université d’Istanbul découvrirent une double contamination chimérique, Bayer et Chinoise. L’ambassade US à Ankara intervint discrètement (en 2011, Wikileaks révéla que de nombreux diplomates US travaillent pour Monsanto et autres nécrotechs) et, le mois suivant, le Ministère du Commerce et des Douanes de Turquie fit une déclaration officielle invoquant des erreurs techniques qui invalidaient l’existence de cette contamination – une contamination d’autant plus épineuse qu’elle mettait en valeur (de par la présence de BT63 dans une cargaison US) la complexité des circuits commerciaux multinationaux. Les deux multinationales de l’alimentaire impliquées dans cette livraison étaient Bunge et ADM (Archer Daniels Midland). ADM est d’ailleurs en partenariat avec Bayer, depuis 2008, pour produire des nécro-carburants à base de Jatropha – dont une variété chimérique vient juste d’être créée par l’Université Rockefeller pour l’espèce Jatropha curcus. (4).

En Chine, le riz chimérique BT63, introduit par l’Université Agricole de Huazhong, reçoit un certificat de “sécurité” dès 2009 mais il n’a jamais été autorisé à la production ou à la commercialisation. Ce qui n’empêche pas le gouvernement Chinois de suspendre officiellement, en 2012, toute autorisation de culture de riz chimérique – non autorisé – après avoir développé, depuis 1986/1987, une pléthore de variétés de riz chimériques BT ou résistants à un herbicide (13). Il faut, cependant, se rendre à l’évidence : le BT63 est présent sur toute la planète. Au printemps 2014, une dizaine d’incidents le concernent, dans divers pays d’Europe, pour des contaminations de compléments alimentaires animaux. Tout le tapage médiatique entourant cette contamination n’est, d’ailleurs, pas sans étonner les promoteurs des chimères génétiques en tous genres dans la mesure où 80% des animaux d’élevage en France sont nourris avec des aliments contenant du maïs ou du soja chimériques en provenance des USA, du Brésil et de l’Argentine (variétés chimériques autorisées ou interdites, par l’Europe, toutes confondues). En effet, la Science (celle qui est au service des nécrotechs, pas celle du Professeur Séralini) a démontré l’innocuité, dans les assiettes des consommateurs, du RoundUp, du maïs NK 603 de Monsanto, et autres abominations. Et elle continue de le faire, témoin le dernier projet GRACE (8) financé par l’Europe et dont les conclusions sont totalement dénoncées par Testbiotech (9). Et non seulement les conclusions mais aussi le fait qu’une partie des chercheurs “indépendants” de GRACE soient totalement inféodés à l’industrie – à l’image du Français Jean-Michel Wal de l’INRA (dont le laboratoire est financé par Nestlé) qui est membre de l’Institut Français de la Nutrition, une organisation sous contrôle de l’industrie alimentaire (10) (11). Et pourtant, cela fait deux décennies que des chercheurs scientifiques courageux (89) dénoncent les études réalisées par cette junk-science (ou porn-science) à la solde des criminels. Et, pendant tout ce temps, les consommateurs consomment…

En renâclant parfois, quand même. En août 2014, les consommateurs de la province de Hubei en Chine sont scandalisés lorsqu’un reportage d’investigation (7) de la chaine de télévision Chinoise, CCTV, met en valeur que 60% des paquets de riz commercialisés par les supermarchés de Wuhan, la capitale de cette province, contiennent du riz chimérique BT63. Les Autorités Chinoises menacent alors de punitions très sévères toute personne coupable de cultiver ou de commercialiser ce riz chimérique. Mais selon le professeur Zhang Qifa de l’Université Agricole de Huazhong, à l’origine de ce riz, il a été confié à de très nombreuses compagnies semencières dans les années 90, à des fins d’évaluation. Le professeur Zhang Qifa était lui même le directeur d’une compagnie semencière, Kenier, poursuivie par les Autorités pour culture illégale de ce riz… Le professeur Zhang Qifa, en 2004, dans un article publié par Newsweek (6), évoque en toute candeur son espoir de voir ce riz BT soulager la vie miséreuse des paysans riziculteurs de Chine dont tant meurent d’empoisonnements provoqués par les pesticides. Il est pathétique que les langues ne se délient que pour la promotion des chimères génétiques. Et donc, depuis une bonne quinzaine d’années, le riz Chinois BT 63, tout comme les riz résistants au Liberty Link de Bayer, se sont répandus dans toutes les rizières… et dans de nombreuses filières alimentaires mondiales. Cela participe de la stratégie de contamination généralisée affichée ouvertement par les multinationales des nécro-technologies : « le jour où tout sera contaminé, vous ne pourrez plus rien faire. » Quant à la source de la minorité des incidents de contamination chimérique par le riz, il faut se tourner vers l’Inde – très grande exportatrice de riz basmati.

Contaminations chimériques en Inde

Ce n’est pas le propos de cet article d’évoquer les centaines de milliers de paysans qui se suicident en ingérant des pesticides ou les millions de cas d’empoisonnement, par les mêmes pesticides, en Inde. À l’image de toutes les agricultures du monde, l’agriculture de l’Inde est une agriculture de tragédie mais la situation y est d’autant plus poignante que plus de 70% de la population de ce pays est rurale. Ce qui veut dire que 70% de cette population s’empoisonne deux fois, en pulvérisant les pesticides agricoles et en consommant les aliments-poisons. L’Inde, dès 1962, est la première victime, en Asie, de la révolution verte – imposée par l’Occident – dont Monkombu Swaminathan est considéré comme étant le père. Swaminathan est, de plus, directeur de l’IRRI (de 1982 à 1988) – ce qui suffit à éveiller tous les soupçons. Swaminathan est celui qui a ruiné tout le travail et les recherches du plus grand expert de riz Indien, le Professeur Richharia, et qui lui a volé une partie de sa collection de riz anciens pour la transférer à l’IRRI. Swaminathan est un psychopathe au service des intérêts de Monsanto, et autres criminels, depuis trois décennies, en Inde. Swaminathan, dès 1986, proclame dans les journaux Indiens qu’il faut préparer la classe politique à l’avènement des chimères génétiques. En 1988, la Banque Mondiale oblige l’Inde à ouvrir son secteur semencier… aux multinationales qui s’y précipitent. Cette année là, Monsanto s’y installe et attaque sur plusieurs fronts, dont le très gros front du coton. Novartis/Syngenta fait de même. Pioneer/DuPont également qui très rapidement se lance dans la conquête du marché hybride F1 de riz.

En 1999, le gouvernement Indien donne l’autorisation à Mahyco/Monsanto de cultiver 91 variétés chimériques dans 15 sites localisés dans sept états de l’Inde (20). Tenter de retracer, ainsi, en Inde, les contaminations générées, depuis une vingtaine d’années ou plus, par les recherches (non confinées) et cultures chimériques de riz, de pois-chiches, de cotons, de blés, de maïs, de gombos, de tabacs, de moutardes, etc… c’est un peu comme de tenter de découvrir une seule goutte d’eau dans l’Océan Pacifique qui ne soit pas contaminée par Fukushima (19). Et d’autant plus impossible qu’en Inde les cultures chimériques illégales abondent. Avant que les cotons chimériques soient autorisés en 2002 par le gouvernement, les paysans du Gujarat en cultivent déjà des variétés chimériques illégales. En 2005, le biologiste Pushpa Bhargava dénonce le fait que des variétés chimériques de plusieurs espèces agricoles sont cultivées partout dans le pays. En 2008, l’Université du Bengale lance l’alerte sur des variétés chimériques illégales de gombos. En novembre 2014, des aubergines chimériques illégales envahissent le nord de l’Inde en provenance du Bangladesh. Etc, ad nauseam.

Dans un article de début novembre 2014, dans The Times of India (12), la généticienne Suman Sahai évoque la contamination, depuis 2004, par le riz chimérique BT (de Mahyco/Monsanto), de l’Etat de Jharkhand, en Inde, l’un des berceaux de la biodiversité des riz Indiens. Les parcelles d’essai de ces riz chimériques sont localisées, sans aucune protection, au milieu des autres champs de riz. En novembre 2010, des paysans du Karnataka Rajya Raitha Sangha (KRRS) détruisent sur les terrains de l’Université Agricole de Doddaballapur Taluk, dans le Karnataka, une culture de riz transgénique, de DuPont, considérée comme clandestine.

Une patate chaude chimérique pour le gouvernement de Narendra Modi

En Inde, en juin 2013, le GEAC (comité d’approbation du génie génétique), lors de sa 117 ème séance, donne son aval pour la mise en culture expérimentale de 200 variétés chimériques de maïs, de coton, de riz, de blé, de ricin, etc. L’industrie nécro-technologique jubile… mais ses jubilations s’estompent au bout de quelques jours lorsque le Ministère de l’Environnement décide de retirer du site internet du GEAC, ex abrupto, les rapports d’autorisations au prétexte d’une procédure judiciaire, en cours – en Cour Suprême –  qui remet en cause les processus de régulation des chimères génétiques en Inde. L’industrie fulmine car – suite aux refus catégoriques de certains états de l’Inde (tels que Bihar, Odisha, Madhya Pradesh, Rajasthan, Karnataka, Kérala et Tamil Nadu) de tolérer des chimères génétiques sur leurs terres agricoles – ces autorisations vont leur permettre de se rabattre sur le peu d’états Indiens plus complaisants (tels que Punjab, Andhra Pradesh, Haryana et Maharashtra) pour continuer leurs “évaluations” de nombreuses variétés de riz chimériques pour Bayer (impliquant 45 “événements de transformation”), pour Mahyco et pour BASF ; de maïs chimériques pour Monsanto ; de blés chimériques pour Mahyco ; etc. Leurs fulminations sont compréhensibles car, selon Crop Life International, le coût moyen d’un seul “trait” chimérique par l’industrie des nécro-technologies (entre 2008 et 2012) est de 136 millions de dollars ! (91)

En février 2014, un groupe de scientifiques, sous la houlette de Swaminathan, publie une déclaration en 15 points en faveur du chimérique. En mars 2014, le GEAC, lors de sa 118 ème séance – et, en fait, de ses 3 séances subséquentes – donne de nouveau l’autorisation pour des cultures en plein champ de 47 nouvelles variétés chimériques – de riz, de moutarde, de blé, de maïs, de sorgho, de coton, d’aubergine, de pomme de terre, de pois chiche et de canne à sucre – appartenant à Mahyco/Monsanto, Pioneer, DuPont, BASF, Bayer, etc. (21) Ces essais en plein champ concernent 19 états de l’Inde dont 12 ont déjà, de par le passé, refusé d’autoriser de tels essais. Onze de ces variétés chimériques sont pour une résistance à un herbicide. Parmi ces 47 variétés, il faut noter la présence du blé chimérique MON71800 de Monsanto. Il faut également noter la présence d’une aubergine chimérique BT appartenant à la compagnie semencière Bejo Sheetal. Cette compagnie est très connue en Inde de par le recours scandaleux à des enfants pour ses activités semencières (22). Bejo Sheetal est une filiale (23) de la compagnie Hollandaise Bejo Zaden – très présente en France au travers, entre autres, d’un catalogue de semences bios de variétés potagères principalement hybrides F1 (24).

Il faut également souligner que Monsanto et Pioneer/DuPont tentent de réintroduire, présentement, en Inde, un certain nombre de variétés chimériques pour lesquelles elles ont suspendu leurs demandes d’autorisations en Europe (43). C’est le cas, par exemple, de MON89034 x NK603 et de NK603 pour Monsanto et de 1507 x NK603 pour Pioneer/DuPont. Le GEAC a ainsi autorisé, en Inde, le maïs MON 89034 x NK603, le maïs TC1507 x MON810 x NK603 et le maïs TC1507 x NK603.

En ce qui concerne les variétés de riz chimériques autorisées : celle de l’Université de Calcutta est une variété fortifiée en fer ; quatre variétés appartenant à Bayer, Metahelix, Pioneer et Devgen (Monsanto) sont des riz BT (Bacillus thuringiensis) ; sept variétés de Mahyco/Monsanto sont des riz résistants à un herbicide. Il est à noter également que certaines de ces autorisations (conférées, séparément, à Pioneer et à DuPont) concernent la technologie chimérique SPT de Pioneer applicable au maïs (26) et ensuite au riz (25). Selon l’analyse qui en est fait par le groupe Indiagminfo, cette technologie chimérique SPT n’a pas été approuvée pour le riz aux USA et l’Inde serait donc le premier pays à produire de telles semences – qui sont supposées être expédiées après récolte vers les USA.

Toutes ces autorisations conférées par le GEAC  suscitent un tel tollé général en Inde et plus particulièrement au sein de puissantes organisations politiques et agricoles – telles que le Bharatiya Kisan Sangh et le Swadeshi Jagaran Manch, toutes deux affiliées au très nationaliste mouvement Rashtriya Swayamsevak Sangh. En effet, le premier ministre actuel, du BJP, le nationaliste Narendra Modi, s’est fait élire en promettant que le moratoire chimérique ne serait pas levé avant que des évaluations plus poussées ne soient réalisées. Le BJP, dans son manifesto électoral d’avril 2014, déclare que « les aliments chimériques ne seront pas autorisés sans une évaluation scientifique à long terme quant à leurs effets sur le sol, sur la production et quant à leur impact biologique sur les consommateurs ». Pour l’instant donc, les 47 autorisations du GEAC ne sont pas avalisées officiellement car le nouveau Ministre de l’Environnement, Prakash Javadekar, a gelé le dossier. Le GEAC attend d’autant plus cette décision qu’il a encore de très nombreuses autorisations de chimères dans ses tiroirs secrets… Car depuis juin 2013, le GEAC a abandonné sa politique de transparence totale et les rapports de ses différentes séances ne sont plus rendus publiques.

Et aujourd’hui, en Inde, le gouvernement de Narendra Modi a une patate chaude chimérique dans les mains. La corde du nationalisme Hindou n’est pas des plus aisées à jouer sur les violons de la propagande chimérique! Car Narendra Modi, le nationaliste (affiché du moins) est très ami avec les USA – et donc aussi avec les multinationales des nécro-technologies basées aux USA et très présentes en Inde, depuis 1988 ! Il est de notoriété publique que son “image sulfureuse” (c’est un euphémisme qui permet à tout un chacun de pratiquer la langue de bois pour éviter une attaque en diffamation lorsque des massacres de Musulmans en 2002 sont évoqués !) a été quelque peu maquillée par APCO, une société de lobbying professionnel (27) basée aux USA. Pour la petite histoire, en octobre 2004, APCO et Kissinger Associates (propriété de Henry Kissinger) ont formé une alliance stratégique et APCO possède, de plus, des liens très affirmés avec le groupe Bilderberg et la Commission Trilatérale (28). APCO considère que l’Inde représente un marché très prometteur de trillions de dollars.

C’est aussi ce que pensent les compagnies semencières, grandes et petites, impliquées dans les pesticides et les chimères génétiques: Mahyco/Monsanto, Pioneer/DuPont, BASF, Bayer, Sungro Seeds (Monsanto), Devgen (Monsanto), Rasi Seeds, Metahelix, Ankur Seeds… qui n’apprécient pas, à leur juste valeur, les inclinations ultra-nationalistes à rejeter la science chimérique et qui tentent d’actionner tous les leviers possibles et imaginables pour faire tomber le moratoire en Inde. Leur arrogance est parfois sans borne, témoin la stratégie d’une société créée à Bangalore (le haut lieu du chimérique et de l’informatique en Inde) par des anciens chercheurs de Monsanto, Metahelix – qui a racheté Dhaanya Seeds et qui s’est fait racheter par Tata Chemical Group – qui présente sur son site internet, (29) dans la rubrique “produits”, du riz chimérique BT… strictement interdit en Inde.

Et pour clore sur une note humoristique sur les non-risques de contaminations générées par les riz, de par leur “autogamie”, le GEAC prescrit une distance symbolique de 10 mètres pour les cultures en plein air du riz chimérique fortifié en fer de l’Université de Calcutta ! Et sans doute la même distance pour le riz BT de Devgen (Monsanto) autorisé dans le Punjab à l’encontre de ses propres régulations internes qui proscrivent toutes cultures de riz chimérique dans les états réputés pour leur production de Basmati : le Punjab, l’Haryana, et l’Uttarakhand.

Lorsque les riz “autogames” s’en vont conter fleurette

L’une des perles du 4 ème Congrès International du Riz à Bangkok fut la déclaration de Violetta Villegas – lors de son discours sur le Golden Rice (15) – selon laquelle le riz est une espèce “autogame” (du grec auto/gamos, union avec soi-même) ne posant donc aucun risque de contamination d’autres variétés traditionnelles ou conventionnelles (14). Violetta Villegas est la directrice du projet Golden Rice à l’IRRI et nous reviendrons, dans un article subséquent, sur le charlatanisme de cette organisation criminelle qui a ruiné la santé de centaines de millions de paysans en Asie depuis sa création en 1960.

Il y a très longtemps que j’ai qualifié le concept “d’autogamie” (parfois édulcoré en “autogamie préférentielle”) de bel écran de fumée qui permet aux multinationales de promouvoir des chimères génétiques en prétendant qu’elles ne peuvent pas contaminer les voisines ou les cousines. Ce fut le cas du soja que les manuels agronomiques présentèrent (et continuent de présenter) comme strictement autogame dès lors que Monsanto inonda la planète de son soja chimérique RoundUp Ready.  Vers 2005, je trouvais même, sur le site internet de DuPont/Pioneer, cette reconnaissance explicite du caractère allogame du soja : « des études ont mis en valeur une augmentation des transferts de pollen de soja transgénique vers du soja non transgénique à cause d’une ruche d’abeilles mise en place pour assurer une pollinisation adéquate ». Depuis les années 1930, l’allogamie du soja a été mise en exergue par des dizaines d’agronomes dont André Pouvreau de l’INRA qui déclare que, pour le soja, « la mise en place de ruches peut contribuer à l’augmentation en graines, en réduisant le nombre de gousses vides ».

Et plus qu’un rideau de fumée, l’autogamie est un concept artificiel issu de cerveaux névrosés. La Vie est un flux perpétuel dont la Terre-Mère joue avec une imagination débordante – depuis quelques milliards d’années. Si le riz était strictement autogame, comment expliquer alors l’existence de 200 000 variétés, ou plus, de cette espèce dans le seul sous-continent Indien ? Par l’épigénétique ? Pourquoi pas, mais ce concept d’évolution épigénétique plonge la très grande majorité des néo-darwinistes dans un état proche de l’apoplexie.

En tout cas, en juillet 2011, la multinationale Bayer a accepté de payer 750 millions de dollars de dédommagements à 11 000 riziculteurs des USA (16) suite à la contamination, entre 2006 et 2009, générée par sa variété chimérique de riz résistante à son Liberty Link. L’un des avocats des agriculteurs, Don Downing, déclara au tribunal, en novembre 2009, que plus de 30% des surfaces en riz des USA furent pollinisées et contaminées par le riz de Bayer (cultivé par l’Université de Louisiane). Qui oserait encore parler d’autogamie du riz ?

Pour sûr, encore, Violetta Villegas de l’IRRI, qui n’en est pas à une boulette près. Dans ce même discours sur le Golden Rice, elle insiste lourdement sur le fait que « les espèces de riz sauvages ne se croisent pas aisément avec des variétés de riz cultivés même lorsqu’elles croissent ensemble et qu’elles fleurissent simultanément, en raison d’une incompatibilité ». Un discours proprement hallucinant. Le genre Oryza comprend, au moins, 22 espèces (sans parler d’une cinquantaine d’espèces sauvages dans la Tribu des Oryzeae). Nous renvoyons les lecteurs intéressés vers les articles de chercheurs compétents (17) (18) qui, tout au contraire, insistent sur les compatibilités existant entre certaines de ces 22 espèces – et donc sur les très grands risques de contaminations génétiques, par des riz cultivés chimériques, des espèces de riz sauvages dans la nature, tout autant en Asie (avec Oryza nivara et Oryza rufipogon), qu’en Afrique (avec Oryza longistaminata et Oryza barthii), qu’en Amérique Latine (avec Oryza glumaepatula) ou encore qu’en Australie (avec Oryza meridionalis).

Il semble donc très clair que le riz a fait la preuve, depuis des milliers d’années, qu’à une autogamie préférentielle conceptuelle il préfère, de loin, une allogamie bien existentielle. Et n’est-ce pas, d’ailleurs, le fondement de toute Vie sur cette planète, la fusion orgasmique ? Les riz chimériques présentent ainsi un risque de contamination génétique plus que certain des espèces sauvages, dans le genre Oryza, et des variétés traditionnelles – du moins, les quelques dizaines qui ont survécu à 50 années de destruction du tissu agricole (sols, biodiversité, paysans) par la pseudo révolution verte. Et le fait qu’ils soient de première ou de seconde génération – ou le fait qu’ils soient affublés/déguisés, ou non, de pitreries sémantiques à la “golden rice” – ne changera rien à cette situation botanique : les riz préfèrent aller conter fleurette !

Le Golden Rice : un écran de fumée occultant la chimérisation pesticidaire

Le 4 ème Congrès International du Riz nous a sorti son couplet habituel sur le Golden Rice – un couplet assorti de torrents de larmes hypocrites sur le sort misérable de ces dizaines de millions d’enfants souffrant de carence en vitamine A. Émouvant, mais quels sont les vrais chiffres, à savoir les chiffres de la Honte ?

En 2002, l’un des directeurs de la FAO, Hartwig de Haen, commente (44) les derniers bilans de l’OMS quant à la mort par affamement sur notre belle planète : 25 000 personnes par jour, ce qui fait plus de 9 millions de personnes par an. Selon Hartwig de Haen, ces chiffres sont très conservateurs. L’an passé, l’infatigable Jean Ziegler (ancien Rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation) commente (47) les chiffres de la FAO pour 2012 : 37 000 personnes par jour, ce qui fait plus de 13 millions de personnes par an, qui meurent d’affamement – sans compter un milliard de personnes en sous-nutrition permanente. Le dernier rapport 2014 de l’OMS reste très discret: en 2012,  6,6 millions d’enfants de moins de 5 ans sont morts dont 45% pour des causes d’affamement (46). Quant au dernier rapport 2014 de la FAO, “L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde” (45), il fait 62 pages et mentionne 114 fois le terme “progrès” et 140 fois le terme “faim”. Les termes “mort” et “mourant” sont strictement inexistants. Tabou. C’est très fort comme écran de fumée. Au moins, lorsque Jacques Diouf était directeur de la FAO, ses discours étaient très souvent accompagnés de chiffres révélateurs et évocateurs – quant aux dépenses de ce monde – les autres chiffres de la Honte.

Selon Jean Ziegler, le budget de l’aide alimentaire qui était de 6 milliards de dollars en 2008 est passé à 2,6 milliards de dollar en 2013. Des bagatelles. Jacques Diouf déclarait en 2008 que 30 milliards de dollars suffiraient chaque année pour régler le problème de la mort par affamement et de la sous-nutrition chronique. 30 milliards de dollars par an ! (48)Combien les Etats ont-ils déboursé pour renflouer les banques depuis novembre 2008 : des milliers de milliards de dollars. Combien les Prix Nobel de la Paix de l’Impérialisme (et leurs petits caniches de tous bords politiques dans les Etats vassaux) dépensent-ils en armements tous les ans : 1700 milliards de dollars.  Comme l’affirme Jean Ziegler, « Je constate que le massacre quotidien de la faim de millions de personnes est le scandale inacceptable de notre temps ». Il s’agit bien, en effet, d’un massacre, d’un génocide, d’un sacrifice humain, à l’échelle planétaire – de type eugéniste. On ne le répétera jamais assez et ce n’est pas le riz doré de Syngenta ou celui de l’IRRI qui vont changer quoi que ce soit à cette situation. D’ailleurs, ce n’est sans doute pas leur objectif authentique.

En effet, il est étonnant de voir ô combien la direction de l’IRRI gère le dossier du riz doré avec des pincettes….Pour ne pas dire du bout de la baguette ! Ce riz doré n’aurait-t-il, peut-être, de jaune que son vernis sulfureux ? À défaut d’intoxication alimentaire avérée (pour le moment du moins, de par l’isolement géographique des populations mises sous perfusion de ce riz chimérique, au fin fond de la Chine, par exemple), c’est une gigantesque intoxication médiatique qui caractérise actuellement ce “golden rice”. Il est créé, en 1999, par Ingo Potrykus et Peter Beyer (suite à 18 années de recherches financées par la Fondation Rockefeller) et breveté par Syngenta en 2000 (Brevet EP 1159428 B1). Peter Beyer est également le principal chercheur du ProVitaMinRice Consortium, financé par la Fondation Bill Gates. (A la base de tous les mauvais coups d’envergure planétaire, on retrouve ces deux fondations eugénistes : c’est une règle d’or de l’investigation fertile). L’objectif de ce riz doré chimérique est d’être bio-fortifié (ou nécro-fortifié, selon la perspective) en bêta-carotène, un précurseur de la vitamine A. La propagande intempestive concernant ce riz chimérique dure depuis une quinzaine d’années et elle est coordonnée par le Golden Rice Project/Golden Rice Humanitarian Board, une organisation constituée d’une palette de scientifiques nécrotechs, de directeurs de l’IRRI, de délégués de l’USAID, de représentants de la Fondation Rockefeller, du CIAT, etc. Une photo de famille les rassemble, en septembre 2004, prêts à chausser leurs bottes (49) pour aller récolter la première moisson de riz chimérique doré sur les terrains (à ciel ouvert, n’en doutons pas, puisque le riz serait autogame !) de l’Université de Louisiane – cette même université réputée comme étant la source de la contamination de 30% de la surface rizicole US par les riz chimériques Liberty Link de Bayer.

On retrouve également sur le plan de la propagande, en beaucoup plus hystérique, l’organisation Golden Rice Now (51) dont le logo est le suivant: “L’empêcher est un crime contre l’humanité”. Leur page d’accueil présente Patrick Moore, l’ancien co-fondateur de Greenpeace, comme le chef de campagne de cette organisation (56). La campagne, selon leur site, aurait touché plus de 31 millions de personnes depuis octobre 2013 : de gros chiffres lancés à la volée – en mode hystériz. Ce n’est donc pas une coïncidence si une pétition vient d’être lancée en Italie (57) pour demander que Vandana Shiva soit saquée de sa position d’ambassadrice pour l’Expo 2015 à Milan dont le thème sera “Feeding the planet, energy for life”. Les principaux signataires, dont Ingo Potrykus, accusent Vandana Shiva d’être opposée au Golden Rice et aux OGMs. Golden Rice Now, sur son Facebook, évoque le panier plein de mensonges de Vandana. Les attaques les plus sordides, à l’encontre de Vandana, sont montées en puissance, tous ces derniers mois, que cela soit en Afrique par des représentants d’Arcadia Biosciences ou aux USA sous la plume d’un journaliste du New-Yorker. (58) (59)

La campagne d’intoxication médiatique de Golden Rice Now est promue sur la page d’accueil du site internet du Golden Rice Project, en compagnie d’une photo du pape François (50) – bénissant une poche de riz doré – assortie de lamentations selon lesquelles il est fort dommage que le Vatican n’ait pas pris position officiellement sur les bénéfices de ce riz chimérique. Néanmoins, vu les positions très évolutives (52) du pape François quant à la création, chimérique, à la mode Genèse, on comprend aisément qu’il n’ait pas envie, en plus, de mettre à l’épreuve son privilège d’infaillibilité sur le dossier très sulfureux de la TransGenèse. En effet, selon le pape François, « nier l’évolution du monde serait réduire Dieu à un magicien agitant une baguette magique… ».

Et dans le cas de la bolée de riz chimérique doré, on frise effectivement le syndrome de la baguette magique! La version Golden Rice 1.0 fabriquée par Ingo Potrykus et Peter Beyer contient, dans son endosperme, un gène de jonquille, Narcissus pseudonarcissus, et un gène provenant de Pantoea ananatis, une protéobactérie de la famille des Enterobactériacées. Mais on frise également, avec ce Golden Rice 1.0, le syndrome de la baguette clownesque (pour ne pas dire risible) car Pantoea ananatis est également la source d’une nouvelle pathologie très grave, une rouille des feuilles, (53) qui est apparue en Inde en 2011… sur le riz basmati ! Et qui, en fait, s’était déjà manifestée, pour la première fois en Chine, à l’automne 2008, par une décoloration des grains de riz. Serait-ce une facétie évolutive de Gaïa ?

Il est à noter, également – ainsi que le souligne Sally Brooks dans son ouvrage “Rice Biofortification : Lessons for Global Science and Development” – que le Golden Rice a eu le privilège d’introduire et de généraliser dans le monde de la recherche agricole le concept de “proof of concept”, traduit en français par “preuve du concept”. C’est une expression fort prisée dans le monde de l’informatique pour mettre en exergue l’existence de failles des systèmes logiciels. Dans le cas du riz chimérique doré, il est clair que l’usage immodéré de ce concept permettait aux inventeurs de se distancer, de se désengager, des débats plus que houleux que cette invention générait tant dans les cercles scientifiques que dans la société civile. Et aujourd’hui, c’est encore bien de cela qu’il s’agit lorsque l’on lit entre les lignes les déclarations de l’IRRI : il en émane une ambiance vaporeuse et inerte de “preuve du concept” – pour ne pas dire une ambiance de fumisterie totale.

Ainsi que l’exprime Michael Krawinkel, de l’Institut des Sciences Nutritionnelles, en Allemagne, dans la Revue Nature (54)« le fait est qu’aucune étude scientifique n’a prouvé le potentiel de cette technologie pour contribuer réellement à solutionner la carence humaine en vitamine A ». Que ce soit avec le logiciel 0.0 générant 1.6 μg/g de β-carotène, ou avec le logiciel 1.0 générant 6 μg/g de β-carotène ou, encore, avec le logiciel 2.0 générant 37 μg/g de β-carotène (les versions modernes de 2005 de Syngenta intégrant des gènes de maïs), les riz dorés s’avèrent être une faillite totale (55) sur le plan de leur productivité, de leur saveur, de leur résistance et de leur acceptation par les paysans (70) (dont certains aux Philippines ont totalement saccagé les parcelles d’expérimentation de l’IRRI, en 2013). Syngenta, en fait, aurait créé ses nouvelles versions de riz doré avec des variétés américaines – non adaptables à l’environnement asiatique. De plus, ce sont 6 différents “événements de transformation” que Syngenta a confiés à l’IRRI mais ce dernier ne se serait focalisé que sur une lignée qui ne fonctionne pas du tout – pour diminuer au maximum les tracasseries administratives liées au Protocole de Carthagène. Il faut souligner que tout ce qui tourne autour du Golden Rice ressemble à un grand cirque avec ses gentils animateurs, ses prestidigitateurs et surtout ses équilibristes sur une corde raide. L’IRRI prétend ainsi, en 2014, que les technologies mises au point par Syngenta en 2005 ne sont pas applicables à l’Asie sur le plan variétal. Et pourtant, en 2003, Ingo Potrykus et Peter Beyer, les deux inventeurs, avaient déjà proclamé (75) que la “freedom-to-operate situation” avait été réalisée, à savoir que la liberté d’exploitation était un fait assuré concernant les variétés Asiatiques sur lesquelles ils avaient travaillé transgéniquement pour produire leur golden rice : deux variétés Indica IR64 et MTL250 ainsi qu’une variété Japonica Taipei 309. Quel était donc le problème, alors ? Peut-être le syndrome de la Jonquille.

Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, les généticiens/informaticiens de l’IRRI se confrontent à des difficultés insurmontables (qui vont entraîner des délais et encore plus de délais) et si c’était vraiment la vitamine A qui les intéressait, ils se pencheraient sur l’existence des tomates oranges qui pourvoient 12 fois plus de vitamine A que les tomates rouges ou bien encore sur l’existence de cet arbuste de Vie, Moringa oleifera, une dynamite nutritionnelle, qui pousse dans toutes les régions subtropicales et tropicales et qui fournit une abondance de vitamine A dans ses feuilles et ses gousses en sus d’une pléthore de nutriments et d’anti-oxidants. Mais les chiméristes de l’IRRI ne sont pas au service de la paysannerie: ils sont au service des nécro-technologies. Et les multinationales des nécro-technologies vont tenter de répandre cette chimérisation rizicole, tout d’abord, dans les continents les plus fragilisés: l’Asie du sud-est et l’Afrique,  surtout, le nouvel or noir de tous les investisseurs psychopathes.

Les riz chimériques pour l’Afrique

En 2008, l’AATF (African Agriculture Technology Foundation) – dont l’objectif non déclaré est de couvrir les terres Africaines de chimères génétiques – lance son programme de riz NEWEST (Nitrogen-Use Efficient, Water-Use Efficient and Salt) intégrant dans les variétés hybrides F1 de riz NERICA les traits chimériques NUE (gestion de l’azote), WUE (résistance à la sécheresse) et ST (tolérance au sel) d’Arcadia Biosciences. Arcadia Biosciences, une société de Californie, offre gracieusement les technologies chimériques (35), produit les plantes transgéniques et amène un soutien technique. Les autres partenaires principaux de l’AATF sont USAID aux USA, l’IRRI aux Philippines, le CIAT en Colombie, le CIRAD et l’IRD en France. Rappelons que la présidente de l’AATF, Jennifer Ann Thomson, est également la vice-présidente de l’ISAAA (International Service for the Acquisition of Agri-biotech Applications) et, que, récemment, elle faisait encore officiellement partie d’AfricaBio (nécro-technologies) et du Council for Biotechnology Information – une coalition regroupant Dow, Syngenta, Monsanto, Bayer, BASF, etc.

Rappelons ce que nous avons déjà évoqué, au sujet d’Arcadia Biosciences, dans un précédent article (76), afin de mieux cerner la place centrale qu’occupe cette petite société de Californie dans la création d’un grand nombre de nouvelles variétés chimériques sur toute la planète. Arcadia Biosciences (36) signe, en janvier 2014, un accord de partenariat avec Genective S.A (une joint-venture créée en 2013 par Limagrain et KWS, le cinquième semencier mondial) afin de développer de nouveaux hybrides F1 chimériques de maïs en y incorporant sa technologie WUE (Water Use Efficiency). Limagrain (qui en possède 15% du capital) signe un accord de partenariat avec Arcadia Biosciences, en 2011, pour développer de nouvelles variétés chimériques de blés résistantes à la sécheresse et gérant mieux l’azote. Un partenariat est contracté, en novembre 2012, entre Krishidhan Seeds en Inde, Arcadia Biosciences, ICRISAT en Inde et USAID afin de développer de nouvelles variétés chimériques de millets pour l’Afrique (37). Fin 2005, Arcadia Biosciences signe un partenariat avec Monsanto pour la création de colza chimérique intégrant la technologie NUE (39). En 2008, Arcadia Biosciences reçoit 3,6 millions de dollars, de USAID, pour créer avec Mahyco/Monsanto, en Inde, des variétés chimériques de riz et de blés résistantes à la sécheresse. (40) En août 2010, Mahyco/Monsanto annonce (41) qu’ils vont introduire en Inde (dans les 3 à 5 ans) les premières variétés chimériques de riz et de blé. En novembre 2013, Usha Zehr, la directrice de Mahyco (qui siège également au conseil d’administration d’AGRA en Afrique), annonce (42) qu’ils viennent de déposer une demande de culture en plein champ de blé chimérique résistant à un herbicide et qu’ils sont en train de créer des variétés de blés chimériques résistants à la sécheresse et à la salinité. En janvier 2014, Mahyco/Monsanto annonce (38) que leur société a atteint un pallier fondamental dans la création de riz chimériques résistants à la salinité.  Usha Zehr annonce même qu’ils sont proches de pouvoir offrir cette technologie aux paysans. Il est clair qu’il ne transperce rien en Inde de toutes ces créations chimériques car elles sont cultivées à l’abri des regards indiscrets. Et sont-elles cultivées également à l’abri des vents et des insectes indiscrets ?

En mai 2012, l’AATF contracte un partenariat (30) avec Japan Tobacco (le n°3 mondial du tabac) afin d’utiliser sa technologie transgénique PureIntro®. L’un des directeurs de cette société, Masamichi Terabatake, déclare : « Cette licence va permettre au projet d’utiliser notre événement de transformation PureIntro®, concernant les espèces de monocotylédones, afin de développer des variétés de riz tolérantes aux sols salins, résistantes à la sécheresse et utilisant optimalement l’azote – sans versement de royalties ». Japan Tobacco et Syngenta ont travaillé ensemble sur le développement de riz chimériques au Japon (Japan Tobacco décida de sortir, en 2002, de la société commune Orynova KK qu’ils avaient constituée en juin 1999). Japan Tobacco et Cellectis Plant Sciences (une filiale US de la société française Cellectis) signent un accord de licence en 2010 pour cette même technologie PureIntro®. Cellectis et Limagrain sont également en partenariat depuis 2009 pour le développement de nécro-technologies végétales. (31) BASF, Bayer CropScience, Pioneer Hi-Bred et Monsanto sont également des partenaires de Cellectis (32) qui annonce avoir mis en place une cinquantaine de partenariats avec des laboratoires pharmaceutiques, des compagnies semencières et des compagnies nécro-technologiques dans le monde entier (60). Cellectis vient ainsi de signer un autre partenariat avec Bayer, en janvier 2014, afin de développer des colzas chimériques, et plus si affinités (63). La technologie transgénique PureIntro® peut être tout autant utilisée avec le riz qu’avec le maïs ou le millet ou encore le blé. Pour la petite histoire, cela fait plus de 20 années que les très grosses compagnies de tabac son impliquées dans la recherche génétique et chimérique. On peut ainsi citer les partenariats entre Japan Tobacco et Plant Genetic Systems (Belgique), entre Philip Morris et Crop Genetics ainsi que Calgene (l’inventeur de la première tomate chimérique), entre DNA Plant Technology et Brown & Williamson.

En avril 2013, l’AATF sème des riz transgéniques en Ouganda et au Ghana (34). Ce sont ainsi 12 lignées NUE de riz NERICA (33)qui sont mises en cultures dans les pays “partenaires”. Le PDG d’Arcadia Biosciences, Eric Rey, déclare à cette occasion: « Ces premiers essais de culture en Ouganda et au Ghana sont des étapes importantes dans nos efforts visant à alléger les défis de nourrir une population croissante avec des technologies qui sont à la fois économiquement durables et environnementalement responsables ».

Ces riz chimériques (“durables et respectueux de l’environnement”) sont évalués et cultivés depuis plusieurs années au CIAT, le Centre International pour l’Agriculture Tropicale en Colombie. La Colombie est un pays sous contrôle direct des USA (marché de la cocaïne oblige) et très libéral quant à ses autorisations de cultures chimériques (65): à ce jour, 73 “événements de transformation” y sont autorisés impliquant le coton, le lin, le maïs, le riz, la rose, le soja, la betterave, le blé et l’œillet mignardise. C’est un pays très militarisé, et très para-militarisé, où les communautés Indigènes se font massacrer par des colons-investisseurs en nécro-carburants (palmiers à huile).  En bref, un petit paradis pour les multinationales des nécro-technologies. L’un des partenaires du CIAT dans cette création de riz chimériques, à destination de l’Afrique, est le CIRAD Français (66), un organisme financé par les fonds publics. On se rappellera qu’en 1999, la Caravane Intercontinentale détruisit les riz chimériques BT du CIRAD à Montpellier et que trois Français furent condamnés par le système judiciaire (Bové, Riesel et Soulier). Depuis lors, le CIRAD est allé continuer “ses expérimentations transgéniques au service des pauvres” dans des pays plus hospitaliers, telle que la Colombie. Ce sont, en effet, une soixantaine de chercheurs du CIRAD (68) ainsi qu’une vingtaine de chercheurs de l’IRD (Institut de la Recherche et du Développement) qui sont impliqués dans le programme GRISP (Global Rice Scientific Partnership). Le GRISP, financé à hauteur de 600 millions de dollars, est décrit ainsi : « Partenariat mondial pour la science rizicole initié par trois centres internationaux (AfricaRice, le CIAT et l’IRRI), auxquels se sont associés l’IRD, le Cirad et le Japan International Research Center for Agricultural Sciences (JIRCAS), le GRISP permettra de mutualiser les connaissances scientifiques et les compétences techniques sur le riz, afin d’augmenter la productivité et la qualité nutritionnelle de cette céréale, tout en réduisant l’impact environnemental de la production et en favorisant la performance des agro-écosystèmes rizicoles. » Selon Emmanuel Guiderdoni, (67) directeur de recherche adjoint de l’unité d’amélioration des plantes au CIRAD: «nous n’avons plus de programmes en recherche OGM appliquée». Vraiment, même en Colombie ?

Comme le dit Agrapresse (67), les OGMs à l’INRA et au CIRAD, c’est un service à minima… et super discret, bien sûr, car les quelque 85% de Français opposés aux chimères génétiques préféreraient, peut-être, que leur argent soit utilisé pour des recherches plus agro-écologiques. (Et d’ailleurs, cela fait frémir de voir que la seule rubrique agro-écologique sur le site du CIRAD concerne le semis sans labour qui, lorsqu’il n’est pas pratiqué en agriculture biologique, est synonyme d’une destruction inexorable des sols, RoundUp oblige) (84). La discrétion est de mise aussi en Afrique sur ces variétés chimériques de riz mais c’est, peut-être, pour ne pas effaroucher les vendeurs de fertilisants de synthèse. En effet, les 12 lignées chimériques de riz NERICA NUE semées au printemps 2013 au Ghana et en Ouganda ont été auparavant cultivées par le CIAT, en Colombie, en 2011/2012, et les premiers résultats sont archi-prometteurs : une diminution de 50% de la quantité d’azote appliquée a permis d’obtenir des rendements supérieurs de 22% (la première année) et de 30% (la seconde année) par rapport aux mêmes lignées de riz NERICA non chimériques (69). Extraordinaire. Ne pourrait-on pas conseiller aux humanitaires associés du Golden Rice Project de présenter ces lignées de NERICA NUE au Vatican, pour une intronisation officielle, plutôt que leur golden rice ringard? En effet, n’est-ce pas là un riz fabuleux pour ne pas dire miraculeux: moins on lui applique d’azote et plus il produit de petits grains…

Le CIAT, dans ses centres de Palmira et de Santa Rosa, est également engagé dans des créations chimériques avec la variété de riz Cuninga – utilisée en Amérique latine – impliquant la médiation d’Ensifer adhaerens, au lieu de la conventionnelle (mais très brevetée) Agrobacterium tumefaciensEnsifer adhaerens est une bactérie du sol qui est l’objet de recherches très poussées quant à sa capacité de générer la création de nodules fixant l’azote (dans les genres botaniques Phaseolus, Vigna, Leucaena, Macroptilium) en synergie avec Rhizobium tropiciEnsifer adhaerens a été utilisée également dans la création de pommes de terre chimériques (74). (D’ailleurs, les USA viennent d’autoriser, en début novembre 2014, une pomme de terre chimérique, nommée Innate, “à vocation santé publique”, pour lutter contre le cancer généré par l’acrylamide, une substance produite lors de la confection des frites) (92). Le CIAT est aussi engagé dans des créations chimériques avec la variété de riz (de l’IRRI) IR 64. Cette même variété, IR 64, est le vecteur d’inventions chimériques par l’Université de Melbourne, en Australie, et par l’IRRI, aux Philippines, afin de créer des variétés de riz “biofortifiées” en fer et en zinc. Ces variétés sont supposées être testées à partir de 2015 et être introduites au Bangladesh, vers 2022, selon le programme Harvest Plus du CIAT (un programme financé par la Fondation Bill Gates, cela va sans dire). Ce programme annonce également le manioc chimérique à la vitamine A pour 2017 et la banane chimérique à la vitamine A, également, pour 2019 (qui est en cours d’élaboration en Ouganda).

Pour conclure avec ce programme international de création de riz chimériques pour l’Afrique, il ne faut pas omettre, bien sûr, de préciser que les riz hybrides F1 NERICA, non chimériques, sont supposés fonctionner en Afrique avec de très gros apports d’azote puisque certains rapports conseillent même jusqu’à 300 kgs par hectare!! Ce qui contraste bien évidemment avec la moyenne de l’agriculture Africaine (77) qui utilise 9 kgs de fertilisants de synthèse par hectare et par année (alors que l’Amérique Latine et l’Asie du sud-est en utilisent respectivement 73 kgs et 300 kgs). Dans tous les rapports agronomiques que nous avons étudiés, les ratios de prescription d’azote pour le riz NERICA varient de 1 à 10 – tout dépend des alliances locales. Il semble important de repréciser que le fondement essentiel des pseudos révolutions vertes, c’est la nanification de toutes les céréales qui sinon, s’effondreraient sous leur propre poids en raison de leur gavage en azote.  Cette nanification a généré une catastrophe agro-écologique en diminuant de moitié, ou même beaucoup plus, l’apport en pailles permettant de refertiliser les sols soit directement, soit indirectement par l’alimentation des animaux source d’excréments compostables. La suppression des engrais naturels a fait, bien évidemment, la fortune des vendeurs de fertilisants de synthèse en tous genres. Nous sommes très loin du “sens de l’humus” développé par John Jeavons (78) avec son agriculture bio-intensive qui est avant tout fondée sur l’apport en paille et en plantes à carbone.

Il ne faut pas omettre, également, de préciser, une fois de plus, que ces chimères génétiques de riz pour l’Afrique constituent une vaste arnaque. En effet, le séquençage du génome du riz Africain, Oryza glaberrima – dont de très multiples variétés ont été domestiquées, sélectionnées, améliorées par des milliers d’années de passions paysannes traditionnelles – vient d’être terminé en juillet 2014 en Arizona (79). Et que ressort-il, avant toute autre chose, de ce séquençage génomique ? « Le génome du riz Africain est particulièrement important parce qu’un grand nombre de ses gènes codent pour des traits qui le rendent résistant à des stress, telles que de longues périodes de sécheresse, une  forte salinité des sols et des inondations ». Selon d’autres études, le riz Africain est naturellement résistant aux nématodes, aux virus, aux rouilles de la feuille, aux sols pauvres et au Striga (de la famille des Orobanchaceae ) – une plante dont il est très difficile de se débarrasser dans les cultures de céréales de l’Afrique subsaharienne. De longues périodes de sécheresse, des sols pauvres et une forte salinité: exactement ce pour quoi les chiméristes tentent de fourguer leurs nouveaux “événements de transformation”, WUE, NUE et ST aux Africains. Et tous ces riz “transgéniques” sont bien sûr élaborés à partir d’une base hybride F1 à 100% – le fondement d’une très grosse prospérité pour les vendeurs de semences, de fertilisants de synthèse et de pesticides… lorsque les paysans tombent dans le piège de ce marché captif.

Et c’est pour consolider ce piège qu’en 2008 l’IRRI met en place le Hybrid Rice Development Consortium, la plate-forme d’hybridisation universelle du secteur rizicole destinée à faciliter la prospérité de DuPont, Bayer, Monsanto, Syngenta, etc. (71) Mais dans le domaine du riz, les plans des multinationales des nécro-technologies ne se déroulent pas à l’aune de leurs déclarations grandiloquentes. L’arrogance du directeur de DuPont/Inde, Balvinder Singh Kalsi, par exemple, n’est que cela, de l’arrogance. Il déclare, en 2009, que leurs variétés de riz chimériques résistantes à la sécheresse (73) seront prêtes en 2013/2014 – c’est hier – et que l’on peut imaginer une hybridisation du secteur rizicole Indien à hauteur de 50% dans les 5/10 années à venir – c’est aujourd’hui – qui ramènera un marché de 500 à 600 millions de dollars en semences hybrides F1. Mais il faut se rendre à l’évidence que l’Inde n’est pas la Chine et que, depuis 1994, une petite cinquantaine, seulement, de variétés hybrides F1 de riz ont été introduites en Inde. (72) En 2012, lors du 6 ème International Hybrid Rice Symposium, le directeur général de l’ICAR (Indian Council of Agriculture Research) déclare que l’Inde, sur ses 44 millions d’hectares de riz, n’en a que 2 millions semés en variétés hybrides F1 et que l’objectif est de passer à 5 millions d’hectares. Il peut toujours causer. La majorité des paysans n’en veulent pas pour de multiples raisons : coût et non disponibilité des semences, formation déficiente du grain, pauvre qualité culinaire, manque de résistances aux pestes… sans parler des échecs intégraux de culture comme dans le Bihar où le gouvernement a dû compenser financièrement les paysans.

Et ce refus des paysans en Inde (et bien évidemment en Afrique – il suffit de lire les rapports des ONGs) d’hybridiser leur production rizicole pose un énorme problème au programme de chimérisation des multinationales de la semence et de l’agro-chimie. Pourquoi ? Parce que Monsanto s’est déjà fait piéger une fois avec ses sojas transgéniques non hybrides que les paysans peuvent reproduire en toute liberté – parce que les protestations de la société civile l’ont empêché d’y introduire son gène de stérilité qualifié à l’époque de “terminator”. Tout n’est pas simple, bien évidemment, parce que cette liberté de semer les sojas chimériques est également un des gages de la contamination génétique si chère aux psychopathes. Pour les multinationales, l’hybridisation constitue, donc, la condition, sine qua non, de la chimérisation si elles veulent réaliser leur objectif qui est de produire du profit, encore du profit et toujours plus de profit.

Conclusions

Des stratégies de fortes amplitudes, et soudaines, sont actuellement déployées afin de promouvoir à tous vents le Golden Rice. Nous avons évoqué l’entrée récente dans l’arène du grand guignol Anglais Mark Linas (un transfuge auto-proclamé du mouvement anti-OGM), les vociférations hystériques de l’organisation Golden Rice Now, les grandes proclamations du Golden Rice Project, les déclarations (un peu alambiquées) de l’IRRI, la pétition à l’encontre de Vandana Shiva en Italie pour la remplacer dans son rôle d’ambassadrice – à l’Expo 2015 à Milan – par Patrick Moore (un autre transfuge du mouvement pour la Paix Verte). Nous pouvons, même encore, allonger cette liste en mentionnant la très récente intervention/caution de Peter Singer (en Australie) présenté comme l’un des plus éminents philosophes de la morale (61); les déclarations hystériques récentes de Bjorn Lomborg (un autre transfuge et obsédé du réchauffement climatique anthropique) accusant les militants anti-OGM d’être responsables de la mort de 8 millions d’enfants depuis 12 années (80); le dossier spécial sur le riz doré de Sciences et Vie (81) de l’été 2014, etc, etc.

Le golden rice de l’IRRI est pourtant un échec patent. Pourquoi les chiméristes de cette institution continuent-ils donc, marris, de pédaler misérablement dans la semoule de riz doré? Parce que toute l’hystérie médiatique (discours incantatoires, publicités tapageuses, campagnes vociférantes, menaces…) entourant les riz chimériques dits “nobles” – à savoir les riz dorés, en particulier, et les riz “biofortifiés”, en général – n’est qu’un gigantesque rideau de fumée occultant, aux regards de l’opinion publique, premièrement la tentative d’hybridisation à 100% de tout le secteur rizicole mondial et, subséquemment, la chimérisation de tout ce secteur par la création de nouvelles variétés transgéniques de riz BT, ou bien de riz supposément résistants à la sécheresse, à la salinité, à l’arsenic ou bien, pire encore, de riz résistants aux herbicides de Bayer, de Syngenta, de Monsanto… 

La création de variétés chimériques de riz résistantes à l’arsenic est hautement symbolique de la nature intrinsèquement biocidaire de l’agriculture moderne. Depuis 1930, l’agriculture toxique a pourri les sols en les arrosant systématiquement de pesticides en tous genres à base d’arsenic (et on ne fera qu’évoquer, en sus, les dommages provoqués par les mines d’or, à cet égard). Or le riz possède cette capacité singulière de concentrer l’arsenic (tout comme le thym et les champignons en ce qui concerne la radioactivité). Récemment, des campagnes de mise en garde émanant de la FDA aux USA ou de la revue Nature (82), en début novembre 2014, visent à faire prendre conscience aux consommateurs qu’ils risquent de s’empoisonner – à l’arsenic – en mangeant du riz. D’où le recours à encore plus d’agriculture biocidaire en proposant (83)l’introduction de variétés chimériques de riz résistantes à l’arsenic, par la vaporisation de ce dernier – afin de boucler une boucle. Et ces boucles sont multiples, témoin cette nouvelle révolution transgénique (62) qui promet (par la chimérisation des variétés hybrides F1) de retrouver un fruit “perdu”, la tomate, dont l’industrie est accusée d’avoir saboté la saveur – alors que chez Kokopelli, nous en avons des centaines de tomates, toutes plus savoureuses les unes que les autres !!

Si l’espèce humaine veut survivre, elle doit éliminer à jamais le paradigme de l’agriculture occidentale moderne, un paradigme fondé tout autant sur l’arnaque de l’hybridisation pesticidaire (1920/1925) que sur l’arnaque du concept de résistances monogéniques – à savoir verticales (1905). Et nous conseillons à tous les lecteurs, intéressés par ce thème, l’ouvrage de l’agronome Canadien, Raoul Robinson, “Return to Resistance”. Une étude récente, publiée au printemps 2014, (64) est très symbolique de cette autre boucle initiée par la destruction intégrale des variétés traditionnelles paysannes à résistances polygéniques – à savoir horizontales. Les biologistes Ramakrishna Wusirika et Rafi Shaik y ont mis en exergue que sur les 3800 gènes du riz en relation avec le stress, 1377 gènes concernent à la fois des stress biotiques et abiotiques. Et sur ces 1377 gènes de stress, 196 sont capables de réagir à de multiples stress biotiques (bactéries, fungi, insectes, adventices et nématodes) et abiotiques (salinité, froid, sécheresse, métaux lourds, sols pauvres). Et ces deux biologistes ne peuvent refréner leur impatience d’utiliser une partie de ces maîtres-gènes afin de créer, par la transgenèse, de nouvelles variétés de riz chimériques résistantes à tout … mais, en vérité, résistantes à rien du tout. Parce la Nature ne fonctionne pas comme cela. La guerre lancée par l’agriculture biocidaire à l’encontre des adventices, des insectes, des virus, des champignons, des bactéries, des nématodes, etc, est une guerre perdue d’avance. Que cette guerre en appelle à la résistance monogénique (qui est un échec total – pour preuve, le recours annuel à 46 milliards de dollars de pesticides en tous genres, autorisés et même souvent interdits (90) ) ou en appelle à des simulacres de résistance polygénique par le biais de la transgenèse de seconde génération.

Il existait des centaines de milliers de riz traditionnels qui possédaient naturellement des résistances horizontales à tous les types de stress, biotiques ou abiotiques – pour preuve, l’humanité s’en est nourrie et délectée pendant des milliers d’années. Elles ont été détruites pour être remplacées par les variétés “améliorées” de l’IRRI, sans saveur, qui se sont succédées, depuis 1962, année après année, parce que toutes s’avéraient être des échecs flagrants – sur le plan des résistances. Ce fut l’échec de la révolution verte 1.0 – dont on continue pourtant de nous vanter les miracles, en pure propagande. L’IRRI tente maintenant, avec les multinationales des nécro-technologies, d’imposer et de généraliser une révolution verte 2.0 par l’hybridisation du riz, à savoir par la création de variétés artificielles élaborées à partir de lignées dites “pures” (des clones homozygotes) qui ne peuvent produire qu’avec force fertilisants et dont les résistances sont tout aussi nulles. Et l’IRRI nous promet donc, pour un proche futur (vers 2030), une révolution verte 3.0 fondée sur la chimérisation des hybrides, une chimérisation qui sera source de résistances : c’est promis, cette fois-ci, la main sur le cœur. Et bien évidemment, surtout, des résistances aux herbicides de Monsanto, de Bayer, de Syngenta qui – contrairement à ce que prétendent les menteurs invétérés – permettent de pulvériser deux fois, trois fois, dix fois plus d’herbicides qu’auparavant. Et des résistances, de plus, qui ne fonctionnent que très temporairement parce que les adventices elles-mêmes les développent!! Pour preuve l’existence de plus de 400 espèces d’adventices sur la planète qui métabolisent parfaitement les poisons herbicidaires des multinationales. Et qui, plus est, mutent et se métamorphosent ainsi que vient de le mettre en exergue (92) Ana Caicedo dans une étude portant sur l’évolution des riz sauvages, en Arkansas, dans les champs de riz “Clearfield” de BASF rendus résistants aux herbicides par mutagenèse.

On se plaît à rêver d’un jour bienheureux où les Tribus du Futur convieront tous ces savants déments – et leurs laquais et complices dans les institutions et les structures d’Etats – à se rassembler dans une île quelque peu isolée (au large de Fukushima, par exemple) pour y accomplir, en toute quiétude, leurs délires les plus mortifères. Le jour où le Titanic Agricole sombrera, à jamais, dans l’océan de ses vanités. Et en attendant ce jour bienheureux, la chasse aux chimères génétiques est ouverte. Et surtout la chasse aux biocides est ouverte car sans les biocides tout l’édifice de l’agriculture mortifère s’écroule: les hybrides et chimères en tous genres et les nécro-carburants.

L’Inde traditionnelle a prouvé qu’elle pouvait générer 12 ou 15 de tonnes de riz à l’hectare, et parfois même plus (85) (86). Il en est de même pour la méthode SRI développée à Madagascar. Libérons les semences et l’humus.

Dominique Guillet. 15 novembre 2014.

NB : en synergie avec ce présent article sur la chimérisation pesticidaire du riz, je ne peux que conseiller la lecture du dernier ouvrage de notre ami Fabrice Nicolino : Un empoisonnement universel – Comment les produits chimiques ont envahi la planète.