Si, chez l’Association Kokopelli, nous avons l’habitude de mener des combats contre les multinationales de tous poils, nous sommes parfois pris au dépourvu par des attaques (des menaces à répétitions pour le moment, restons modérés) venant de certaines associations mal inspirées ayant pris le parti de devenir seule et unique propriétaires de telle ou telle variété ou espèce. C’est le cas de l’association l’oignon « Le Saint Turjan » qui depuis quelques temps nous harcèle en nous ordonnant de cesser Turjamment la distribution de semences du très fameux oignon « Le Saint Turjan ».
Nous joignons à ce texte la dernière Lettre recommandée que nous avons reçue du président de ladite association et nous y répondons dans le texte réécrit ci-dessous.
« Monsieur le Président,
L’association l’oignon « Le Saint Turjan ›› est une association loi 1901 dont I’objet est :
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- Sauvegarder et pérenniser la variété d’oignon « Le Saint Turjan ›› encore appelée « Saint-Urghent ›› ou « de Saint-Trojan ›› ;
Il semble que nous soyons en passe d’atteindre cet objectif, grâce au travail combiné de votre association et du réseau de l’association Kokopelli. Ce bel oignon est désormais présent, de manière relativement pérenne, un peu partout en France, car nous l’avons distribué largement (V. la carte en fin d’article), et il convient de s’en réjouir au titre de la préservation de la biodiversité cultivée, dont vous n’êtes pas les seuls promoteurs.
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- Mettre au point les techniques de production de cette variété d’oignon et les consigner dans un cahier des charges ;
Nous reconnaissons bien là la marque de la chambre d’agriculture qui semble vous avoir plus qu’orienté dans la rédaction de vos statuts (source : votre site internet).
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- Apporter le conseil technique aux membres de l’association ;
Nous reconnaissons bien là la marque de la chambre d’agriculture qui semble vous avoir plus qu’orienté dans la rédaction de vos statuts (source : votre site internet).
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- Assurer la promotion et le développement de la production de l’oignon « le Saint-Turjan ››.
Compte tenu de vos menaces, il semblerait que vous ayez omis de cette dernière ligne les termes « exclusivité », « propriété », etc.
L’Association a déposé la marque l’oignon « Le Saint Turjan ›› le 12 juin 2009, publication au BOPI sous la référence 2009-24, dont copie jointe.
Vous utilisez le droit des marques, de manière parfaitement illégitime, pour tenter de vous approprier une variété appartenant au domaine public, c’est-à-dire faisant partie du patrimoine commun de la Nation. Il s’agit ni plus ni moins d’une démarche de biopiraterie, qui n’a rien à envier au dépôt de brevets, par Monsanto, Syngenta et consorts sur des variétés paysannes. Cette marque, que nous contesterons formellement s’il en était besoin, ne vous rend pas propriétaire de cette variété d’oignon et nous sommes tout aussi légitimes que vous à entreprendre sa réhabilitation et sa diffusion afin qu’elle reprenne sa place dans les potagers, sur les marchés et dans les assiettes.
L’objectif de l’Association de l’oignon « Le Saint Turjan ›› est de promouvoir la multiplication, la sélection, la caractérisation et la production de semences pilotées par l’Association en vue de son inscription au catalogue français des espèces et variétés potagères ou la liste annexe des anciennes variétés commercialisables en France.
Vous pouvez à loisir tenter d’inscrire cette variété au Catalogue officiel français, mais cette inscription ne vous donnera aucune exclusivité commerciale sur cette variété. Bien au contraire, une fois inscrite, la variété pourra être mise sur le marché par tous les opérateurs désireux de le faire.
Si vous souhaitez vous réserver une exclusivité, il vous faudra entreprendre un travail de création variétale à partir, éventuellement, de cette variété, puis vous devrez réclamer un droit d’obtention végétale, voire même un brevet, sur la variété ainsi nouvellement créée. Vous n’y êtes pas encore et il ne pourra pas être question de cette variété là, en tout état de cause !
L’autre solution consisterait à obtenir une appellation d’origine contrôlée pour cette variété d’oignon, mais les conditions d’obtention d’une telle appellation sont drastiques et, compte tenu de la très grande diffusion de cet oignon, dans toute la France, avant 1950, nous doutons fort que vous l’obteniez.
Ainsi, nous vous invitons très cordialement à renoncer à ces démarches stériles et à nous rejoindre dans la réhabilitation, la promotion et la diffusion fertile, à un public de jardiniers et communautés paysannes le plus large possible, de cette très belle variété d’oignon.
Nous avions découvert, par le passé, que vous proposiez déjà la commercialisation de la variété oignon « Saint-Turjan ›› par sachets de 1 g. À la suite de notre intervention, vous aviez retiré de votre catalogue sur Internet cette semence.
Cher Monsieur, nous avons retiré de notre catalogue l’Oignon de Saint-Turjan, car nous avions épuisé nos stocks de semences. Nous avons depuis remis le Saint Turjan en multiplication chez un de nos producteurs non loin de chez nous et nous allons donc cette année distribuer 4.000 sachets de 1gr de l’oignon de Saint Turjan, pour le plus grand bénéfice de la diversité biologique et le plus grand bonheur des jardiniers.
Cependant, nous avons découvert depuis lors que l’on retrouve sur votre catalogue sous la référence L 0030 des semences de Saint-Turjan et dans la présentation vous précisez « il a été remis en valeur par l’Association l’Oignon de St Turjan depuis quelques années ››.
Nous venons de supprimer cette dernière précision de notre site internet. Vos menaces ne nous invitent nullement à vous tirer notre chapeau et, en définitive, nous nous efforçons tout aussi bien que vous à remettre cette variété en valeur.
Or vous n’avez aucun droit à utiliser la marque dont notre Association est seule propriétaire.
Cher Monsieur, nous contestons formellement « votre marque », qui masque mal la volonté de vous approprier cette variété. De notre côté, c’est l’objet même de notre association : distribuer les ressources génétiques oubliées et les rendre accessibles à tous, surtout lorsque, comme l’oignon de Saint Turjan, elles sont dans le domaine public et reproductibles !
En conséquence, nous vous mettons en demeure par la présente de cesser l’utilisation de la marque « Saint-Turjan ››, car, dans le cas contraire, nous serons amenés à vous considérer comme contrefacteur de mauvaise foi faute de retirer cette semence de votre catalogue du site Internet ainsi que l’exposition à la vente dans les magasins spécialisés.
À défaut d’exécution de votre part sous quinzaine, nous reprendrons notre liberté d’action.
La liberté d’action, cher Monsieur, est un privilège de plus en plus rare. Surtout ne vous en privez pas…
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de nos salutations distinguées. »
Il est affligeant de recevoir ce genre de courrier, de la part de ce genre d’acteur tout particulièrement.
Allons-nous donc nous battre, maintenant, pour savoir qui conserve le mieux les ressources génétiques héritées de nos ancêtres, lesquelles, fort heureusement, sont arrivées jusqu’à nous sans droits de propriété intellectuelle ?
Ne laissons pas le réflexe de l’appropriation privée gagner tout le monde vivant !
Kokopelli, fidèle à ses idéaux et à sa mission, se dresse contre ce fléau et vous invite à commander, de toute Turgence, un sachet de graines du bel Oignon rosé de Saint Turjan et d’en reproduire la semence. Distribuez-la ensuite autour de vous afin qu’il soit cultivé et apprécié à nouveau partout en France !
