Le Kiwano ou Concombre cornu d’Afrique : un fruit extrêmement médicinal

Le kiwano, Cucumis metuliferus, est originaire de l’Afrique sub-saharienne. Dans la Famille des Cucurbitaceae, le genre Cucumis, selon la classification conventionnelle, comprend 32 espèces dont le melon, Cucumis melo, et le concombre, Cucumis sativus. Selon la nouvelle classification phylogénétique [1], les genres Cucumella, Dicaelospermum, Mukia, Myrmecosicyos, et Oreosyce seraient, en fait, inclus dans le genre Cucumis.

Le terme kiwano” est une marque déposée en 1997 en Nouvelle-Zélande – et depuis tombée dans le domaine public. Cette espèce est appelée en France : métulon, concombre cornu d’Afrique et melon à corne.

Le kiwano est une plante dont les tiges peuvent atteindre trois mètres d’amplitude. Le kiwano est une espèce monoïque : les fleurs mâles et les fleurs femelles croissent sur la même plante. Les fruits font 6 à 15 cm de longueur et 3 à 6 cm de largeur et font normalement 200 grammes au maximum. Leur couleur, à pleine maturité, est rouge/orange. Ils sont couverts de petites pyramides d’où le nom latin de l’espèce : metuli/ferus à savoir porteur de petites pyramides (metula). Leur saveur complexe rappelle le melon, la banane, le kiwi, l’ananas… Les semences sont ovoïdes, plates, de 6 à 9 mm de longueur, couvertes de poils soyeux et sont enchâssées dans un gel de couleur vert-émeraude. Un gramme de semences en contient une cinquantaine.

En Afrique tropicale et sub-tropicale, le kiwano croît à l’état sauvage du sud du Sahara jusqu’à la Namibie, le Botswana et l’Afrique du sud – à une altitude comprise entre 200 et 1800 mètres. Il en existe naturellement des souches très amères ou strictement douces avec tous les gradients intermédiaires. Il existe même des formes semi-amères et dépourvues de protubérances épineuses. Seules sont cultivées, de nos jours, les souches douces qui ont été utilisées depuis des millénaires par les peuplades locales. Les fruits sont consommés crus ou grillés. On peut également en confectionner des confitures et des confits au vinaigre. Les feuilles peuvent être également consommées cuites.

Dans certaines régions d’Afrique, le Kiwano constitue l’une des principales ressources alimentaires sauvages. Ainsi, Maroyi, en 1993, a mis en exergue que dans le district de Shurugwy, au Zimbabwe, sur une vingtaine de plantes sauvages comestibles, ce sont Cucumis metuliferus, Cucumis anguria et Cleome gynandra (plante-araignée) qui sont consommées par la quasi-totalité des familles. [2]

Le kiwano se cultive tout comme le concombre et le melon. À une température supérieure à 20°C, les semences germent en quelques jours. La floraison est initiée environ 8 semaines après le semis. Ce sont les insectes qui sont le vecteur de la pollinisation et donc de la fécondation des fleurs femelles. La maturité des fruits est atteinte de 30 à 40 jours après la floraison/pollinisation – en fonction des conditions climatiques et des régions. Le cycle total de culture est donc de trois mois à trois mois et demi. Pour la production de semences, il n’existe pas de pollinisation croisée – et donc aucun risque d’hybridation – entre le kiwano, le melon et le concombre. C’est une espèce très prolifique : un plant peut produire plus d’une cinquantaine de fruits. Les rendements oscillent entre 8 tonnes et 45 tonnes à l’hectare. Les fruits peuvent se conserver plusieurs mois.

Un certain nombre de peuplades Africaines considèrent également le kiwano comme une plante éminemment magique et rituelle – et plus particulièrement pour se protéger des mauvais esprits.

Les recherches médicales récentes ont mis en exergue que le kiwano contient la cucurbitacine B, un triterpène connu pour ses qualités cytologiques, anti-inflammatoires et anti-cancéreuses.

Sur le plan nutritionnel, les fruits du kiwano contiennent en moyenne pour 100 grammes : 8 g d’hydrates de carbone ; 1 gramme de lipide ; 2 g de protéines ; 88 μg de béta-carotène ; 0.025 mg de Thiamine (B1) ; 0,015 mg de Riboflavin (B2) ; 0,565 mg de Niacine (B3) ; 0,183 mg d’acide panthoténique (B5) ; 0,063 mg de B6 ; 5,3 mg de vitamine  C; 40 mg de magnésium ; 13 mg de calcium ; 0,48 mg de zinc.

En 2015, dans la revue Cancer Biology, [3] et en 2014, dans la revue Phytomedicine, [5] Usman et al ont publié des articles résumant les principales qualités médicinales de cette espèce africaine :

Qualités médicinales hématologiques : régénération du sang, augmentation des globules, des globules blanc, de l’hémoglobine, etc. (Usman et al, 2014).

Qualités médicinales analgésiques: sur le plan médicinal traditionnel, Roodt (1198) rapporte que dans la région d’Okavango, la Tribu des Shona utilise une décoction des racines pour soulager les douleurs post-partum et soigner la gonorhée.

Qualités médicinales antivirales: des alcaloïdes extraits du kiwano réduisent l’impact de la Maladie de Newcastle et des lésions hémorragiques qu’elle induit. (Wannang et al, 2010).

Qualités médicinales antibactériennes: le kiwano possède une activité antibactérienne à l’encontre de Salmonella gallinarum. (Usman et al, 2014).

Qualités médicinales gastro-intestinales : la pulpe des fruits possède une activité anti-ulcérique.  (Omale et al., 2011 / Wannang et al., 2009).

Qualités médicinales reproductives: des extraits des fruits accroissent le nombre et la motilité des spermatozoides. (Wannang et al., 2008).

Qualités médicinales anti-diabétiques: des glycosides extraits du fruits démontrent une activité antihyperglycémique.  (Jimam et al., 2010; Gotep, 2011).

Qualités médicinales anti-protozoaires : des extraits de pulpe démontrent une activité à l’encontre des Trypanosomes. (Abubakar et al., 2011).

Qualités médicinales anti-fongiques. Nwadiario et al ont démontré l’activité du kiwano à l’encontre des cinq espèces suivantes : Aspergillus flavus, Fusarium oxysporum, Mucor sp., Penicillium citrinum et Rhizopus stolonifer. [4]

Les semences du kiwano contiennent des acides gras oléiques et linoléiques. Deux anti-oxydants y ont également été identifiés : le γ-tocopherol et l’α-tocopherol qui sont des formes organiques de vitamine E. La vitamine E participe à la neutralisation des radicaux libres qui induisent le cancer et des pathologies cardio-vasculaires.

En 1984, une nouvelle espèce de Cucumis, très proche du kiwano a été découverte en Zambie et dénommée Cucumis zambianus. Des semences bios en sont disponibles chez Kokopelli. Dans la région où il fut collecté, et cultivé, il est appelé “Katanda” et ses graines sont mélangées avec des arachides.

Xochi. Le 7 décembre 2017.