Les tambours de Gaïa se sont réveillés

Une nuit de pleine lune embrasée de feux de forêts d’eucalyptus australiens naufragés dans la vallée de l’Urubamba, près de Cuzco dans les Andes – sur les pentes déforestées et érodées de ce qui fut autrefois le berceau de la cornucopia des Incas et des peuples millénaires qui les précédèrent – Xochipelli le Rêveur rencontra Kokopelli le Porteur de Semences. Il lui asséna une question fatidique: il y a 14 000 années de cela, l’agriculture n’aurait-elle pas été le début du chaos social ? Et il déclina coléreusement les dommages collatéraux de cette invention “tombée du ciel” après des millions d’années de chasse et de cueillette : surpopulation, monocultures, esclavage des animaux domestiques, établissement des villes avec leurs polices, leurs armées et leurs tribunaux afférents… et surtout, la destruction intégrale de la biosphère. Il lui asséna une seconde question fatidique : Monsanto, Syngenta, Bayer – et tous les criminels de l’agrochimie – ne constitueraient-ils pas l’aboutissement inéluctable de cette invention de l’agriculture ? Jardin, gardien / warden, garden : les étymologies ne mentent jamais. Avons-nous donc, aujourd’hui, le droit ou le devoir de poser ces questions tabous ? Surtout nous, l’Association Kokopelli, dont la mission essentielle est de protéger les semences libres, de favoriser l’expansion des jardins familiaux et de promouvoir toutes les techniques agro-écologiques qui permettent aux peuples de se libérer du joug des multinationales. Ce que nous faisons depuis 20 ans avec un enthousiasme d’autant plus expansif que nous sommes de plus en plus soutenus dans notre lutte pour la libération des semences et de l’humus.

Au fil de ces deux derniers milliers d’années, les tambours qui rythmaient la vie quotidienne des Peuples Premiers, des Peuples Indigènes, se sont tus, à jamais, de la Sibérie au Congo, de la Chine au Pérou … et sur toute la planète. Ces peuples qui n’avaient pas inventé le concept d’écologie – puisqu’il ne leur était pas venu à l’imagination de détruire les écrins de vie qui les nourrissaient – furent annihilés inexorablement par un syndrome connu sous le nom de détergent blanc plus que blanc.

Nous sommes au coeur du génocide. Fukushima avec ses centaines de tonnes de combustible usé, et non recyclable, et surtout ses tonnes de plutonium sur le toit du réacteur 4, qui joue la Tour de Pise, représente à lui seul un événement d’extinction planétaire, sans même parler des centaines de tonnes d’eau radioactive qui s’en déversent quotidiennement dans l’océan pacifique et qui massacrent les dauphins, liquéfient les étoiles de mer… et annihilent toute la vie des abysses océaniques. Monsanto stérilise l’animal humain avec son glyphosate. La Libye, le pays le plus riche d’Afrique, a été “libérée” par des criminels et 100 à 150 000 Libyens y sont morts sous les bombes à uranium appauvri “made in France” et, aujourd’hui, tout le pays est ensanglanté par une guerre civile. Tous les jours, 36 000 enfants meurent de faim alors que des milliers de milliards de dollars sont dépensés, tous les ans, pour construire des armements, “sauver” des banques et financer une myriade d’ignominies. L’insécurité alimentaire prévaut de plus en plus et ne fera que s’empirer au fil du refroidissement planétaire global, de l’érosion des sols, de la pénurie en eau… et de la spéculation débridée sur les ressources agricoles par les banksters.

L’opposition contrôlée gangrène une grande partie des mouvements de la société civile. En Amérique latine, par exemple, les fondations Ashoka et Avina qui financent la lutte contre les chimères génétiques sont elles-mêmes financées par Monsanto ou par les fondations de Bill Gates et de Rockefeller… En Europe et en Amérique du nord, la plus grande partie des distributeurs d’aliments “biologiques” ont été rachetés par les grands cartels de l’agro-alimentaire : Nestlé, Cargill, Coca-Cola, etc. En France, par exemple, Lima et Danival ont été rachetés par Hain Celestial, aux USA, derrière lequel se cache l’argent de Monsanto, Walmart, Philipp Moris, City Group et Martin Lockeed. En France encore, acheter les produits bios de Bonneterre, de Bjorg, d’Evernat, d’Allos, de Tartex, d’Alter Eco… c’est participer à la prospérité du Hollandais Royal Wessanen, l’un des grands groupes Européens de l’agro-alimentaire. En France encore, 95 % des légumes bios commercialisés sont produits à partir de semences de variétés hybrides F1 ; ce qui signifie que le consommateur bio, par exemple, a une “chance” sur deux d’acheter un melon bio “Monsanto/Bayer/Syngenta” puisque ces trois groupes de la chimie possèdent la moitié des 250 variétés de melons inscrites dans le catalogue national du GNIS ; ce qui signifie que de très nombreux maraîchers bios sont complices de la destruction de la biodiversité alimentaire. En France encore, l’association Kokopelli est “certifiée” bio par Qualité France, qui a été racheté par Bureau Véritas, l’un des leaders mondiaux du contrôle industriel. Dans le Tiers-Monde, l’IFOAM (la fédération internationale de l’agriculture biologique) rabat du petit paysan pauvre pour produire du bio, et encore plus de bio, au service de l’export vers les pays riches, au service de l’industrie bio, et donc au service de l’industrie tout court. Ad nauseam.

Et tout le monde se tait, ou presque. Surtout, rester politiquement correct, ne pas faire de vagues, ne pas traiter de criminels les gangsters, de tous bords politiques, qui vont “libérer” les pays regorgeant de pétrole, de gaz ou d’or. Et surtout ne pas cracher dans la soupe – et jamais dans la soupe bio ! Est-il bien raisonnable de rédiger un éditorial enflammé pour la revue de l’Association Kokopelli alors que notre objectif est de distribuer des semences gratuites dans tout le Tiers-Monde mais aussi d’en vendre toujours et toujours plus, en Europe, pour payer les charges salariales et tous les nouveaux impôts que l’Etat voyou, et corrompu, ponctionne pour sauver les banques et son système en effondrement pitoyable ? Sans même évoquer le coût sans cesse croissant de la “consommation” alors que nos sachets de semences sont toujours strictement au même prix depuis sept années.

Aujourd’hui, encore et toujours, je suis empreint d’une Rage transpersonnelle et je la revendique comme une arme d’éveil et d’impulsion régénératrice. Vous avez bien dit “arme” ? Je le dis. Nous sommes en guerre mais cette guerre, ce n’est pas nous qui l’avons lancée, ce sont les psychopathes prédateurs. Et c’est une guerre inexorable à l’encontre de la Vie et ces déments iront jusqu’au bout de leur folie meurtrière. Les biologistes de Monsanto, de Syngenta, de Bayer, de BASF, de Limagrain et de tous les autres criminels de l’agrochimie, n’ont-ils pas les mêmes diplômes et les mêmes doctorats que les biologistes courageux (Vélot, Séralini, Putszai…) qui s’opposent à leurs chimères génétiques et autres abominations ? Ils ont les mêmes mais c’est leur Intention qui diffère. Les uns sont des dé-générés qui se sont éloignés de l’humanité et de l’humanisme et ils sont au service de la propagation de la Mort ; tandis que les autres sont au service de la protection de la Vie.

Ce n’est pas l’amour qui nous a plongés dans ce génocide immonde et ce n’est pas l’amour qui va nous en sortir. Où sont les Mâles, les Guerriers, les Hommes dignes de ce nom ? Où sont les Guerrières, les Femmes dignes de ce nom qui vont guider et soutenir les Hommes dans la protection du fruit de leur matrice génératrice et dans la protection des fruits de la matrice généreuse de la Terre-Mère ? Vers la mi-septembre, j’ai participé avec Blanche Magarinos-Rey, notre avocate, à un forum à Bâle (au coeur du prestigieux Jardin Botanique de cette ville) dont l’objectif était supposément de rassembler la mouvance des Gardiens de Semences en Europe. Nous n’y avons vu qu’une poignée de jeunes Guerrières et Guerriers mais une pléthore, par contre, de vieux croutons et de vieilles croutonnes sclérosées au service de la technocratie, fût-elle “bio”, au service de l’industrie bio, donc de l’industrie.

Je me suis contraint à des années de silence parce que j’engage notre association dès que j’ouvre la bouche sur des sujets divers et variés : arnaque du réchauffement climatique anthropique, dénonciation des nécrocarburants, protection des plantes instructrices et sacrées, traduction intégrale – et offerte gratuitement sur mon site Liberterre.fr – de l’oeuvre du shaman mystique John Lash, etc. Aujourd’hui, je déclare aussi la guerre à “l’opposition contrôlée” qui a pourri, miné et saboté, depuis de très nombreuses années, une grande partie des mouvements activistes et militants de préservation de l’environnement. Qui contrôle cette opposition ? Qui contrôle ceux qui répandent des rumeurs nauséabondes sur notre association (qui serait, selon eux, l’allié de Monsanto et de toute la mafia semencière) tout simplement parce que nous exigeons que toutes les variétés potagères à pollinisation ouverte du domaine public soient libres et exclues de toute législation Européenne sur la commercialisation des semences ? La démocratie ne peut pas fonctionner tant qu’elle est privée d’un fondement primordial : la Transparence. Aujourd’hui, le système patriarcal, pétri de haine de la Nature et du Féminin, est en train de s’écrouler sous le poids de ses propres mensonges. Aujourd’hui, je suis dans une colère furieuse mais je vais encore adopter un ton “mesuré”. Le jour où les Jeunes Tribus me délieront de la présidence de notre Association Kokopelli, je vais me dé-chaîner.

J’en appelle à la fougue, à la témérité, à l’ardeur des Jeunes Guerrières et Guerriers afin de libérer l’humanité de tous ces criminels, déments et ravagés par leur haine de la Vie. Et par tous les moyens possibles et imaginables qui ne mettront pas en danger leur propre intégrité. Parce que l’humanité a aussi besoin de leur énergie régénératrice pour faire émerger, de ce chaos infernal, les nouvelles Tribus du Futur. Au service de la biosphère, de la Vie, de la Joie, de la Fertilité et en co-évolution avec la Terre-Mère. L’épitaphe de cette humanité pourrait être : ils ont péri de ne pas savoir rendre hommage à la Beauté ! Nous sommes au seuil de l’extinction mais nous sommes aussi les Peuples des Semences, les Shista. Nous sommes les Enfants de la Rébellion et nous sommes en chemin. Ecoutez: les tambours de Gaïa se sont réveillés et ils résonnent dans l’atmosphère vivante de la Terre-Mère ! Pour la Vie.


Article Rédigé le 22 Novembre 2013 par Dominique Guillet

Dominique Guillet président de l'association Kokopelli